Le chaud lapin (Pascal Thomas, 1974)

Quelques jours avant de partir en Grèce avec elle, un trentenaire est plaqué par sa petite amie du moment. Il accepte l’offre d’un ami d’enfance: passer ses vacances  dans sa maison familiale au fin fond de la Drôme. L’ami en question l’a appâté en lui parlant de ses belles-soeurs…

Et c’est, dans une veine nettement plus comique que celle de l’auteur de La règle du jeu, le début d’un marivaudage ensoleillé digne de Jean Renoir. Dans les petits miracles que sont les premiers films de Pascal Thomas, le talent du peintre de caractères se conjugue parfaitement à l’acuité sociologique. Jamais l’individualité des personnages ne semble sacrifiée au discours. Ici, c’est la vaste hypocrisie de « l’amour libre » qui est gentiment mais sûrement tournée en dérision.

La dilution des évènements significatifs dramatiquement parlant à l’intérieur de séquences pleines de vie et le charme des actrices en robe d’été déambulant dans l’arrière-pays drômois contribuent à créer une délicieuse sensation de vacances. Le secret de la réussite du Chaud lapin, c’est peut-être son rythme. Rythme nonchalent, rythme si inhabituel pour une comédie mais rythme complètement immersif. C’est grâce à la sympathie et à la vérité de ses comédiens que Pascal Thomas peut se permettre de telles audaces d’écriture sans risquer de voir faiblir l’attention du spectateur. A ce titre, il faut encenser comme il se doit Bernard Menez, un de nos plus grands acteurs comiques qui trouva dans cette excellente comédie de moeurs un des rares rôles à la mesure de son talent.

12 commentaires sur “Le chaud lapin (Pascal Thomas, 1974)

  1. J »aime beaucoup aussi ce film et regrette pareillement que Bernard Menez ait été si mal employé (excepté chez Rozier).
    Dans mon souvenir, Le Chaud Lapin permettait à Elisa Servier de faire ses débuts au grand écran, non ?

  2. si j’en crois wikipedia, ce que tu dis est juste !
    Pour Bernard Menez, il y a aussi et surtout La nuit américaine même si c’est un rôle secondaire !
    j’aime particulièrement sa scène avec Nathalie Baye dans ce film.

  3. vous m’intriguez avec votre enthousiasme sur ce Pascal Thomas dont je n’ai vu aucun film ! J’ai réussi à m’en procurer quelques uns (Les Zozos, Confidences pour Confidences, Mecredi folle journée) mais Le Chaud Lapin semble introuvable. Où diable l’avez-vous vu ?

  4. en fait, outre vos billets, c’est le très sympathique moyen-métrage de Guillaume Brac Un Monde sans Femmes qui m’a poussé à voir des films de P. Thomas dont il s’inspire paraît-il grandement.
    Je ne manquerai pas de vous faire part de mes impressions !

  5. J’en profite pour faire une réclame pour « Celles qu’on a pas eues » du même Pascal Thomas. Avez-vous eu la chance de le voir ? Pour le coup, celui-ci est VRAIMENT introuvable.

  6. oui, il est aussi passé sur Cine cinéma dans les années 2000.
    Film à sketches qui m’avait assez déçu, je suis même pas sûr de l’avoir vu en entier. A revoir peut-être.

  7. eh bien Christophe, on peut dire que vous ne tarissez pas d’éloges sur le Brac !
    Assez d’accord avec votre analyse, en particulier sur le point suivant: « Le génie du naturel n’a rien à voir avec la vague improvisation, c’est l’art d’inscrire ce qu’on raconte dans une réalité concrète. C’est donc une pure affaire de mise en scène. »
    Mais allez donc leur dire ça aux polichinelles de Cannes et autres festivaliers !

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