Fantômas (Paul Fejos, 1932)

Cette version de Fantômas réalisée par l’auteur du fameux Solitude est plus proche de Feuillade que de Hunebelle. Le ton y est grave. Le style porte encore la marque du cinéma muet. La mise en scène de la première partie dans le château est particulièrement maîtrisée, passant en revue tous les trucs du genre de maison hantée (vent qui souffle, jeu sur le hors-champ, plans de poignées de porte…) dix ans avant Tourneur et Lewton. La suggestion horrifique n’est pas aussi aboutie que chez les auteurs de La féline mais c’est tout de même impressionnant. La jolie photographie met bien en valeur la bâtisse.

Par la suite, le film dévie vers une sorte de polar assez banal mais il y a le formidable personnage de Juve (Thomy Bourdelle), une des incarnations de la loi parmi les plus humaines, les plus acharnées et les plus colériques (mais pas au sens pitrerie de Funès hein) jamais vues sur un écran. Il faut le voir jurer pour s’en rendre compte, c’est rare mine de rien au cinéma les flics gagnés par la colère qui jurent après les gangsters qu’ils poursuivent ou après leur subordonné. Ca humanise le personnage et ça singularise un peu une oeuvre au scénario attendu.

Son seul amour (One desire, Jerry Hopper, 1955)

Une entraîneuse de bar tente de refaire sa vie dans une ville de province avec son amant croupier mais la fille du banquier local tente de séduire ce dernier…

C’est un beau mélodrame produit par Ross Hunter, le collaborateur de Douglas Sirk à Universal. Anne Baxter est impliquée dans son rôle, le Technicolor est superbe, les péripéties romanesques sont bien agencées. Il n’y a simplement pas la profondeur des meilleurs films de Sirk parce que la cristallisation du mal dans un seul personnage simplifie l’oeuvre et annihile toute critique sociale en même temps que toute originalité psychologique.

La chamade (Alain Cavalier, 1968)

La jeune maîtresse d’un riche homme d’affaires a une liaison avec un journaliste de son âge.

Tout ce qui transcendait la banalité du sujet dans le beau roman de Françoise Sagan passe à l’as. Les scènes d’amour passionnées, essentielles à la liaison entre les jeunes gens, se réduisent à une poignée de plans fades et sans imagination. Le sexe est tellement atténué que le film apparait comme une plate niaiserie. Charles, personnage digne dans le roman est ici un vulgaire homme trompé et jaloux, comme Piccoli en a incarné des dizaines. Enfin, Roger Van Hool, le comédien dégotté pour donner la réplique à Catherine Deneuve et Michel Piccoli joue faux.
Bref, c’est nul.

Cette terre qui est mienne (Henry King, 1958)

Pendant la Prohibition, un riche viticulteur californien décide de marier sa petite-fille à un concurrent. Mais son petit-fils d’adoption s’en éprend…

Cette terre qui est mienne est un parfait archétype de « mélodrame flamboyant ». Le Cinémascope-couleurs est magnifique, les torrents symphoniques déclenchent les torrents de larmes et le récit romanesque mené d’une main de maître montre du doigt le dévoiement des idéaux capitalistes. Ceci-dit, la mise en scène est peut-être un peu trop convenue, un peu trop attendue pour transfigurer le canevas, certes riche et intéressant. C’est ce qui différencie un vétéran classique comme Henry King de modernes comme Douglas Sirk ou Nicholas Ray qui sont plus à même de filmer des névrosés parce que le déséquilibre de leur style répond à celui de leurs personnages. Voir par exemple les terribles séquences d’ivresse dans Ecrit sur du vent ou La fureur de vivre avec les personnages qui déambulent dans le cadre. Chez King, il n’y a pas de déambulation. C’est dans ce genre de film un manque non négligeable. Il n’empêche pas de passer un excellent moment devant un sommet de narration mais il empêche la transmission de la secrète vibration qui ferait sortir les héros de l’écran.

Le septième juré (Georges Lautner, 1961)

Dans une ville de province, un notable gagné par ses pulsions tente de violer puis étrangle une superbe jeune fille. Il est tiré au sort pour faire partie du jury devant juger l’amant de la victime, accusé du meurtre…

Les effets sont surappuyés, les personnages unidimensionnels, la critique sociale simpliste. Cet ennuyeux représentant de la « qualité française » n’intéressera que les amateurs de Georges Lautner. Si si, ça existe.

L’affrontement (Harry and son, Paul Newman, 1982)

Note dédiée à Bruno

Un ouvrier du bâtiment vieillissant qui ne s’est pas remis du décès de sa femme cohabite tant bien que mal avec un fils qui veut devenir écrivain.

Comme dans Rachel, Rachel et De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, les personnages  sont regardés avec un respect, une justesse et une absence d’ornement qui donnent une bouleversante impression de captation de vérité humaine. Peut-être que le secret de Newman réalisateur, c’est qu’aussi simple que puisse paraître son film, il ne semble jamais subordonné à un quelconque effet, à un quelconque programme, à un quelconque discours, voire même à un quelconque récit. Ce qui a pour effet de décourager l’exégèse voire de leurrer le spectateur inattentif qui aurait vite fait d’assimiler ça au néant cinématographique. Or si Paul Newman est un des plus grands cinéastes américains de la deuxième moitié du XXème siècle, c’est qu’en se focalisant presque exclusivement sur les hommes et les femmes qu’il filme, il arrive à des miracles de mise en scène.

Prenez par exemple le moment où Harry reçoit sa fille et son gendre. Je ne vais pas le raconter en entier parce que d’une part cela vous gâcherait le plaisir d’une éventuelle découverte et d’autre part présenter les multiples enjeux de la séquence serait long et fastidieux. Sachez simplement qu’il y a ici une idée de génie qu’on appellera l’idée du carton. Pourquoi l’idée du carton est-elle une idée de génie ? Eh bien parce qu’elle fait passer en un clin d’oeil le spectateur du rire aux larmes, de la complicité à la pitié envers Harry, bref qu’elle condense et restitue avec une émouvante évidence la complexité du personnage. Des moments comme ça, le film en est truffé. Des moments qui me font dire que L’affrontement est un des plus beaux films jamais tournés sur l’amour filial.

Il faut dire que Newman réalisateur est ici aidé par Newman acteur et que Newman acteur n’a peut-être jamais été aussi bon. Sans la moindre affectation, il exprime toute la fragilité de son personnage secrètement miné par l’aigreur et la mélancolie. Aidé par son fils, il regagne pourtant à la fin du film une dignité qui nous rappelle que Paul Newman, même quand il est complètement débarassé des oripeaux de son mythe, c’est décidément la classe à l’état pur. Enfin, son épouse Joanne Woodward n’a ici qu’un rôle secondaire mais leurs scènes ensemble dégagent une émotion, provoquent une extraordinaire empathie qui suffisent à rendre L’affrontement infiniment précieux.

L’aigle des frontières (Frontier marshall, Allan Dwan, 1939)

L’histoire de Wyatt Earp à Tombstone.

C’est en quelque sorte le « premake » de My darling Clementine vu qu’il a été réalisé par le même studio, la Fox de Zanuck. Moins digressif que le classique de Ford, Frontier marshall est d’une épure toute tragique: les affrontements avec les méchants sont subordonnés à l’évolution des sentiments des quatre personnages principaux que sont Wyatt Earp, Doc Holliday, la fiancée officielle et la fille de bordel. Par rapport à Ford, Dwan se focalise plus sur l’amitié entre les deux hommes. Il le fait à sa manière simple et d’une beauté primitive, manière qui anticipe celle du sublime Tennessee’s partner qu’il tournera à la RKO une quinzaine d’années plus tard. Le film avance par scènes. Son rythme est tranquille. La dimension morale (établissement du law and order) et la tragédie intime (la rédemption de doc Holliday) sont merveilleusement fusionnées dans un récit déroulé avec une netteté admirable. La mise en scène est d’un parfait classicisme, les images ne mentent pas, il n’y a pas de second degré, pas de différents niveaux de lecture. C’est Allan Dwan, c’est l’enfance du cinéma.

Accattone (Pier Paolo Pasolini, 1961)

Dans la banlieue de Rome, les pérégrinations d’un petit proxénète.
Sans atermoiement ni pudibonderie, Pasolini filme le quotidien des mauvais garçons romains. Le décor à base d’immeubles inachevés et de terrains vagues ressemble à celui des Nuits de Cabiria, dont Pasolini avait écrit les dialogues. Les personnages sont des Vitelloni en plus méchant. Pasolini a une certaine tendresse pour ces minables pourtant montrés en tant que tel (il appuie bien leur côté parasitaire). L’ancrage est donc néo-réaliste mais le poète ajoute ses préoccupations sacrées qui insufflent au film une force tragique. Le minable aspire à la sainteté mais il restera dans la boue…boue sociale et morale. Un style à la fois cru et dramatisant (musique de Bach, noir et blanc contrasté) fait d’Accattone un très beau film. Pasolini n’a jamais fait plus percutant.

La montagne des neuf Spencer (Spencer’s Mountain, Delmer Daves, 1963)

Chronique familiale dans la campagne américaine.

Difficile de ne pas penser à John Ford devant cette superbe pastorale américaine confrontant traditions et idéaux aux contingences d’une réalité qui change. La présence d’Henry Fonda ainsi que de deux des acteurs de Qu’elle était verte ma vallée, Donald Crisp et Maureen O’Hara, appuie évidemment la réminiscence fordienne. Le film se différencie cependant de son illustre prédecesseur en cela que l’auteur se focalise sur le fils du clan. Poursuivant la voie qu’il a explorée avec les quatre mélodrames réalisés juste avant ce film, Delmer Daves traite avec son élégance et sa finesse habituelles des préoccupations de la jeunesse. La façon simple et directe avec laquelle le cinéaste évoque le désir sexuel qui taraude ses jeunes tourtereaux singularise des protagonistes et situations archétypaux.

Cette profonde empathie pour les personnages, on la retrouve à tous les niveaux du film. C’est ce qui permet à Spencer’s mountain de se coltiner les bons sentiments inhérents à ce genre de chronique. Une foi inébranlable dans ce qu’il raconte, un équilibre émotionnel maintenu et une bonne dose d’humour permettent au metteur en scène d’éviter les pièges de la mièvrerie, de la niaiserie et de la démagogie réactionnaire tout en célébrant chaleureusement les valeurs traditionnelles. Ainsi, le plus franc des idéalismes n’empêche ni la lucidité ni le réalisme. Au contraire, Daves montre les choix à faire et les sacrifices éventuels. Lorsque le père met littéralement son rêve en fumée, c’est bien une cruelle acceptation de la réalité qui nous est montrée. Edifiant sans être lénifiant, Spencer’s mountain est un film à l’image des paysages du Wyoming dans lesquels il se déroule: grand et beau.

Rien qu’un coeur solitaire (None but the lonely heart, Clifford Oddets, 1942)

A Whitechapel, un garçon paresseux est déchiré entre son amour pour sa mère et le truand du quartier qui lui demande de rejoindre sa bande.

Une histoire traitée de façon bien trop sérieuse pour s’avérer intéressante une seule seconde. Le film est un exemple-type du produit de prestige hollywoodien: bardé de folklore européen (le titre est d’ailleurs tiré d’une chanson de Tchaïkovsky), théâtral, bavard et pesant, très pesant. C’est toujours un plaisir de revoir Ethel Barrymore mais Cary Grant à contre-emploi est particulièrement mauvais. C’est triste à admettre mais c’est comme ça: on le préfère à emploi qu’à contre-emploi.

La dernière chance (Fat City, John Huston, 1972)

Dans une ville paumée de l’Amérique profonde, la rencontre de deux boxeurs: un jeune poulain prometteur et un champion déchu et alcoolique.
Fat city est un des beaux films de John Huston. Le pessimisme, marque de fabrique de l’auteur, n’y est pas appuyé. Il n’y a pas de pathos, le film est un voyage sordide mais beau au coeur de l’Amérique profonde. La réalité sociale et les individus sont montrés sans fard mélodramatique ou embellissant. Les acteurs sont très bons et font naître une réelle empathie pour leurs personnages. Huston nous présente simplement deux hommes qui se bercent de leurs illusions et c’est ce qui rend Fat city émouvant. Pour couronner le tout, la superbe chanson de Kris Kristofferson qu’est Help me make it through the night accompagne les images.

L’argent (Marcel L’Herbier, 1928)

Un banquier avide au bord de la faillite s’associe avec un jeune aviateur qui a découvert des terrains pétrolifères en Guyane.

Cette transposition contemporaine d’un roman d’Emile Zola est une fable un peu lourde quant au pouvoir corrupteur de l’argent mais on ne peut qu’être admiratif devant la puissance visionnaire d’un film qui met en scène les effets destructeurs des spéculations boursières un an avant le krach de 29. Parmi les cinéastes français, je ne vois guère que le Godard de La chinoise à s’être montré plus précisément prophétique. Ceci dit, il faut rappeler que Zola avait écrit L’argent inspiré par divers scandales financiers de son temps. L’histoire se répète comme on dit.

Le film est l’un des plus ambitieux de Marcel L’Herbier, réalisateur qui s’était fait remarqué au sein de l’Avant-garde française, et qui utilise ici nombre de techniques expérimentées dans ses films précédents. Gance mis à part, c’est peu dire que les cinéastes de l’Avant-garde française, recyclant d’un film à l’autre un bric-à-brac épate-bourgeois fait de surimpressions, d’art-déco et de montage rapide, n’ont pas produit grand-chose de passionnant. Faute de contenu dramatique et de vision du monde, les travaux de Germaine Dulac, Jean Epstein ou des Russes blancs exilés à Montreuil ne sont souvent que des œuvres prétentieuses et desséchées à la sophistication vaine parce qu’inexpressive. Heureusement, cette règle souffre quelques exceptions, réalisées surtout à la fin du muet lorsque les pionniers de l’Avant-garde sont sortis de leur vanité parnassienne et ont eu la lumineuse idée de raconter des histoires, fussent elles aussi simplissimes que celle de La chute de la maison Usher, le chef d’oeuvre d’Epstein.

Ainsi dans L’argent, la virtuosité de L’Herbier au service d’une trame romanesque a le mérite d’être particulièrement expressive. Les amples mouvements de caméra, la mise en scène précise et le montage qui joue savamment sur la durée des plans retranscrivent remarquablement l’exultation ou la fièvre collective. L’argent contient plusieurs superbes morceaux de bravoure: le départ de l’aviateur du Bourget, les scènes de panique à la bourse…D’une manière générale, le style sophistiqué du cinéaste est pertinent. Par exemple, la façon dont sont filmées les femmes -que ce soit le corps lascif de Brigitte Helm ou le visage innocent de la future doyenne du cinéma français Marie Glory- tranche avec le manque criant de vitalité de la nullité esthétisante qu’était L’inhumaine réalisé par le même quatre ans auparavant.

L’argent n’est cependant pas un chef d’oeuvre. L’Herbier n’est pas un narrateur de la trempe d’Abel Gance et son film, trop long, manque de concision aussi bien que de surprises romanesques. Il n’en reste pas moins que sa mise en scène inspirée et son indéniable sens de l’image sauvent largement le film.

La mission du commandant Lex (Springfield Rifle, André De Toth, 1952)

Durant la guerre de Sécession, l’enquête pour démasquer une bande de pillards confédérés infiltrée dans l’armée nordiste.

Un western intéressant qui reprend les ingrédients du « whodunit », ce type de polar dont les romans d’Agatha Christie sont de fameux exemples. La recherche du coupable au sein du groupe, les rebondissements inattendus de l’intrigue sont donc les ressorts, inhabituels pour un western, de l’histoire. Dommage qu’une fois que l’on connaisse le méchant, celui-ci perde toute ambivalence et ne soit plus défini que par son fanatisme sudiste alors qu’auparavant il était ami avec le héros joué par Gary Cooper. Cela montre que les personnages sont d’abord les jouets des conventions dramatiques et c’est pour le moins regrettable même si le film est de bonne facture.

L’homme à l’imperméable (Julien Duvivier, 1957)

Sa femme partie en province, un clarinettiste suit les conseils d’un de ses collègues de l’orchestre et rend visite à une jeune choriste que l’on dit facile. Lorsqu’il arrive chez la jeune fille, elle lui tombe dans les bras, un poignard dans le dos…

La première partie est véritablement excellente. Tant que le film reste focalisé sur le personnage de Fernandel, il nous montre les effets de l’engrenage implacable d’un fait divers sordide sur des gens ordinaires mais soumis à leurs pulsions. C’est en quelque sorte du Lang à la sauce qualité Française. C’est pour le moins délectable d’autant que la mise en scène de Duvivier est irréprochable et que les compositions des acteurs sont au diapason. Il faut citer celle, mémorable, de Bernard Blier en folle barbue. Malheureusement dès qu’arrivent les bandits d’opérette, L’homme à l’imperméable s’éparpille dans une intrigue policière conventionnelle sans grand intéret. Il est donc dommage que le récit ne tienne pas ses promesses initiales.

That’s life! (Blake Edwards, 1986)

Une chanteuse mariée à un architecte californien apprend qu’elle a un cancer de la gorge. Tout en continuant à soutenir sa famille et notamment son époux en pleine crise de la soixantaine, elle attend les résultats de l’examen qui lui dira si la tumeur est bénigne ou maligne.

Film tourné dans sa propre maison d’une façon totalement indépendante par Blake Edwards, That’s life! est sans doute un des films les plus personnels de son auteur. Il n’y a pas besoin de surinterpréter pour deviner que celui que Claudia Cardinale décrit dans ses mémoires comme « un vrai fou » a mis beaucoup de lui-même dans ce personnage d’architecte vieillissant et immature. Personnage joué par Jack Lemmon, son partenaire de toujours qui forme ici un grand duo avec Julie Andrews, l’épouse à la ville de Blake Edwards. Cet aspect très intime n’empêche pas That’s life! d’être rigoureusement réalisé.

C’est d’abord un sommet de narration avec une unité de temps, une quasi-unité de lieu mais aussi une variété des registres gérée avec une maîtrise de tous les instants. Le film est une perpétuelle alternance entre le comique et le sentimental sans jamais qu’il n’y ait à proprement parler rupture de ton. Au contraire, la continuité est parfaitement gérée par le metteur en scène qui donne l’impression de faire un film de famille. Des gags presque scabreux viennent parfois modifier le cours d’une scène où un personnages s’épanche sans que la transition n’apparaisse aux yeux du spectateur. Plus que sa tendance au burlesque anarchisant qui explose dans des films qui peuvent en devenir ennuyeux (La party), ce merveilleux alliage entre humour et sentimentalité, entre tendresse et causticité, entre rire et larmes est à mon sens  ce qui, depuis Diamants sur canapé, rend le cinéaste aussi attachant. En cela, Blake Edwards est un digne hériter de Billy Wilder.

Sans la gâcher, un mot sur la fin du film:  le fait que le cinéaste n’applique pas son principe de mise en scène jusqu’au bout de la séquence (principe que l’on peut ici résumer en un mot: « tact ») montre qu’il privilégie désormais le réalisme des comportements aux envolées émotionnelles savamment distillées. Cela n’empêche nullement l’élégance du style. Les superbes cadrages nous rappellent qu’Edwards est -aussi- un maître de la composition en Cinémascope tandis que Life in a Looking Glass, chanson composée par l’éternel compagnon de route Mancini et interprétée par Tony Bennett crooner de l’âge de Jack Lemmon et Blake Edwards, achève parfaitement cette méditation sur la vieillesse.

Boire et déboires (Blind Date, Blake Edwards, 1988)

Lors d’une soirée organisée par son patron, un analyste financier rencontre une ravissante jeune femme qui se met à faire n’importe quoi si on la fait boire de l’alcool.

Boire et déboires est un joli film, le film d’un vétéran qui tranche avec la tournure que prenait alors Hollywood. C’est une comédie simple, élégante et centrée sur l’humain. Les yuppies de l’époque sont brocardés par Blake Edwards qui n’a rien perdu de son inspiration burlesque.

Meurtre à Hollywood (Sunset, Blake Edwards, 1988)

A la fin du cinéma muet, un producteur infâme embauche Wyatt Earp en tant que consultant pour un western avec Tom Mix. Mais une série de meurtres dans la capitale débauchée du cinéma vont conduire le faux cow-boy et le vrai cow-boy à mener une dangereuse enquête.

Le mélange entre comédie, reconstitution nostalgique et intrigue policière n’est pas très bien dosé. A force d’accorder trop d’importance à une  intrigue policière qui reste ultra-conventionnelle, Meurtre à Hollywood ne décolle jamais vraiment. L’amitié entre Tom Mix et Wyatt Earp est traitée de façon superficielle. Le regard sur le Hollywood des années folles n’a à peu près aucun intérêt, aucune singularité. Bref, malgré deux têtes d’affiche sympathiques, le vieux James Garner et le jeune Bruce Willis, Meurtre à Hollywood est un film franchement mineur voire carrément ennuyeux à force de routine.