Le jour de la présentation de l’épouse qui a été choisie par sa mère, un jeune homme tombe amoureux de la soeur de l’épouse en question, jeune veuve à qui il est interdit de se remarier tant qu’elle n’aura pas fini d’élever son enfant.
Une splendeur. La simplicité de l’intrigue permet de montrer les personnages dans toute leur complexité. Les protagonistes se débattent face à des dilemmes d’autant plus terribles qu’ils n’ont rien d’exceptionnel. C’est l’éternelle confrontation entre la tradition et les élans du coeur. Le drame n’est pas aussi intense qu’il le serait dans un film occidental du fait des fréquents plans larges qui inscrivent les personnages dans un paysage plus grand qu’eux. Ce traitement fait de Miss Oyu un film foncièrement contemplatif sans que jamais le rythme de la narration ne soit ralenti. Simplement, les passions humaines sont subtilement intégrées à un tout qui les englobe sans toutefois les oblitérer (c’est la différence entre Mizoguchi et Malick). La grandeur stylistique du cinéaste culmine lors d’une fin absolument sublime pendant laquelle on se rappelle certains des plus beaux moments de L’aurore ou de La nuit du chasseur.
Ton commentaire m’avait donné envie de découvrir Miss Oyu, c’est chose faite après dénichage du DVD FSF d’occase. J’ai été très surpris par les décrochements stylistiques entre les scènes d’une rare austérité visuelle (quand les personnages parlent entre eux) et celles au contraire, qui se permettent un lyrisme fou, toutes celles qui utilisent la nature, réelle ou reconstituée en studio. C’est un film qui permettrait bien d’étudier les grammaires respectives du drame, du mélodrame et de la tragédie : les trois se partagent le film à portions égales et successives et fondent, en grande partie, son originalité. Superbe fin, en effet, sans doute hommage à Murnau.