Rue de l’Estrapade (Jacques Becker, 1953)

La femme trompée d’un coureur automobile s’en va vivre dans une chambre de bonne rue de l’Estrapade, au sein du quartier étudiant…

Encore une fois, Jacques Becker et sa scénariste Annette Wademant transcendent un sujet sentimental vu et revu grâce à leur qualité essentielle: la précision réaliste.

D’une part, la mise en scène donne une présence déterminante aux lieux. La clarté et la précision du découpage de Jacques Becker font que jamais dans le cinéma français un espace n’a été aussi bien restitué au spectateur que les combles de l’immeuble de la rue de l’Estrapade. La proximité avec les personnages qui y vivent s’en trouve logiquement agrandie. La vitalité, la fraîcheur et l’humanité inouïes du film viennent en grande partie de là.

Bien sûr, les acteurs y sont aussi pour beaucoup. Encore une fois, les seconds rôles sont particulièrement bien dessinés, que ce soit la servante malmenée jouée par Pâquerette ou le couturier plus très sûr de son homosexualité auquel Jean Servais prête sa superbe dignité,  mais les premiers rôles sont au-delà des superlatifs: Daniel Gélin est formidable en roublard finalement déchiré par son amour pour une femme qui n’est pas de sa classe tandis qu’Anne Vernon n’est rien moins que magnifique. Sa simplicité dans la sophistication n’appartient qu’aux vraies stars et c’est peu dire qu’elle n’a pas eu la carrière qu’elle méritait en cette période qui fut une des plus sinistres du cinéma français. Heureusement pour elle et pour nous, il y eut les films de Jacques Becker.

Les lieux ont également une influence directe sur l’action et la caractérisation des protagonistes. C’est un déménagement qui est le moteur dramatique du film. En changeant d’appartement, la jeune femme sort de son milieu social, ce qui ouvre un large éventail de possibilités narratives. La confrontation avec ses nouveaux voisins musiciens est l’occasion de scènes cocasses, sentimentales et dures car la Bohême n’est pas idéalisée mais montrée avec autant de tendresse (Gélin qui chante seul dans sa piaule après avoir rencontré la belle bourgeoise!) que de lucidité. Le sans-gêne des deux compositeurs en herbe n’est pas édulcoré et le comique s’accompagne parfois d’un certain malaise.

D’autre part, comme à son habitude, Becker enrichit sa mise en scène de nombreux détails quasi-documentaires qui donnent une vérité concrète à son film. La photo de la maîtresse découpée dans Elle chez le coiffeur, la vue sur la cour du lycée Henri IV ou encore les émissions de radio plusieurs fois entendues au cours du film sont des trouvailles qui en ancrant l’histoire racontée dans une réalité très précise font oublier les conventions qui la régissent.

Après Rendez-vous de juillet, Edouard et Caroline et Antoine et Antoinette, Jacques Becker achevait, avec cette synthèse chaleureuse et désenchantée qu’est Rue de l’Estrapade, sa merveilleuse tétralogie sur la jeunesse parisienne, décidément un des corpus de films les plus attachants du patrimoine français. Il réaffirmait par là-même la force et la singularité de son cinéma, un cinéma de pure mise en scène.

Les Araignées: le cargo d’esclaves (Fritz Lang, 1920)

Suite des aventures de Kay Hoog contre les Araignées qui le mènent aux quatre coins de la planète.

Ce second volet a le défaut devenu depuis habituel des suites. Celui du « plus ». Il y a plus de personnage, plus de décors et surtout le film est nettement plus long que son prédécesseur. Malheureusement, cette surenchère n’est pas maîtrisée par les auteurs et ne va pas sans confusion ni lenteur. Ce film est aussi moins mouvementé que Le lac  d’or, il y a beaucoup de discussions dans des appartements (ce qui sera le gros point faible du diptyque Mabuse), on perd la simplicité enfantine du premier volet. Bref Le cargo d’esclaves est moins réussi que Le lac d’or et franchement ennuyeux. A noter qu’un troisième opus des Araignées était prévu mais ne fut pas entrepris suite à l’échec public et critique de celui-ci.

Les Araignées: le lac d’or (Fritz Lang, 1919)

Un aventurier, Kay Hoog, s’oppose à une société secrète, les Araignées, pour aller chercher un trésor chez les Incas.

Ecrit et réalisé par Fritz Lang à ses débuts, ce premier opus des Araignées est un pur film d’aventures issu du même terreau –populaire, feuilletonesque et exotique- que Tintin ou Indiana Jones. La nature fantaisiste du projet n’a pas empêché le cinéaste de se documenter sérieusement pour les beaux décors inca.

Les scènes d’action sont très bien et exploitent remarquablement les divers éléments du décor, le rythme est trépidant, le suspense est quasiment inventé par Lang dans l’excellente scène d’ouverture, les péripéties s’enchaînent parfaitement, la fin tragique étonne. Bref, Les Araignées: le lac d’or est un film archaïque et très bien mené.

Come next spring (R.G. Springsteen, 1956)

Un père de famille qui a déserté son foyer revient dans sa communauté après plusieurs années d’absence, bien décidé à se repentir de ses frasques passées.

Ce petit film en Trucolor qui tenait à coeur à Steve Cochran aurait pu être un beau morceau d’americana, dans la lignée de Tol’able David, mais la désespérante platitude de la mise en scène qui épaissit le trait sentimental d’une façon quelque peu démagogique annihile le potentiel émotionnel de l’histoire racontée, une histoire purement américaine et un brin puritaine. C’est dommage d’autant qu’Ann Sheridan est magnifique.

L’alibi (Pierre Chenal, 1937)

Un prestidigitateur assassin donne de l’argent à une de ses collègues entraîneuses pour qu’elle lui serve d’alibi…

L’alibi est un polar conventionnel bien réalisé. Les auteurs y privilégient parfois les facilités dramatiques au détriment du réalisme des comportements mais le machiavélisme du policier interprété par un Jouvet impérial vient épicer la recette attendue. Jany Holt et Albert Préjean sont bons, Erich Von Stroheim est lui un peu ennuyeux à force de jouer toujours le même type de personnage de la même façon. La mise en scène de Chenal est parfois assez fine comme lorsque l’inspecteur se rend compte que l’entraîneuse lui ment. Un bon film.

S.O.B. (Blake Edwards, 1981)

Un producteur tombé en dépression suite à un énorme flop a l’idée de transformer ce dernier en film érotique…

S.O.B est une satire virulente envers les patrons des studios, les stars, le milieu hollywoodien et l’humanité en général. Une scène à l’humour très noir est tout à fait emblématique du ton du film: notre producteur agonise sur la plage et son chien est à ses côtés. Deux vacanciers s’arrêtent, s’exclament « oh, qu’il est mignon ce petit chien! » et repartent sans avoir prêté une seconde d’attention au gisant. Blake Edwards, vieillissant et ayant eu pas mal de problèmes avec les studios hollywoodiens durant les années 70, a mis toute son amertume dans cette peinture d’une civilisation en phase terminale qui ne croit plus qu’en deux choses: le cul et le fric.

Cette misanthropie exacerbée stimule sa verve comique. Comme dans toutes ses réussites, il y a une galerie de seconds rôles hauts en couleurs. Ici, les caricatures particulièrement bien senties sont interprétées par une pléthore de vedettes (William Holden, Larry Hagman, Julie Andrews…). Robert Vaughn en porte-jarretelle, c’est à voir, d’autant que c’est présenté finement. Comme dans son chef d’oeuvre absolu Elle, tourné juste avant avant, c’est un enchaînement très précis d’actions (souvent des gags) qui produit la narration. Jamais on ne sent les intentions précéder l’exécution, tout apparaît logique y compris les scènes les plus radicales, y compris le dénouement exceptionnellement choquant, tout est parfaitement mis en scène.

La férocité brillante et jusqu’au boutiste de la satire suffirait à classer S.O.B parmi les oeuvres majeures de Blake Edwards. Mais les meilleurs comédies du cinéaste sont également fameuses pour leurs ruptures de ton et S.O.B contient son lot d’émotion même si, contrairement à Diamants sur canapé, Elle ou That’s life!, il s’agit d’une alternance plutôt que d’un mélange des registres. En effet, la dernière partie du film est un virage à 180 degrés où Blake Edwards, d’une façon grotesque et magnifique, célèbre l’amitié et montre donc que, finalement, tout n’est pas complètement pourri en ce bas-monde. Les funérailles viking sont un moment bouleversant qui achève la satire en apothéose lyrique. Du grand cinéma.

Au bord de la mer bleue (Boris Barnet, 1935)

Deux jeunes naufragés recueillis dans un kolkhoze tombent amoureux de la même femme…

L’immense réputation dont jouit ce film auprès de certains cinéphiles hautement recommandables (Lourcelles, Daney…) me semble très exagérée. Certes, Au bord de la mer bleue tranche d’avec le reste de la production soviétique car c’est un marivaudage léger dont la propagande est absente. De même,  contrairement à Eisenstein, Dovjenko et Poudovkine qui utilisaient toutes les ressources du montage pour « malaxer les consciences », Boris Barnet est un réalisateur discret et sa mise en scène est moins apprêtée que celle de ses collègues. Mais enfin, cette liberté relative au contexte de production ne suffit pas à faire du film un « chef d’œuvre de poésie »!

Le scénario est très maigre. Il ne se passe pour ainsi dire rien entre les deux naufrages, c’est à dire pendant à peu près une heure (le film durant une heure dix). Cette maigreur pourrait ne pas importer si -au choix- la peinture de la communauté avait un minimum de consistance, si le cinéaste stylisait ses images ou s’il dessinait les caractères de ses personnages d’une façon impressionniste en se focalisant sur des gestes précis même si n’ayant pas de lien avec la trame narrative. Or de tout ça, de tout ce qu’on pourrait appeler « mise en scène », de tout ce qui pourrait étoffer voire créer le propos, il n’y a quasiment rien!

N’était les plans répétés sur les flots au début et à la fin qui donnent une tonalité cosmique au film, le décor, vague et abstrait, pourrait être celui d’un studio. Les sentiments des personnages sont montrés principalement via des dialogues convenus mis en scène platement. De toute évidence, le cinéma parlant n’est pas encore complètement maîtrisé par Barnet et son film est parfois très théâtral. Ajoutons à ces charges que l’actrice censée fasciner les deux héros a un visage bien trop viril pour être séduisante tandis que l’un des marins est habillé comme un mannequin de Jean-Paul Gauthier (ceci expliquant peut-être que Serge Daney trouvait que ce soit un film très sensuel).

A noter tout de même une belle fin qui vient -enfin- transcender la banalité de l’intrigue et, peut-être, expliquer l’idéalisation de ce film par des critiques d’autant plus enflammés qu’ils ne pouvaient voir ce film alors très rare qu’une fois tous les vingt ans. Ce n’est pas le moindre mérite du DVD que d’avoir permis de démystifier Au bord de la mer bleue.

Les parachutistes arrivent (The gypsy moths, John Frankenheimer, 1969)

Trois parachutistes s’arrêtent deux jours dans une petite ville de province américaine pour leur spectacle itinérant…

Les héros sont désormais des gladiateurs pourvoyeurs de frissons à bon marché pour les bourgeois. Comme dans I walk the line, la vie provinciale américaine est représentée avec une grande sécheresse. John Frankenheimer réussit à filmer l’ennui de la petite ville sans être ennuyeux grâce à son récit mené par petites touches. Le caractère des protagonistes est plus suggéré qu’explicité mais le film n’est pas superficiel pour autant car l’ensemble des signes est cohérent et présente in fine de beaux personnages mélancoliques, résignés (la femme au foyer jouée par Deborah Kerr) ou secrètement romantiques (le parachutiste joué par Lancaster). Les acteurs sont excellents. Les scènes de parachute sont trop longues. Le film est beau, désenchanté et typique de son époque.

Critique plus développée ici.

Les mauvaises rencontres (Alexandre Astruc, 1955)

Une jeune ambitieuse montée à Paris se retrouve impliquée dans une affaire de moeurs.

Ce premier long-métrage du célèbre critique Alexandre Astruc (le théoricien de la « caméra-stylo ») a en son temps favorablement impressionné les jeunes Turcs des Cahiers du cinéma. Il est vrai que, tout en étant pleinement ancré dans son époque, son style tranchait d’avec le cinéma français d’alors, un cinéma justement déconnecté de l’époque. L’intrigue, adaptée du hussard Jacques Laurent, s’appuie sur des clichés romanesques qui ont vieilli. La pseudo-modernité due à l’absence de regard moral sur les actions des personnages n’a pas moins vieilli.

La construction narrative alambiquée faite de multiples flashbacks apparaît inutilement compliquée. Les dialogues délibérément littéraires ont certainement influencé Truffaut et Rohmer mais ils renforcent la distance entre le spectateur et les personnages, distance également entretenue par les savants mouvements de caméra d’un cinéaste-cinéphile très influencé par Welles, Preminger et Losey. Bref, Les mauvaises rencontres est un film d’une froide et vaine sophistication qui a toutefois le mérite historique d’être le précurseur le plus authentique de la Nouvelle Vague.

Un sacré bordel (Blake Edwards, 1986)

Suite à un pari truqué, un acteur raté et son compère serveur ont maille à partir avec des mafieux…

L’intention de Blake Edwards était de réaliser une comédie dans la veine de Laurel & Hardy, succession de gags essentiellement improvisés. Le studio l’a entravé et a imposé de raconter une histoire conventionnelle. Fausse bonne idée car l’histoire ne fonctionne pas. Il est impossible de s’intéresser une seule seconde à ce qui arrive à des personnages invariablement ridicules. Reste une succession de courses-poursuites assez ennuyeuse, une chute allègre dans le mauvais goût et la vulgarité (la B.O pourtant signée Mancini est très typique des années 80) et deux trois gags irrésistibles, surtout vers la fin où Edwards va jusqu’au bout de son délire.

Quelle drôle de gosse! (Léo Joannon, 1935)

Une jeune secrétaire amoureuse de son patron est virée, se jette dans la Seine et est recueillie par un riche noceur…

Sans atteindre les sommets de Battement de coeur, Quelle drôle de gosse! est une sympathique comédie. L’écriture de Yves Mirande est souvent en roue libre mais l’abattage de la jeune Danielle Darrieux est réjouissant. De même que ses seins et épaules fugitivement entrevus. Son cabotinage s’avère justifié par la nature de son personnage. La fin anti-bourgeoise surprend et aurait été encore plus frappante sans la dernière séquence qui fait rentrer le film dans ses rails conventionnels. Amusant.

L’ange et le mauvais garçon (James Edward Grant, 1947)

Un jeune homme blessé poursuivi par le shérif et par des bandits est accueilli par une famille de quakers…

Premier film produit par une star dans un gros studio hollywoodien, L’ange et le mauvais garçon est un joyau tendre et atypique du western, à ranger quelque part entre Rachel et l’étranger et Le bandit.  La convention du genre est détournée du fait que dès que notre bandit est recueilli par les quakers, il range son flingue. Peut-être que ce film a inspiré à Peter Weir son Witness. Ainsi, les confrontations avec le shérif magnifiquement incarné par le vieillissant Harry Carey ne sont pas violentes mais sont au contraire pétries de la bienveillance d’un aîné qui veut remettre un jeune chien fou dans le droit chemin.

Clairement moral, L’ange et le mauvais garçon oppose la bible des quakers au fusil de John Wayne même si les choses ne sont pas aussi simples qu’on pourrait le croire de prime abord. C’est que si les scènes d’action sont rares, elles sont aussi à couper le souffle. En grande partie grâce aux cascades supervisées par Yakima Canutt, la poursuite qui s’achève dans la rivière est aussi violente et trépidante que du bon Raoul Walsh. Le scénariste James Edward Grant, choisi par John Wayne pour réaliser son film, se débrouille très bien à la mise en scène. Il y a d’intelligentes audaces tel le raccord entre le superbe baiser dans la grange et le travelling arrière sur John Wayne avec le soc de charrue. A ce moment, le spectateur est emporté dans un puissant flot lyrique d’autant que la musique ne varie pas entre les deux plans.

Loin d’être un pensum moralisateur, L’ange et le mauvais garçon est une fable dont les auteurs ont utilisé le cadre westernien pour délivrer leur propos avec naturel et simplicité. Le décor de Monument Valley n’exprime pas ici la majesté cosmique (comme chez Ford) ni la tragédie implacable (comme chez Walsh)  mais la tranquillité et la sérénité. Le film est truffé de charmantes digressions tel la cueillette des baies par les deux amoureux après qu’ils aient échappé à des poursuivants. Avant La rivière rouge et La charge héroïque, John Wayne montre déjà quel grand acteur il est, gorgé de sensibilité.

Adulte et naïf à la fois, L’ange et le mauvais garçon est en somme une petite merveille de cinéma.

Mercredi, folle journée! (Pascal Thomas, 2001)

A Nantes, un mercredi, les tribulations d’un père joueur et divorcé qui visite sa fille, de gamins qui ont fugué en bateau, d’une mère héroïnomane et d’un commissaire débordé.

Un film choral dont l’artifice est transcendé par l’extraordinaire naturel du style de Pascal Thomas. La finesse de l’écriture, la justesse de la direction d’acteurs (les enfants et en particulier Victoria Lafaurie sont épatants), la discrète fantaisie qui irrigue l’ensemble, la pudeur de la mise en scène, l’ancrage social extrêmement précis sans autre discours politique qu’un constat tantôt amusé tantôt triste devant l’irresponsabilité des adultes face à leur progéniture font de Mercredi, folle journée! une excellente comédie dramatique, possiblement la meilleure produite en France depuis la mort de Truffaut. Merveilleux.

Allo…brigade spéciale (Experiment in terror, Blake Edwards, 1962)

A San Francisco, une jeune femme menacée par un tueur asthmatique appelle la police.

Les personnages principaux, que ce soit celui de Lee Remick ou celui de Glenn Ford, n’ont aucune consistance, ils sont complètement asservis à une intrigue mal ficelée. Il manque un point de vue pour raconter l’histoire qui s’éparpille. Un personnage secondaire comme la maman chinoise introduit un peu d’humanité mais sur trois scènes dans lesquelles elle apparaît, deux sont redondantes. Bref, le scénario est vraiment mal fichu et les 122 minutes du métrages contiennent des longueurs rebutantes.

Néanmoins, Blake Edwards s’est livré à un exercice qui ne manque pas de style. Plusieurs séquences sont en effet l’occasion pour le metteur en scène de briller. De l’ouverture parfaite à la fin qui anticipe L’inspecteur Harry, nombreuses sont les séquences qui retiennent l’attention du spectateur rendue éparse par le script en bois. Tout ce qui a trait au travail de la police inspire particulièrement le cinéaste. Ecoutes téléphoniques, filatures et hélicoptères dernier cri semblent littéralement fasciner l’auteur de La panthère rose. La musique de Mancini et la photographie de Philip Lathrop, toutes deux remarquables, contribuent grandement à la réussite des morceaux de bravoure. Bref, Experiment in terror est une demi-réussite.

Psy (Philippe de Broca, 1981)

Un psychologue à la noix voit ses thérapies de groupe dans le château de sa riche fiancée perturbées par son ex en cavale.

Une communauté loufoque aux moeurs étranges dérangée dans son château par des malfrats qui viennent de commettre un hold-up, cela rappelle fortement Le diable par la queue, précédent film et parfaite réussite de Philippe de Broca. De fait, Psy est une sorte de pendant négatif du joyeux chef d’oeuvre de 1969. Douze ans se sont écoulés et le regard porté par notre cher vieux royaliste sur les utopies post-soixante huitardes est franchement (et logiquement) désabusé. C’est sûrement le film où de Broca est le moins tendre envers ses personnages. Il y a des accents carrément sinistres dans ce film, un arrière-goût bizarrement aigre. La photo est beaucoup plus terne qu’à l’habitude chez le cinéaste et c’est peu dire qu’on perd au change en troquant Georges Delerue contre Mort Shuman.

Le film est désordonné, loin du parfait équilibre de son glorieux prédécesseur. C’est comme s’il y avait deux films en un: la satire des idées libertaires d’un côté et l’histoire du couple qui bat de l’aile accueillant les malfrats de l’autre. Si ce n’est certes pas son plus grand rôle, c’est toujours un plaisir de voir Patrick Dewaere dans une comédie, il y quelques situations vraiment drôles, quelques piques faciles mais marrantes contre la psychanalyse, des seconds rôles bien campés mais la sauce ne prend pas tout à fait car aucune unité, aucune ligne de force n’est jamais trouvée.