Un chômeur sur le point de se jeter dans le fleuve sauve une jeune fille qui avait la même idée et les deux, tombés amoureux, affrontent ensemble les difficultés de la vie…
Au début du cinéma parlant et alors que le doublage n’existait pas, on tournait souvent un film en différentes langues en changeant les acteurs secondaires. Il existe donc une version autrichienne de Gardez le sourire appelée Sonnenstrahl. Voilà pour les précisions documentaires.
Le film a beau aborder le sujet brûlant de la crise, il ne le traite nullement. Les difficultés matérielles ne sont là que pour mettre en valeur l’amour du couple. L’environnement social est réduit à un ensemble de caricatures schématiques censément poético-naïves. Il y a donc un hiatus entre l’intention de célébrer l’amour du couple dans un contexte dur et l’inconsistante représentation de ce contexte. Cette inconsistance se retrouve dans les caractères des héros qui n’ont guère d’épaisseur. Si l’excellent Solitude avait pu faire considérer Paul Fejos comme un réalisateur intéressant, quoique plus habile qu’original, cet opus le fait clairement apparaître comme un opportuniste quelque peu roublard, abandonnant ce qui faisait sa légère spécificité (à savoir un regard de tendre entomologiste) pour plagier éhontément ses glorieux prédécesseurs du muet. Sans s’attarder sur le décalque pur et simple de L’aurore que constitue la scène de mariage, difficile de ne pas penser à René Clair devant les nombreux effets de manche éculés qui se veulent fantaisie. Gardez le sourire montre que filmer la banalité du quotidien n’est gage ni de réalisme ni d’authenticité.
Devant cette incommensurable niaiserie qui se prétend charmante et poétique, un spectateur contemporain (et lucide) fera certainement le rapprochement avec les pires films de Vittorio de Sica, Miracle à Milan par exemple.