A Vienne, une jeune Américaine victime d’une overdose est conduite à l’hôpital par son amant psychanalyste…
Le film retrace ensuite le passé du couple à travers une narration exagérément alambiquée. Nicolas Roeg fait partie de ces cinéastes qui, dans les années 1970, sont passés pour des expérimentateurs en recyclant les procédés les plus éculés du cinéma muet. Je pense à l’insertion de séquences figurant ce à quoi un personnage est censé penser. Cet exemple suffit à révéler la conception plate et littérale du cinéma qui anime l’auteur. Cet ancien directeur de la photographie aime aussi faire mumuse avec ses focales tel qu’en témoigne cette séquence en champ-contrechamp où, à chaque raccord, l’arrière plan devient de plus en plus flou, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. Chansons pop et standards de la musique classique sont très présents, comme s’ils étaient censés suppléer l’absence d’expressivité de la mise en scène. Comme ils semblent souvent plaqués sur les images, ils ne font que redoubler l’aspect artificiel de cette mise en scène; en dépit de la qualité de l’interprétation de Art Garfunkel et Theresa Russell (Keitel, lui, est ridicule).
Impuissant à rendre sensible la substance dramatique et humaine de cette liaison entre un psychanalyste qui se croit affranchi des carcans sociaux et une jeune paumée dont l’insaisissabilité avive les instincts possessifs de son amant, le réalisateur multiplie donc les effets d’esbroufe pour montrer qu’il est bien présent derrière la caméra. Nicolas Roeg pourrait n’être que prétentieux et incapable. Il se révèle vil et détestable lorsqu’il enchaîne arbitrairement et brutalement une scène d’amour avec un gros plan sordide du type trachéotomie ou avortement.