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Dans une cité française déchirée par le communautarisme, un jeune homme tombe amoureux d’une fille d’origine algérienne…
La raideur de la mise en scène maintient une certaine distance entre le drame et le spectateur mais elle va de pair avec une hauteur de ton qui insuffle une sublime dignité aux protagonistes et évite par là même deux écueils qui vous tendent les bras lorsque vous traitez un sujet aussi délicat: la dérive haineuse d’une part et le manque d’intégrité dans la représentation des communautés d’autre part.
De plus, l’épure du style n’exclut pas un certain lyrisme, un lyrisme de la litote. Le vent dans les cheveux de Djemila, la lumière du soir sur les deux amoureux dans les dunes de Dunkerque, les promenades au bord de l’eau…Gérard Blain filme les jeunes tourtereaux et les prosaïques paysages dans lesquels ils évoluent avec un amour respectueux qui le distingue très nettement de ses collègues français. Leurs déambulations clandestines ont quelque chose de véritablement poignant.
La confrontation entre l’amour d’une pureté exemplaire que se portent Pierre et Djemila et le pessimisme des auteurs quant au multiculturalisme hausse le récit au niveau de la tragédie. Enfin, si les dialogues expriment souvent des intentions littérales, Blain révèle quel grand cinéaste il est en concoctant, en marge de la narration, des plans d’une grande puissance émotionnelle et symbolique: ainsi celui sur le petit garçon seul dans la mosquée après que celle-ci ait été saccagée.