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Durant son service militaire en 1952, un jeune Anglais forme des recrues pour partir en Corée et vit ses premières amours…
Queen and country est la suite de l’excellent Hope and glory: après son enfance, John Boorman reconstitue sa jeunesse. Encore une fois, à travers une chronique intimiste, il donne à ressentir l’âme d’un pays à un instant donné. Pour les vétérans, quel sens donner à son existence après avoir pris part à la glorieuse victoire « contre le fascisme » (et y avoir laissé quelques plumes mentales) ? Pour les jeunes, comment croire à l’Armée, au Roi et à la démocratie capitaliste quand ces valeurs sont vidées de leur substance par la conduite crispée des aînés honorés (à l’exemple de MacArthur)? C’est ainsi qu’après avoir fait redouter une énième et fastidieuse comédie antimilitariste, la caractérisation caricaturale des vieilles badernes trouve sa justification profonde.
Derrière l’agitation des pantins, Boorman sait faire poindre l’amertume d’une vie brisée; par exemple en déjouant les attentes consensuelles lors d’une scène de retrouvailles. De la même façon, la première romance de son héros lui permet d’évoquer les différences de classe sociale en Angleterre, évocation qu’il cristallise par la géniale scène du couronnement. Face à l’excellent Callum Turner dans le rôle principal, la superbe Tamsin Egerton incarne parfaitement cette femme inaccessible.
Au-delà des figures désuètes et d’un style un peu amidonné (la photo est beaucoup plus passéiste que celle de Hope & glory), Boorman point le spectateur sans qu’il ne s’y attende, aidé en cela par le lyrisme de ses travellings, la musique « glassienne » de Stephen McKeon et le vert irréel des images campagnardes qui matérialise comme rarement elle a été matérialisée au cinéma l’idée du « home, sweet home ».
Passé inaperçu pour de bonnes et de mauvaises raisons, Queen and country est donc un des plus beaux films sortis cette année en France.