La vie chaotique d’une femme à moitié folle, mère d’une petite fille et en couple avec un fripier.
Dépouillé de l’enveloppe de douceur qui permettait à Y aura t-il de la neige à Noël? d’atteindre un équilibre miraculeux entre naturalisme et conte de fées, ce troisième film de Sandrine Veysset se vautre allègrement dans les déplaisants clichés propres aux héritiers dégénérés de Pialat: les personnages à l’image pissent, crachent, hurlent, se tapent la tête contre les murs.
Les quelques séquences oniriques, loin de compenser cette complaisance sordide, laissent perplexe quant au sens profond de ce qui, compte tenu de la faiblesse du récit, apparaît comme un salmigondis. Les cadrages moins précis que dans le premier film et, surtout, le montage bêtement fragmentaire dénotent un refus aussi volontariste que douteux du lyrisme (ainsi de la brutalité gratuite du raccord après le plan de la boite à musique).
Pourtant, Sandrine Veysset n’a pas perdu toutes ses qualités en cinq ans. En premier lieu, sa direction d’acteurs permet de maintenir une certaine justesse à l’intérieur des scènes. Rarement l’abnégation avait été jouée de façon aussi touchante que par Yann Goven dans le rôle du concubin. Parfois, un plan sublime vient illuminer la chronique; par exemple celui sur l’enfant endormie dans la camionnette. Dans ces instants, on regrette que la cinéaste semble se sentir obligée de brider ses propres élans de tendresse.
« Les héritiers dégénérés de Pialat » 🙂
(je pensais pas faire remonter les traits que tu cites à lui, cela dit, je pensais que c’était juste inhérent au cinéma naturaliste français).
attention, j’adore Pialat, dont le cinéma ne saurait se réduire à ce focus sur des corps déréglés par l’hystérie. Pialat est un cinéaste viril et donc pudique, pudeur qui manque cruellement ici.
Oui j’entends bien. Les « enfants dégénérés » sont souvent les rebuts de bons cinéastes (il faut voir les lignées qu’on pu engendrer Burton et Tarantino – tu n’y goûtes peut-être pas cela dit, mais ils sont autre chose que l’hystérie du cinéma qui les singe).
Je connais pas franchement bien Pialat, j’en ai vu et sur le coup ils m’ont marqué, mais ce n’est pas ma tasse de thé, et j’oublie les films. Il a néanmoins cette dimension un peu terrifiante, presque mythique, de « père du cinéma français des quarante dernières années », qui me rend toujours curieux.
c’est souvent un cliché, cette fameuse « descendance Pialat », mais dans le cas de Sandrine Veysset, je trouve ça assez juste.
[…] des années 90 où l’on retrouve notamment des films de Cédric Kahn, Catherine Breillat, Sandrine Veysset, Bruno Dumont et, donc, Manuel Poirier. Avec son intrigue étique, ses dialogues aussi indigents […]