Note dédiée à Jean Pop 2
A Brooklyn, un gamin brillant se lance dans le trafic de drogue.
Cette confrontation entre l’univers « gangsters hip-hop » et un personnage d’enfant surdoué est étonnante. Le pragmatisme glacial du jeune héros fait que le spectateur n’est jamais conduit à s’apitoyer sur son sort malgré la dureté de sa condition sociale et des situations dans lesquelles il est plongé (fusillades meurtrières…). Son choix raisonné d’exploiter son intelligence dans le trafic de drogue plutôt que sur les bancs de l’école en dit long sur l’avenir bouché des jeunes de son quartier sans que l’auteur n’ait besoin d’avoir recours à beaucoup de ficelles naturalistes. Le récit, mouvementé et brutal, est celui d’un film policier. Lorsque la violence surgit, c’est avec une sécheresse réaliste et poignante dénuée de complaisance. Le jeune Sean Nelson dans le rôle éponyme est excellent, suscitant un juste mélange d’empathie (due à son jeune âge) et de distance (due à sa froideur face aux assassinats) avant un cathartique plan final qui libère l’émotion « psychotiquement » refrénée jusqu’ici. La musique de Stewart Copeland et un découpage excessivement directif altèrent un peu la justesse de l’expression mais Fresh n’en demeure pas moins un beau coup d’essai de la part de Boaz Yakin.