La mélodie du coeur (Hanns Schwarz, 1929)

Montée à Budapest de sa campagne natale, une petite bonne tombe amoureuse d’un soldat…

Ce premier film parlant allemand (que j’ai vu dans sa version insonorisée qui est vraisemblablement meilleure car moins statique) préfigure clairement le cinéma de Max Ophuls. L’étourdissante virtuosité formelle, typique des dernières années du muet, est à même de restituer les effervescences urbaines, dansantes ou populaires dans lesquelles les protagonistes aiment à s’enivrer. Hanns Schwarz filme avec un égal bonheur la capitale et la campagne, sachant grâce à ses plans longs, souples et mobiles corréler l’action dramatique à un cadre, un décor, un lieu.

Ce sens du mouvement va de pair avec une finesse de l’appréhension des rapports entre amour et argent digne de l’auteur du Plaisir. Derrière son titre sentimental, La mélodie du coeur peut ainsi être considéré comme un petit traité sur les différentes formes de prostitution, acceptée et réprouvée, féminine et masculine. Une véritable attention de l’auteur à ses personnages abstrait ceux-ci de leurs rôles de convention et transfigure le canevas mélodramatique. Voir la caractérisation du soldat qui est à l’opposé de tout schématisme réducteur mais qui est nourrie par les circonstances de l’action; moderne en un mot.

Dans ce grand film nuancé et dialectique, seule l’interprétation de Dita Parlo dépare. Toutefois, les fausses notes apportées par son visage uniformément résigné n’empêchent pas La mélodie du coeur de se conclure sur une fin sublime où la retenue de l’expression hisse le mélo à la hauteur de la tragédie. C’est alors à Mizoguchi que l’on songe (impression renforcée par des images magnifiques de lacs).

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