Une impitoyable cheftaine des ressources humaines est désarçonnée par le suicide d’un de ses employés.
Le retour de « la fiction de gauche ». Corporate montre très bien comment, à cause de la candeur, de la grossièreté et du manque de rigueur ayant présidé à son élaboration, un film à thèse peut produire l’inverse de l’effet escompté.
La prenante première partie augurait d’un drame, à la fois intérieur et social, intéressant mais…parce que le contexte de l’entreprise n’est pas étayé, parce que les motivations du DRH demeurent obscures et font donc office d’impensé, parce que la vraisemblance la plus élémentaire est négligée à plusieurs reprises (le pompon étant la dispensable séquence sur le chantier), un spectateur impartial peut tout à fait conclure après la vision de Corporate que ce qui cloche en France, c’est la rigidité absurde du code du travail qui force la direction à des démarches hypocrites et humiliantes lorsqu’elle a besoin de se séparer d’un salarié. Le dénouement est d’une rare niaiserie; aucune motivation solide ne vient appuyer le renoncement à sa carrière de cette mère de famille qui gagnait 100 000 euros par an; le filmage caméra à l’épaule des courses spasmodiques de Céline Sallette ne suffisant pas à rendre crédible la prise de conscience et ses conséquences.
L’échec est d’autant plus regrettable que les tentatives françaises pour filmer l’entreprise sont trop rares au vu de la richesse que celle-ci recèle en termes dramatiques, humains et politiques.