Detective Dee: le mystère de la flamme fantôme (Tsui Hark, 2010)

En 690, l’impératrice douairière de Chine sort un opposant de prison pour qu’il enquête sur une série de combustions spontanées.

Déréalisant l’image, le numérique hégémonique altère l’intérêt malgré un scénario pas idiot et une sympathique profusion de scènes d’action.

Bagarres (Henri Calef, 1948)

Après avoir fui deux prétendants, une femme se fait embaucher dans une ferme et séduit le maître de maison.

Bagarres cristallise ce que François Truffaut fustigeait à juste titre dans « une certaine tendance du cinéma français »: déroulement programmatique d’un récit sans vie, épaisseur du trait provoquée par l’artifice de l’écriture et la fausseté des théâtreux, dialogues prétentieux mais ineptes et laideur des sentiments trop généralisée pour être honnête.

Rêves de jeunesse (Four Daughters, Michael Curtiz, 1938)

L’harmonie régnant dans la maison d’un musicien et de ses quatre filles est menacée par l’irruption d’un pianiste mélancolique.

Onze ans après ma découverte émerveillée du remake de Gordon Douglas, je découvre cette première adaptation du roman de Fannie Hurst: Sister act. Comme dans le remake, la bascule progressive et étonnante de la chronique bienheureuse vers le pur mélodrame constitue l’intérêt premier de l’œuvre. Le découpage virtuose de Michael Curtiz vaut bien celui de Gordon Douglas mais la poésie de studio gagne à être présentée en Technicolor et Frank Sinatra, chantant quelques-unes de ses plus grandes « torch songs », sera encore plus adéquat pour le rôle du musicien sinistre que ne l’est ici John Garfield.

Le syndicat du crime 3 (Tsui Hark, 1989)

En 1975, deux cousins qui veulent fuir Saïgon pour Hong-Kong s’allient à une belle et mystérieuse trafiquante.

Rien à voir avec les deux précédents opus qui étaient signés John Woo. Ici, le sens de l’Histoire et la présence du féminin permettent de concrétiser l’ambition lyrique. Là où, indifférent à tout contexte, Woo engluait ses personnages dans un sentimentalisme outrancier sans même assumer l’homosexualité sous-jacente, la hauteur de vue de Tsui Hark est tangible dans le plan, bref et poignant, où les héros se rendent compte que l’hôpital où ils ont emmené leur amie agonisante est déjà rempli d’enfants blessés. L’éducation sentimentale frottée à la tragédie historique -tragédie restituée avec un sens de l’urgence à l’opposé de tout académisme- engendre un romanesque à la David Lean.

L’excellent trio d’acteurs, au milieu duquel rayonne une Anita Mui sublimée, permet au côté Jules et Jim de l’histoire de très bien fonctionner. Les fusillades, plus gracieuses car moins sanguinolentes et plus dansantes que chez John Woo, alternent avec des instants de pur bonheur. C’est un des privilèges du cinéma de Hong-Kong de ces années-là que d’avoir pu ranimer des archétypes et des sentiments simples grâce au contexte de la fin de la guerre du Viêt-Nâm et des exils afférents, permettant de réactiver les grands récits épiques à base de terres promises et de rêves de nouveaux départs avec la candeur des premières fois. Même la musique synthétique, sans être géniale, est nettement plus variée et touchante que celle, très agaçante, du précédent épisode.

Le bancal de certaines articulations de scénario visant à maintenir une opposition dramatique tout le long du récit n’empêche pas Tsui Hark d’emporter le morceau avec une fin déchirante où l’émotion se passe de mots. Magnifique découverte.

 

Le syndicat du crime (John Woo, 1986)

A sa sortie de prison, un caïd des triades retrouve son ami devenu éclopé après une fusillade et est confronté à son jeune frère devenu policier.

Classique fondateur d’un genre inepte mais classique fondateur quand même. La sentimentalité mélodramatique alliée à la violence chorégraphique des fusillades impose un ton, qui verse parfois dans la mièvrerie. La musique horrible et répétitive altère les ambitions lyriques et visuellement, c’est laid mais Chow Yun-Fat ne manque pas de charisme. Pas étonnant qu’il soit devenu une star après ce film.

Tueur de flics (The onion field, Harold Becker, 1979)

En mars 1963, deux malfrats enlèvent deux policiers qui voulaient contrôler leur voiture…

Chronique d’un fait divers et de ses répercussions où, encore une fois, après Les flics ne dorment pas la nuit et Bande de flics, le réalisme empathique de Joseph Wambaugh fait merveille. Tous les interprètes excellent. Partagé entre criminels procéduriers et victimes traumatisées, le récit tarde à trouver son unité mais c’est pour finalement accéder à une sérénité surprenante, quoique non dénuée de mélancolie. La séquence du déjeuner près du lac est un des plus purs instants de bonheur, de réconciliation avec le monde, montrés par le cinéma.

Annette et la dame blonde (Jean Dréville, 1942)

Une jeune fille découpe le manteau en vison de la maîtresse de l’homme dont elle est amoureux.

Comédie écrite par Decoin pour Darrieux, Annette et la dame blonde fut finalement réalisé par Jean Dréville avec Louise Carletti. C’est médiocre, niais et occasionnellement caricatural (l’Américaine) mais consolons-nous: avec le tandem initial, cela n’aurait certainement pas été un chef d’oeuvre tant le scénario est prévisible et inconsistant.