Napoléon à Sainte-Hélène (Lupu Pick, 1929)

Les dernières années de Napoléon, prisonnier de Hudson Lowe à Sainte-Hélène.

Ne pouvant réaliser sa très ambitieuse biographie de Napoléon en six épisodes, Abel Gance a vendu le scénario du dernier à Lupu Pick, cinéaste emblématique du Kammerspiel. En résulte un film évidemment très différent du légendaire Napoléon mais plutôt bon. L’emphase des cartons de Gance contraste avec la mise en scène calfeutrée. Le déroulement attendu de l’hagiographie n’empêche pas deux ou trois jolies scènes intimistes.

White dawn (Philip Kaufman, 1974)

A la fin du XIXème siècle, trois pêcheurs échoués sur la banquise sont recueillis par des Inuits.

L’intérêt provient des scènes pseudo-documentaires sur un peuple rarement vu au cinéma, nombreuses et variées, plutôt que de l’intrigue, assez faible. Parfois, les deux aspects s’interpénètrent, comme dans l’initiation à la pêche au phoque ou lors du panoramique montrant le piteux retour des occidentaux en même temps qu’il nous fait découvrir le camp dans sa globalité. Ce sont les meilleurs moments du film.

Les témoins (André Téchiné, 2007)

En 1984, une riche écrivain et son époux policier sont confrontés à l’arrivée du SIDA via un jeune homosexuel dont est fou amoureux leur proche ami médecin.

Le lyrisme est parfois forcé: le montage abrupt et la musique expressive de Philippe Sarde suppléent tant bien que mal à certains raccourcis du scénario. Fondamentalement réduite à un quatuor amoureux, la fresque semble étriquée mais comme souvent chez Téchiné, les acteurs sont excellents donc le film reste prenant.

Pour un sou d’amour (Jean Grémillon, 1931)

Pour s’assurer les sentiments d’une jeune fille, un milliardaire se fait passer pour son domestique et vise-versa.

Les flottements de la narration introduisent une certaine dose d’incertitude dans une intrigue fondamentalement conventionnelle, prétexte aux tours de chant de André Baugé. A noter que pour le plan d’ouverture, Jean Grémillon s’est amusé avec un travelling digne de Soy Cuba, parfaitement inutile.

La Pluie qui chante (Till the clouds roll by, Richard Whorf, 1947)

La vie du compositeur à succès Jerome Kern.

Une pièce montée MGM à laquelle tous les talents de l’unité Arthur Freed semblent avoir concouru. C’est académique, souvent kitsch et parfois trop long mais le Technicolor pétaradant et certains numéros spectaculaires permettent de passer un moment pas désagréable.

Tendre est la nuit (Henry King, 1962)

Un psychiatre épouse une riche patiente.

Le roman fêlé de Fitzgerald adapté par un vétéran du Hollywood classique sous contrôle de Selznick. Il y avait lieu de craindre que la sauce ne prenne pas. Et de fait, l’académisme de la forme, séduisant de par son opulence mais un brin languissant, peine à se coltiner les tourments intimes des personnages qui sont le sujet profond de l’oeuvre. Le film est essentiellement une suite d’images où deux personnages parlent au milieu de décors somptueux. Le Cinémascope évite à Henry King, plus routinier que jamais, de varier les plans. Pourtant, aussi patents que soient les défauts du film, il est difficile de le disqualifier complètement. En effet, le livre de Fitzgerald n’est pas trahi, la justesse du ton est maintenue et le drame, subtil, finit par émouvoir grâce à une dernière séquence particulièrement belle.

Tant que soufflera la tempête (Untamed, Henry King, 1955)

Au XIXème siècle, une riche Irlandaise fuit sa terre natale ravagée par le mildiou pour s’établir avec son mari en Afrique du Sud où elle espère secrètement retrouver un ancien amant, combattant pour l’état libre d’Orange.

Ce bref synopsis donne un aperçu de l’hétérogénéité du récit. Il ne faut malheureusement pas compter sur la mise en scène pour lui insuffler l’unité dramatique qui lui fait défaut. L’abus de transparences (Zanuck voulait utiliser un nouveau procédé « blue screen »), la relative inadéquation de Susan Hayward, que j’ai connue plus à son aise dans les modestes sagas de Stuart Heisler, à son rôle de femme passionnée et le manque d’intensité dramatique de plusieurs scènes d’action sont autant de handicaps lorsqu’il s’agit de compenser les faiblesses du script, particulièrement patentes dans une dernière partie qui use et abuse des coïncidences saugrenues au mépris de la vraisemblance la plus élémentaire. Heureusement, le film est riche d’images somptueuses de l’Afrique du Sud. Avec le Cinémascope, Henry King n’a pas perdu son sens du lyrisme visuel.

Un Yankee dans la R.A.F (Henry King, 1941)

Début 1940, un pilote américain s’engage dans la RAF par appât du gain et de l’aventure et retrouve une ancienne fiancée à Londres.

Cet étonnant mélange entre comédie de remariage et film de guerre fonctionne plutôt bien grâce à la légèreté maintenue du ton (le film date d’avant l’entrée en guerre des USA), à la concision du découpage, à la beauté du noir et blanc, au double-sens piquant de quelques répliques et à la beauté un peu canaille de Tyrone Power. Plaisant.