Un scientifique marié par intérêt à une femme sage retrouve un ami de jeunesse, photographe tourmenté par son couple avec une ancienne serveuse.
Une fois n’est pas coutume, ce film de Hiroshi Shimizu impressionne d’abord par sa densité narrative. Ellipses fulgurantes, changements de protagoniste principal et variété des enjeux dramatiques caractérisent un récit polyphonique qui trouve cependant son unité: on désire toujours ce que l’on n’a pas, on regrette les directions que l’on n’a pas prises. A côté de séquences de parlotte parfois plan-plan, la mise en scène sait faire preuve d’une formidable poésie -l’ouverture- ou d’une prodigieuse finesse: un seul travelling évoque tout ce que le chichiteux Wong Kar-Waï s’est efforcé d’illustrer pendant 1h40 dans son pénible In the mood for love. Par ailleurs, comme dans Betty de Claude Chabrol, le mélodrame romanesque s’avère le véhicule d’une dure critique des conventions de la bourgeoisie. Bref, Journal d’une famille est une nouvelle réussite à porter à l’actif de Shimizu, un film riche, juste, subtil et touchant.