Le cambrioleur (Hanns Schwarz, 1930)

La jeune épouse d’un riche fabricant de jouets est séduite par un beau cambrioleur.

On rêve à ce que Lubitsch aurait tiré d’un tel canevas, signé Louis Verneuil. En l’état, Le cambrioleur est une opérette parfois amusante, chiquement enrobée (jazz et art-déco) mais globalement poussiéreuse. Hanns Schwarz, qui fut grand, semble avoir perdu son inspiration avec l’arrivée du parlant; à moins que son talent n’eût pas été taillé pour la comédie.

Une gamine charmante (The patsy, King Vidor, 1928)

Une jeune fille de bonne famille, en butte à sa famille, tombe amoureuse d’un prétendant de sa grande soeur.

Adaptation muette d’une pièce de théâtre, conçue autour de l’actrice limitée qu’était Marion Davies. Cela donne une idée des limites du truc, malgré quelques idées marrantes comme l’imitation par l’héroïne de Lilian Gish.

Les particules élémentaires (Oskar Roehler, 2006)

Le difficile itinéraire sentimental et sexuel de deux fils d’une hippie, un professeur de Français et un biologiste génial.

Adaptation allemande du roman de Michel Houellebecq, fatalement moins riche, évidemment moins percutante d’un point de vue stylistique mais également moins pessimiste, ce qui n’est pas un mal vu le changement de medium. Quoique foncièrement inutile et certainement moins mémorable qu’Extension du domaine de la lutte de Philippe Harel, qui était porté par l’interprétation stupéfiante de José Garcia, Les particules élémentaires est un film honorable: il se suit plaisamment car il y reste une trace du génie dramatique, visionnaire et satirique de l’auteur initial.

L’heure suprême (Seventh Heaven, Henry King, 1937)

A Montmartre, un égoutier cynique recueille une fille de la rue et en tombe amoureux.

Contrairement au remake d’A travers l’orage, qui présentait quelque intérêt, cette nouvelle adaptation de la pièce immortalisée par Frank Borzage dix ans plus tôt est un échec absolu. La raison en est simple: ce qui passait la rampe quand le cinéma était muet ne la passe plus en parlant. A la poésie visuelle et à la délicatesse érotique, Henry King a substitué le pittoresque prétendument réaliste (désolants accents des seconds rôles), ce qui ne fait que mettre en exergue le caractère poussiéreux puis abracadabrantesque de l’intrigue. Un exemple éloquent pourrait être la différence entre les deux montées à l’appartement* mais tout le reste est également nul et rien ne fonctionne, jamais, d’autant que James Stewart en mauvais garçon (!) et Simone Simone en fille candide (!!) ne sont, évidemment, pas crédibles pour un sou.

*grandiose travelling vertical chez Borzage qui abstrait l’environnement et concentre le regard sur l’ascension en tant que telle VS succession de rencontres avec les voisins de l’immeuble chez King qui ne fait qu’insuffler un folklore médiocre et dispensable.

Maigret (Patrice Leconte, 2022)

Maigret enquête sur la mort d’une jeune inconnue lardée de coups de couteaux.

Une bonne surprise. Au début, j’ai craint le film académique, le polar mou et sans surprise dont les seules différences avec un épisode de série télé auraient été une photo exagérément sombre et une musique d’une qualité devenue rare (signée Bruno Coulais). Mais, au fur et à mesure de la projection, le véritable sujet de l’oeuvre se dessine; d’abord dans les interstices de l’enquête, puis de façon de plus en plus évidente. Ce sujet, c’est l’immense empathie du héros, une empathie d’autant plus vaste qu’elle ne va pas sans détachement, nourrie qu’elle est par la mélancolie et par le deuil. C’est avec une belle pudeur, et en s’appuyant sur un Gérard Depardieu qui incarne idéalement le personnage dans ses diverses dimensions (cependant les jeunes comédiennes manquent de justesse), que Patrice Leconte évoque ces fêlures et ces apaisements. Parce qu’il ne s’appesantit pas, son film a le mérite, devenu exceptionnel, de ne durer qu’1h25.

Drôle d’embrouille (Foul play, Colin Higgins, 1978)

A San Francisco, une jeune bibliothécaire se retrouve mêlée à un complot pour assassiner le pape.

Fantaisie ouvertement hitchcockienne mais plus franchement comique que les films d’action les plus légers du maître (tel La mort aux trousses). On frise donc la parodie, surtout à la fin où le spectateur ne prend plus du tout au sérieux le danger qui pèse sur les protagonistes mais s’amuse plutôt du déferlement dans lequel ils sont entraînés. Cela fonctionne sur la connivence avec un spectateur rompu aux codes du genre. La mise en scène, qui exploite joliment les décors de Big Sur et de San Francisco, est d’un dynamisme permanent mais le rythme sans temps mort n’empêche pas de s’attacher à Goldie Hawn et de croire à son personnage de vieille fille, aussi jolie soit-elle. Face à elle, l’épais Chevy Chase n’a pas la drôlerie d’un Cary Grant mais cette carence est un peu compensée par la présence de Dudley Moore dans un second rôle des plus marrants. Bref, Drôle d’embrouille est un divertissement rondement mené et éminemment sympathique.

Love never dies (King Vidor, 1921)

Contre sa famille, un jeune homme épouse la fille d’une femme de mauvaise réputation.

Epouvantable mélodrame, non tant par de quelconques excès pathétiques que par la poussiéreuse absurdité de ses rebondissements -peut-être accrue par d’éventuelles lacunes de la copie subsistante (?). Même le clou du film, à savoir un accident de train, est mis en scène de façon tout à fait invraisemblable. Love never dies est un sérieux candidat au titre de pire film de King Vidor.