Un brillant journaliste criminel, voulant démissionner pour convoler, est sollicité par son patron pour détourner les soupçons d’un meurtre qu’il vient de commettre.
Beaux décors épurés mais intrigue saugrenue.
Un brillant journaliste criminel, voulant démissionner pour convoler, est sollicité par son patron pour détourner les soupçons d’un meurtre qu’il vient de commettre.
Beaux décors épurés mais intrigue saugrenue.
Un vétéran de la RAF s’évade de la prison où il avait été condamné à passer trois ans pour avoir tué accidentellement un homme en voulant protéger une prostituée.
Le décor naturel de la campagne anglaise est le principal atout de ce petit film de traque dont la modestie est un peu altérée par certains dialogues trop philosophiques (sur le péché originel notamment) pour sonner juste.
Mutilé par la guerre, un musicien prometteur part en Sibérie pour fuir la pianiste qu’il aime.
Même si le dénouement ne brille pas par sa subtilité (mais est assez irrésistible dans son lyrisme propagandiste), le propos est plus fin qu’il n’y paraît: ce n’est pas uniquement en rencontrant le peuple de Sibérie que le musicien trouve l’inspiration mais c’est aussi en méditant solitairement après un chagrin intime. Pour traiter un sujet pour le moins original, les auteurs font preuve d’un minimum de dialectique, entre le collectif et la psychologie individuelle -cette dernière n’est pas niée. Le Sovietcolor est plus beau, moins kitsch, dans les extérieurs que dans les intérieurs, pour restituer les paysages que pour filmer les chairs. La virtuosité d’Ivan Pyriev est aussi saisissante dans les plans-séquences chantants qui matérialisent la communauté que dans le montage à la Dovjenko qui accompagne l’oratorio final. Bref, Le Dit de la terre sibérienne est un beau mélodrame musical.
Dans l’Allemagne ravagée par la seconde guerre mondiale, un enfant rescapé des camps quitte ses nourrices américaines tandis que sa mère le recherche, de son côté.
La cruelle audace des vignettes sur les gosses victimes de la guerre n’a pas grand-chose à envier à celle de Rossellini: l’influence de Allemagne année zéro dans cette production MGM est prégnante même si nimbée d’un discours édifiant d’autant plus estimable qu’il n’est dénué ni de glaçante précision (Auschwitz est nommé) ni d’une certaine finesse (les séquences avec le petit imposteur juif). La force dramatique de ce que Les anges marqués vise à documenter est rehaussée par les vertus typiquement hollywoodiennes de la mise en scène: maîtrise du cadre, concision du découpage, sens de la suggestion. Cependant, la sécheresse du style de Fred Zinnemann, à la limite de l’aridité, est aussi la limite du film: elle ne contribue pas à étoffer un récit et des personnages parfois trop schématiques. Ce n’est pas si grave: comme dans les grands films italiens ou japonais contemporains sur le même thème, la puissance émotionnelle intrinsèque des séquences se suffit souvent à elle-même.
Un grand-père croise son ancienne institutrice et se souvient ses années d’école primaire, avec un instituteur brillant mais anticonformiste.
Cette académique adaptation du roman de Edmondo de Amicis n’a pas la sensibilité de celle de Comencini.
A la fin de la guerre, des enfants sans toit se regroupent en bande et se mettent à voler…
Des idées fortes (l’enfant qui vole les bottes du pendu) gâchées par un réalisateur qui a préféré les effets de manche vaguement expressionnistes et les messages superficiellement et lourdement assénés à la profondeur de l’écriture. Infiniment inférieur aux Enfants du nid d’abeilles.
L’histoire d’une folle.
Les notations documentaires sur la vie à l’asile et les traitements variés infligés à l’héroïne ainsi qu’un travelling impressionnant qui poétise la chronique et donne son titre à l’oeuvre sont ce qu’il y a à retenir de ce pesant pensum sur la psychiatrie même si Robert Walker et Olivia de Havilland sont bons.
Après avoir fui deux prétendants, une femme se fait embaucher dans une ferme et séduit le maître de maison.
Bagarres cristallise ce que François Truffaut fustigeait à juste titre dans « une certaine tendance du cinéma français »: déroulement programmatique d’un récit sans vie, épaisseur du trait provoquée par l’artifice de l’écriture et la fausseté des théâtreux, dialogues prétentieux mais ineptes et laideur des sentiments trop généralisée pour être honnête.
En Norvège, des résistants tentent de neutraliser une usine fournissant de l’eau lourde aux nazis.
Faisant jouer leur propre rôle aux protagonistes de l’histoire, usant et abusant de la voix-off, insérant images d’actualité et commentaires de physiciens, Jean Dréville a réalisé un « docu-fiction » avant la lettre. D’où que le didactisme l’emporte sur le spectaculaire malgré de jolies images des montagnes norvégiennes et une séquence d’infiltration assez réussie. La plus-value par rapport à un article de journal reste minime.
Après des frasques à travers toute l’Europe, Don Juan tente de reconquérir la confiance de la Reine d’Espagne…
Il y a quelques baisses de rythme, Errol Flynn a pris cher en moins de 10 ans, l’absence d’un auteur derrière la caméra se fait sentir dans les moments où l’accent aurait pu être mis sur la mélancolie du personnage mais c’est un divertissement joliment coloré par le Technicolor et où de très bonnes séquences d’action montrent que l’aigle des mers avait encore de beaux restes. Plaisant.
Pour délivrer son frère des geôles vénitiennes, Casanova est chargé d’intercepter une lettre envoyée à Catherine de Russie.
Riccardo Freda prend de très grandes libertés avec les mémoires du séducteur vénitien pour trousser un film d’aventures dynamique et enlevé. C’est superficiel mais le sens du décor et de l’action font du Chevalier mystérieux un des bons films de cape et épée italiens. Pour une fois, un film de Freda ne pèche pas côté interprétation grâce à une révélation de tout premier ordre dans le rôle principal: Vittorio Gassman.
Tout le monde connaît l’histoire.
C’est inégal. A certains moments (la fuite du bagne, le regard de Fantine sur la place, la poupée de Cosette…), l’accord entre la dynamique caméra de Freda, le décor et les acteurs cristallise le sens de la scène avec une concision qui frôle la grâce. De plus, Hans Hinrich est un excellent Javert, faisant ressentir tout le drame du policier n’existant que par son devoir. Malheureusement, le budget restreint altère la qualité des séquences d’émeute de la dernière partie et, lorsqu’il s’agit d’incarner le monstre d’expérience et d’amour qu’est le vieux Valjean, Gino Cervi n’a pas le charisme nécessaire (contrairement par exemple à Harry Baur). D’où que, globalement, plus le film avance moins il passionne son spectateur; la fin mélodramatique insupporte carrément tant elle s’éternise alors que le récit souffre par ailleurs de gros raccourcis.
A Los Angeles, des policiers recherchent un cambrioleur qui a tué un des leurs.
L’éclat du style, fondé sur les splendides contrastes de John Alton, des décors insolites et un découpage impeccable, fait passer outre la lourdeur didactique de la voix-off. Quoiqu’il n’en soit pas le réalisateur officiel, c’est à mon sens la meilleure, car la plus équilibrée, des multiples séries B à tendance documentaire auxquelles Anthony Mann a mis la main à la pâte à la fin des années 40.
A ses risques et périls, une journaliste récemment fiancée enquête sur un caïd…
Film noir anglais propulsé par une forme survitaminée et une interprétation très variée. Le jeu de la trop tôt disparue Carole Landis, inspirée par son idole Carole Lombard, tire le polar vers la comédie américaine et le très vif Nigel Patrick accroît l’élégante rapidité de la mise en scène. C’est ainsi que, malgré un scénario verbeux (tiré d’une pièce de théâtre), Noose est un film très grisant qui justifie la réputation de Edmond T.Gréville.
Un homme s’évade de prison avec l’aide d’une fille qui est amoureuse lui mais entraîne dans leur cavale la bourgeoise dont il demeure amoureux.
Aux confins de l’abstraction, la sécheresse formaliste du style force l’admiration mais éloigne quelque peu le spectateur des personnages et des enjeux dramatiques.
Dans les bas-fonds d’une ville japonaise, un médecin alcoolique soigne un ombrageux yakuza atteint de tuberculose.
Symbolisme neuneu, gravité uniforme du ton, interprétation sans nuance, redondances de l’écriture théâtrale, dialogues didactiques et cadrages sursignifiants réduisent l’oeuvre à un pensum.
Pendant le fascisme, un fonctionnaire sicilien est obligé de s’encarter pour conserver son poste…
Les années difficiles est une vraie petite fresque puisque les protagonistes sont suivis pendant dix ans et que la grande histoire y interfère sans cesse avec leur destin. Une large attention est accordée aux personnages secondaires, à l’entourage familial et amical du héros. Luigi Zampa parvient à garder une certaine unité thématique en se focalisant sur les attitudes des uns et des autres face à l’hydre fasciste. La plupart des scènes sont marquées par une percutante justesse de ton même si on pourra regretter l’univocité du comportement du héros: celui-ci est perpétuellement représenté comme une victime; comme si, en dix ans, il n’avait jamais profité de la situation créée par les magouilles de sa femme. L’interprétation façon « chien battu » de Umberto Spadaro n’aide pas à enrichir son caractère. Gageons que si Les années difficiles avait été tourné dix ans plus tard avec Alberto Sordi, le personnage aurait été plus nuancé. Ce défaut révèle un manque de franchise dans la satire mais n’empêche pas le film de figurer parmi les réussites de Zampa d’autant que le montage vif maintient un rythme soutenu dans la narration. Enfin, si Les années difficiles est plus dramatique que plusieurs travaux ultérieurs du cinéaste, ses passages comiques font mouche: ainsi de la représentation de la Norma caviardée par les miliciens incultes.
Dans le Japon dévasté de l’immédiat après-guerre, un jeune soldat démobilisé entreprend d’emmener une bande de gamins abandonnés à l’orphelinat où il a grandi…
Le nom de sa société de production (« Les films du nid d’abeilles ») ainsi que le fait que Hiroshi Shimizu a recueilli des orphelins après la guerre laissaient à penser que le présent opus lui tenait à coeur. Juger sur pièce aujourd’hui confirme ce pressentiment. Les enfants du nid d’abeille est un des films les plus émouvants que j’ai jamais vus.
Shimizu transfigure l’esthétique néo-réaliste -qu’il avait inventée dans les années 30- en traitant ce sujet brûlant d’actualité avec un sens poétique inné. Ainsi son découpage transforme t-il les bords de mer, les routes de campagne, les ruines de Hiroshima, les rivières et les montagnes en autant de caisses de résonance venant accueillir les tourments de ses petits héros victimes du chaos de l’après-guerre. Une foultitude d’idées visuelles matérialise l’émotion latente d’un récit des plus ténus. En faire la liste serait laborieux et gâcherait le plaisir de la découverte.
Le sens de l’espace du cinéaste n’a d’égal que son sens de la durée, tel qu’en témoigne l’étonnante dilatation de l’ascension finale. Le plus stupéfiant est que le lyrisme intense de cette mise en scène n’altère jamais la sensation de libre évidence propre aux grands films de Shimizu. La caméra se promène toujours autant. Les acmés émotionnelles -que le naturel de ses jeunes interprètes rend d’autant plus déchirantes- cohabitent avec des passages légers comme ce tabassage du maquereau rendu presque comique par le jeu sur le bord de cadre.
Bref, grâce à la pureté d’un style qui accorde suprêmement les paysages, l’évocation sociale et les destins individuels, Hiroshi Shimizu fait passer son message humaniste avec mille fois plus de force qu’un Vittorio de Sica. Alliant le génie de la mise en scène à la dignité du ton, il s’affirme à mes yeux comme un des plus grands artistes de l’Histoire du cinéma.
Pour dissuader un homme d’entasser ses sous à la banque, un vieux monsieur lui raconte comment 1000 dollars providentiels sauvèrent sa petite ville au moment de la Grande Dépression.
En plus de présenter une communauté pittoresque et variée avec sa bonhomie coutumière, Allan Dwan montre les ravages de l’inflation, la mécanique dévastatrice actionnée par le défaut de paiement d’un créancier ou encore le caractère mortifère de l’épargne avec l’évidente simplicité qui fait défaut aux monuments plus théoriques du type L’argent de L’Herbier. Pour ce moraliste grand et humble, la circulation de l’argent est nécessaire en tant que virtualité qui engendre l’activité humaine, bien réelle celle-ci. The inside story est une charmante petite fable qui n’est malheureusement pas près de vieillir.
La jeune épouse d’un homme malade voit revenir dans son village reculé un médecin qu’elle aima autrefois.
Ce drame implacable, entre Flaubert et Le facteur sonne toujours deux fois, est considéré comme un des meilleurs films de l’histoire du cinéma chinois. La cruauté sans fard avec laquelle est présentée la situation, l’abstraction d’un environnement réduit à une maison et un mur en ruines, la sinistre voix-off de l’héroïne et le jeu anti-sentimental de Wei Wei installent une ambiance étouffante mais cette ambiance est illuminée par la nostalgie refoulée d’un passé toujours vivace. La mise en scène de Fei Mu, qui impressionnait déjà par sa justesse et son refus de la caricature, se montre particulièrement percutante dans ces évocations aussi lyriques que subtiles. Voir par exemple la promenade de l’ancien couple cadré de dos au milieu d’un sentier ensoleillé. Sans que la parole ne soit nécessaire, les vas-et vient contradictoires de la jeune femme rendent joliment sensibles les tourments de son coeur. La froideur désespérée de la narration est ainsi équilibrée par l’inscription des personnages dans les beaux décors naturels qui donne une ampleur cosmique au drame intimiste. Enfin, le dénouement achève de montrer que cette odyssée mentale au sein de la noirceur humaine n’est pas complaisance nihiliste mais terreau nécessaire à une salvatrice prise de conscience. Printemps dans une petite ville est un très beau film.