Un étudiant tombe amoureux d’une jeune femme mariée.
Bluette agrémentée par la délicieuse Hilda Koronel.
Un étudiant tombe amoureux d’une jeune femme mariée.
Bluette agrémentée par la délicieuse Hilda Koronel.
Un jeune photographe retourne chez son père, paralytique, et se retrouve confronté à des phénomènes paranormaux.
Film fantastique un peu con et très languissant mais nanti d’une certaine qualité de la mise en scène pour ce qui a trait à l’infusion de l’étrange (surtout dans la première partie car la suite, plus explicite, devient grotesque).
Deux policiers enquêtant sur le meurtre apparemment inexplicable d’un policier à la retraite mettent à jour le passé d’un pianiste prometteur.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’originalité de la structure: le polar se transforme en pur mélodrame. Objet d’un très long flash-back muet -quoique propulsé par la musique, belle mais répétitive- ce mélodrame est d’une déchirante pureté. Si cette structure insolite peut éveiller les soupçons du spectateur qui se méfierait à juste titre d’artifices de narration aussi criants, elle s’avère en fait le parfait véhicule du drame: un impossible refoulement transfiguré par la musique. Que ce film audacieux et magistral ait été le plus gros carton du box-office japonais dans les années 70 rappelle qu’il est des lieux et des époques où succès populaire et succès artistique pouvaient aller de pair.
Après le décès de sa mère, un employé de bureau invite ses collègues à une réception dans sa somptueuse demeure.
Caractérisant ses personnages avec finesse et précision, ce récit vaguement satirique manque cependant de tendresse, d’invention et de profondeur. Finalement peu substantiel, il eût aussi gagné à davantage de concision. L’interprétation, quoiqu’assurée par des acteurs excellents tel Jean-Luc Bideau, est un brin mécanique. Elle accentue le côté malaisant d’un film où les plaisirs de la chère et de la chair semblent vus sous un prisme puritain, malgré le cadre renoirien et les pointes libertaires bien dans l’air du temps. D’où l’impression, même si ça se laisse suivre, d’un film quelque peu laborieux, loin du « miracle » décrit par un Jacques Lourcelles.
En Angleterre à la fin des années 50, un jeune homme fou de rock abandonne ses études et quitte sa mère.
Le contraire d’American graffiti, sorti la même année. Aucune nostalgie ici mais le portrait, bien dans la manière « kitchen sink » du cinéma anglais, d’un désaxé dans un environnement glauque. Ringo Starr, Billy Fury et Keith Moon apparaissent dans des seconds rôles mais sans capitaliser sur leur image de star. On entend une ribambelle de tubes du rock primitif mais ceux-ci ne visent guère à propulser les images ou à euphoriser le spectateur; aucun n’est d’ailleurs entendu en entier, à part l’éponyme pendant le générique de fin. Les scènes où le personnage se promène à la fête foraine saisissent une certaine vérité de l’amateur de rock, son inaptitude à la vie, avec une distante crudité dont feraient bien de s’inspirer les auteurs complaisants comme Nick Hornby (qui a sûrement vu ce « film-culte »).
Le héros est fondamentalement antipathique mais une connexion est établie avec le spectateur via son trauma d’enfance dont le surgissement pourrait paraître conventionnel sur le papier mais dont la traduction à l’écran, vive et sèche, a une certaine force émotionnelle et boucle logiquement avec sa passion pour le rock. Cependant, en ne montrant que du glauque ou du minable, Claude Whatham ne rend nullement sensible l’excitation produite par la musique sur son protagoniste, empêche de le comprendre pleinement et, en fait, escamote une dimension de son sujet. Enfin, le découpage est parfois, notamment dans les séquences en intérieur, très aléatoire. A défaut d’une exaltation qu’il ne semble pas rechercher, plus de rigueur formelle aurait peut-être rendu That’ll be the day plus incisif.
Pour contenir les débordements d’un afflux d’hommes venus travailler dans les champs de pétrole, une petite ville fait appel à un vétéran du Viêt-Nam. Cela ne se passera pas comme prévu.
Le sujet, entre Rambo et L’homme aux colts d’or, est passionnant. Le film est nul. La faute à une mise en scène sans queue ni tête, où la musiquette parasite la tonalité des séquences, où les multiples éclats de violence semblent gratuits tant ils manquent d’impact dramatique, où aucune continuité narrative ou spatiale n’est rendue sensible, où la dimension politique et tragique du récit est sacrifiée à la grossièreté des effets et, surtout, où la direction d’acteurs ne compense nullement le miscast absolu qu’est le trop sympathique Kris Kristofferson dans un rôle ambigu et méchant.
A San Francisco, une jeune bibliothécaire se retrouve mêlée à un complot pour assassiner le pape.
Fantaisie ouvertement hitchcockienne mais plus franchement comique que les films d’action les plus légers du maître (tel La mort aux trousses). On frise donc la parodie, surtout à la fin où le spectateur ne prend plus du tout au sérieux le danger qui pèse sur les protagonistes mais s’amuse plutôt du déferlement dans lequel ils sont entraînés. Cela fonctionne sur la connivence avec un spectateur rompu aux codes du genre. La mise en scène, qui exploite joliment les décors de Big Sur et de San Francisco, est d’un dynamisme permanent mais le rythme sans temps mort n’empêche pas de s’attacher à Goldie Hawn et de croire à son personnage de vieille fille, aussi jolie soit-elle. Face à elle, l’épais Chevy Chase n’a pas la drôlerie d’un Cary Grant mais cette carence est un peu compensée par la présence de Dudley Moore dans un second rôle des plus marrants. Bref, Drôle d’embrouille est un divertissement rondement mené et éminemment sympathique.
L’OAS organise un complot pour délivrer le général Challe tandis qu’un commissaire, aidé par un barbouze, tente de les contrecarrer.
Bien moins orienté à droite qu’on ne l’a dit, ce film a pour principale qualité sa subtilité: l’empathie pour les « soldats perdus » est sensible mais ce n’en sont pas moins les « méchants » d’un film polyphonique dont le héros -s’il devait y en avoir un- serait le policier républicain et indulgent joué par Michel Bouquet. Même le barbouze qui, dans une optique antigaulliste, serait le méchant, est présenté sans caricature et avec de surprenantes qualités. Ainsi, Le complot déploie un récit aussi prenant qu’ambitieux puisqu’il s’agit quasiment d’un film-dossier sur l’OAS.
Pourtant, les quelques tirades d’ordre un peu général sur le drame des soldats et fonctionnaires déchirés n’altèrent pas la cadence d’une intrigue savamment menée. Rarement l’avancée d’une enquête au cinéma aura été rendue d’une façon aussi concrète, intelligible et captivante. Ces profondes qualités d’écriture sont soutenues par une interprétation aux petits oignons, de Michel Bouquet déjà cité à Jean Rochefort dans un rôle qui préfigure celui qu’il tiendra chez Schoendoerffer (dont les films sur « la fin de l’empire » sont nettement moins bons que celui-ci) en passant par Michel Duchaussoy, Raymond Pellegrin et Dominique Zardi.
Le bémol qui empêche Le complot de passer de la catégorie « bon film » à « vrai grand film », c’est une mise en scène sans plus-value. Le travail de Réné Gainville est honnête mais, parfois, j’aurais aimé que sa caméra se focalise sur un détail qui aurait singularisé son regard, apporté une sensibilité inattendue (par exemple, j’ai trouvé dommage que le policier victime d’un coup du lapin ne soit plus montré après l’évasion de son prisonnier). En l’état, il illustre honnêtement mais sans surprise son impeccable script (qu’il a co-signé).
De jeunes Américains passent une année d’études à Paris.
Une relative fraîcheur, le plaisir amusant de voir de sympathiques seconds rôles français (Christophe Bourseiller, Marie-Anne Chazel, Anémone, Jean Rochefort…) parler Anglais et quelques bonheurs de mise en scène qui tournent tous autour de Marie-France Pisier rendent agréable le visionnage de cette très conventionnelle bluette.
De son mariage en 1939 jusqu’à 1954, l’itinéraire d’une femme mariée à un nationaliste flamand engagé aux côtés des Allemands sur le front russe et qui eut une liaison avec un résistant planqué chez elle.
« Itinéraire » est un bien grand mot dans la mesure où le personnage évolue peu et demeure politiquement et psychologiquement pas très consistant. Fidèles à leur titre, les auteurs s’intéressent à une femme soumise à des forces antagonistes qui a peu de prises sur son destin. L’évocation du contexte historique se borne à quelques allusions et l’essentiel du film se déroule dans le foyer. Contrairement à ce que disait Michel Mourlet dans sa critique, le personnage du collabo n’est guère approfondi, restant dans son stéréotype de réprouvé aigri. D’irritants fondus au noir qui interviennent, dans la grande tradition d’une soi-disant modernité cinématographique, juste avant l’acmé des séquences, altèrent la fluidité du récit en même temps qu’ils neutralisent la dramaturgie.
En résulte un film trop mou compte tenu de son passionnant sujet (la présence de Rutger Hauer et l’ancrage flamand évoquent évidemment Paul Verhoeven) mais digne, notamment grâce à de beaux cadres larges, à la justesse parfois percutante des scènes prises isolément et à une Marie-Christine Barrault parfaite dans son rôle « koulechovien » (le champ sur une horreur de la guerre/contrechamp sur son visage -expressif mais pas trop- revient souvent dans le film).
Pour retourner un diplomate français, un service secret étranger cherche une faille dans sa vie privée.
Sans doute le meilleur film de Michel Deville. Cette fois, l’arbitraire de la forme est justifié par l’originalité profonde de la narration. Aucune coquetterie, à part un ou deux airs de Schubert. On songe à du Resnais du début des années 60 mais sans la prétention et la gratuité. L’idée de raconter la vie du diplomate à travers documents d’archives, photos et témoignages recueillis en caméra subjective par le service secret, engendre un portrait à la Citizen Kane, où la magistrale démultiplication des points de vue et des sortes d’images met finalement le doigt sur la fêlure d’un homme. De l’invention stylistique la plus radicale résulte le tragique le plus sec. Le dossier 51 est un film suffisamment grand pour être aimé des détracteurs de son auteur: un classique.
Enlevé par le MI5, un physicien français, que les Soviétiques forçaient à travailler pour eux, retrouve la France après seize ans ans mais est pourchassé par le KGB.
Le début est un peu compliqué à suivre mais la suite est bien menée: Claude Pinoteau réussit un film d’action presque continue où Lino Ventura insuffle une profondeur émotionnelle grâce à un jeu d’une économie de moyens exemplaire.
Une famille de marginaux part à la recherche de la fille, parti avec son petit ami.
Ecrit par Jean-Charles Tacchella, ce second film de l’auteur des Honneurs de la guerre est aussi invertébré et déplaisant que Cousin, cousine ou Le pays bleu.
Un bourgeois dont l’épouse, qu’il trompait, est morte dans un accident louche se retrouve la cible d’un maître-chanteur.
Le thème du meurtre commis par un maître-chanteur est ici traité de façon beaucoup moins convaincante que dans La main à couper. La faute aux invraisemblances d’un scénario cousu de fil blanc, à la sous-intrigue hautement dispensable de la soeur frappadingue et à des comédiens qui, pour être célèbres, n’en manquent pas moins de crédibilité et d’intensité: Jean-Claude Brialy, Robert Hossein et Michel Serrault ne semblent pas à leur place.
Rejoignant son jeune amant, une mère de famille bourgeoise le découvre assassiné.
L’univers, les situations, les personnages et la présence de Michel Bouquet évoquent le cinéma de Claude Chabrol mais le traitement est plus focalisé sur la résolution de l’intrigue que sur la critique sociale. En résulte un polar plaisant, où le trio exceptionnel Bouquet/Serrault/Blier fait de l’ombre à Léa Massari qui incarne pourtant le protagoniste principal.
Cédant à un lobby américain, l’état français légalise la drogue; ce à quoi s’oppose un gros trafiquant.
Ce premier film d’Alain Corneau fut un échec fort compréhensible tant il est raté. Les gags de la comédie noire tombent à plat et le thriller d’anticipation n’a aucune intensité. On dirait un pastiche du Godard littéral et grotesque de Week-end.
A Los Angeles, un Français tue un homme d’affaires puis est lui-même pourchassé par un tueur.
Cet essai de polar français dans un cadre américain est raté pour les causes suivantes:
Reste un exotisme qui, aujourd’hui que le mode de vie américain est familier au public français, a fait long feu (la famille qui mange devant la télé, les bikers, les bars top-less, les grosses voitures…), quelques poursuites bien réalisées et un final étonnamment sanglant. C’est peu, au regard de la médiocrité du scénario.
Un forcené se retranche avec une mère et sa fille dans une maison et exige, en échange de leur libération, qu’on lui amène la plus belle fille du village.
Le film se focalise alors sur les réactions des notables chargés de négocier. L’écriture est théâtrale, peu soucieuse de vraisemblance, mettant en exergue la veulerie des personnages, interprétés par une savoureuse brochette de comédiens (Bernard Blier, Claude Piéplu, Francis Blanche, Charles Vanel…), avec une certaine drôlerie et sans beaucoup de nuances. Le personnage du fou, lui, n’a aucune intérêt et sa relation dans la dernière partie avec la fille du maire est d’un ridicule achevé. Pour rompre la prévisibilité de cette charge jeuniste, on note des ruptures de ton à faire pâlir d’envie les scénaristes de comédie italienne. Bref, ce film du fils de Georges se laisse suivre, présente quelque intérêt, mais déçoit dans sa structure et ses finitions.
En 1945, le gang des Tractions avant enchaîne les braquages.
Avec ce polar rétro, Alain Delon et Jacques Deray ont visiblement voulu réitérer le succès de Borsalino. Malheureusement, malgré l’absence de Belmondo, ils se placent dans la lignée du film original et non de sa suite, infiniment supérieure. En effet, comme le faux classique de 1970, Le gang est un polar miné par la dérision et l’esprit de sympathie que les auteurs ont voulu insuffler à une chronique pourtant inspirée de crimes sinistres. Comme dans Borsalino, une rengaine de Claude Bolling fait tendre plusieurs scènes d’action vers la parodie. Comme dans Borsalino, on ne verra jamais le héros, pourtant un psychopathe calqué sur Pierrot le fou, abattre les policiers sur lesquels il tire: pas de contrechamp à ses coups de feu, ce qui rend neutralise littéralement les séquences de fusillades. Elles perdent tout leur intérêt dramatique.
Pire: parce qu’il jouait un personnage de dingue, Alain Delon a cru judicieux de s’affubler d’une ridicule perruque frisée. Il perd ainsi sa proverbiale beauté et la romance de son personnage avec une jeune fille qui quitte tout pour rejoindre le gangster voit sa crédibilité anéantie. C’était pourtant une des bonnes idées des auteurs que de faire raconter l’histoire par cette jeune fille, jouée par la jolie Nicole Calfan. Enfin, la seule séquence où Delon joue la folie justifiant le surnom de son personnage apparait invraisemblable et déplacée, tant le mélange des tons est mal géré; sauf dans Rocco et ses frères, Delon est un acteur d’autant plus grand qu’il s’extériorise peu. Reste la qualité visuelle de la reconstitution, bien mise en valeur par les cadres souvent larges de Jacques Deray: les scènes dans les auberges sur la Marne ont presque un parfum renoirien.
Après avoir braqué une banque pour renflouer une crèche, un couple se planque chez divers amis.
Exemple de « nouveau cinéma allemand » moins sinistre que les films de Wenders ou Fassbinder. Les échanges entre la braqueuse et les personnages qui l’hébergent (un pasteur puis une amie d’enfance mariée à un bourgeois) nourrissent un récit dialectique qui se clôt par une magnifique illustration de la solidarité féminine. Dommage que le découpage manque de rigueur et que l’image soit aussi laide que l’idée que l’on se fait habituellement du cinéma allemand contemporain.