He got game (Spike Lee, 1998)

Un détenu se voit offrir par le gouverneur une possibilité de liberté conditionnelle s’il convainc son fils, meilleur espoir du basket américain, d’entrer à l’université de l’état.

Le lourd secret entre le père et le fils fait de He got game, fondamentalement, un drame familial. Le récit part un peu dans tous les sens, certaines scènes tirent en longueur, le point de vue est plus sentimental que critique (même si les dessous du basket américain sont brocardés), la pompière musique de Aaron Copland hyperbolise les scènes de basket et le dénouement manque de crédibilité. Toutefois, l’élan lyrique de la réalisation transfigure cette dialectique familialo-sportive attendue mais belle.

Wind River (Tom Shell, 1998)

L’histoire d’un enfant mormon élevé par les Shoshones après une fugue.

Le doux pacifisme du ton est joli mais, rechignant aux plans larges, la caméra ne rend pas justice aux beaux décors naturels. Les ralentis et la musique accentuent le kitsch de l’ensemble. Karen Allen n’apparaît que très peu de temps à l’écran. Bref, cette adaptation des mémoires d’un ancien du Pony Express ne gagne pas à être connue.

La dilettante (Pascal Thomas, 1998)

Après avoir plaqué son dernier mari, une femme débarque à Paris et retrouve ses deux enfants…

Où Pascal Thomas et Jacques Lourcelles ont-ils voulu en venir? Ce portrait féminin manque d’unité. La faute en incombe d’abord à la construction narrative: plusieurs séquences sont redondantes (l’héroïne qui annonce à trois personne différentes qu’elle est amoureuse d’un prêtre) tandis que certaines ellipses apparaissent comme des facilités (les collégiens qui nettoient leur bahut dans la joie et la bonne humeur). Le temps d’un flash-back inattendu ou d’une crise de nerfs dans un parloir, on discerne bien les déséquilibres induits par une existence de « dilettante » mais le traitement du drame, notamment la relation avec la fille, demeure aussi superficiel que le personnage.

Pourtant, en dépit de ces lacunes, La dilettante est un des derniers vrais bons films de Pascal Thomas. Il y a d’abord cette qualité de regard propre à l’auteur des Zozos. Aussi à l’aise à Pantin qu’à Neuilly, il filme la France de son époque sans vouloir-dire sociologique mais avec un décalage léger et douillet (pour ne pas dire doucereux). Après Les zozos mais avant Le grand appartement, la distance entre patrie rêvée et patrie réelle reste supportable et stylisation n’est pas encore mise sous cloche. Dialogues ciselés, loin de tout naturalisme, et comédiens typés (merci d’avoir été dégoter Odette Laure!) participent de cette tendre ironie. Enfin, l’accord entre Catherine Frot et son personnage relève du miracle. C’est la raison principale pour laquelle La dilettante demeure un film à voir.

Babe 2, le cochon dans la ville (George Miller, 1998)

Babe le cochon devenu berger se retrouve propulsé dans une grande ville pour aider son maître dont la ferme est menacée de saisie.

La gentillesse forcenée et quasi-absurde (alors qu’il évolue dans un milieu horrible) de Babe rappelle Ce bon vieux Sam. Il y a d’ailleurs du McCarey (ou du Capra) dans ce film dont la fin résolument utopique ne va pas sans un nécessaire contrepoint de noirceur d’autant plus terrifiant que le film est d’abord destiné aux enfants. Le réalisateur George Miller utilise génialement tous les artifices du studio à sa disposition. Les courses-poursuites virtuoses où la caméra ignore les contraintes physiques plongent littéralement le spectateur dans le film tandis que décors et lumière très stylisés accentuent l’intemporalité de la fable. L’aspect parfois brouillon du scénario ne doit pas faire oublier que Babe 2 est un film magnifique, plus radical que l’original. Inventif, drôle, pétri d’humanité (joies de l’anthropomorphisme!), complètement fou et absolument pas infantile.

Jeanne et le garçon formidable (Olivier Ducastel et Jacques Martineau, 1998).

Une jeune fille qui couche avec plein de garçons tombe enfin amoureuse. Pas de bol, il a le SIDA.

Comédie musicale traitant d’un sujet de société, dans la lignée des films de Jacques Demy, Jeanne et le garçon formidable s’avère plutôt réussi malgré le côté foncièrement casse-gueule du projet. Certains chansons ralentissent le film mais d’autres sont entraînantes tout en synthétisant bien la situation. Le scénario est un peu simpliste mais concis et la mise en scène aérée donne au film une certaine légèreté malgré que celui-ci soit encombré de vouloir-dire militant: caricatures simplistes (le salaud d’ex qui évidemment sort de HEC!), idéologie post soixante-huitarde infantile, apologie des blaireaux d’Act-up. Et puis, il y a Virginie Ledoyen à 20 ans. Elle est merveilleuse de jeunesse, de beauté, de vitalité. Simplement irrésistible.