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Une bande de joyeux bohèmes vit dans un grand appartement parisien sous le régime de la loi de 1948. C’est à dire que le loyer n’y a jamais augmenté depuis cette date. Mais la propriétaire veut les expulser pour gagner plus d’argent.
Le sujet, à savoir la crise du logement et la hausse faramineuse des loyers à Paris, était particulièrement intéressant et prometteur d’autant que le talent de Pascal Thomas s’est souvent épanoui lorsqu’il partait d’un contexte sociologique très précis. Malheureusement, Le grand appartement est raté, certainement à cause de la paresse de son auteur. Le film est très mal écrit, il accumule les scènes où Pascal Thomas se livre sans ambages sur ses goûts et dégoûts (une référence mac-mahonienne dans une comédie française c’est amusant mais quatre, ça commence à faire beaucoup) sans se soucier d’ordonner un quelconque récit. Il n’y a pas de dialectique narrative, pas de progression dramatique, la résolution de l’intrigue est tellement facile qu’on se demande pourquoi elle n’est pas intervenue dès le début. Ce qui aurait certes épargné au spectateur la vision d’un film assez catastrophique.
C’est malheureux à constater mais la fantaisie de Pascal Thomas tourne ici à vide. Voir la séquence interminable, fatigante et parfaitement inutile à l’histoire racontée où le personnage de réalisateur (mal) joué par Arditi tourne son film. On sent que Pascal Thomas ne s’intéresse plus à son époque voire la méprise cordialement. On ne saurait lui en vouloir mais de ce fait tout sonne faux et creux dans son film alors que brillaient par leur justesse ses précédentes réussites. Son Paris villageois de pacotille n’est guère éloigné de celui d’un Jean-Pierre Jeunet. Plusieurs gags sont d’une vulgarité navrante et assez inédite chez le cinéaste. Enfin, il ne faut pas compter sur les acteurs pour sauver les meubles. Il est loin le temps du grand Bernard Menez. Mathieu Amalric a beau jouir d’un prestige qui ne sera jamais celui de son sous-estimé prédécesseur, c’est un piètre acteur comique.