Dans l’Oregon au XIXème siècle, deux chasseurs de castors -un Chinois et un Américain- s’associent pour fabriquer des beignets et les vendre aux pionniers.
Un exemple de l’imposture d’une certaine modernité et d’un cinéma soi-disant indépendant.
Derrière la posture démysthificatrice: une dramaturgie hyper-simpliste, avec ses deux gentils pauvres et son riche méchant, qui veut tuer les deux pauvres juste parce qu’ils ont trait sa vache. Que l’on est loin de la subtilité et de la complexité agissante du Passage du canyon, sublime western vieux de 75 ans racontant également (entre autres choses) une histoire d’amitié dans l’Oregon des pionniers.
Derrière les préoccupations politico-écolo clamées en interview*: un contexte social que l’insipidité des acteurs, le schématisme du récit et la pauvreté des cadres rendent inexistant autrement que par les dialogues (aussi piteux que le reste mais chargés d’expliciter ce que nombre de westerns classiques, tel La captive aux yeux clairs, exprimaient par le seul truchement de leur mise en scène: les thèmes de la frontière, de l’enrichissement capitaliste…).
Derrière les références à Mizoguchi**: des plans étriqués aux antipodes de la richesse et du dynamisme de ceux du maître nippon. La superposition de protagonistes dans des champs sans profondeur et mal éclairés (car à l’époque les saloons étaient mal éclairés) n’engendre que confusion et étouffement. A peu près aucun plan d’ensemble qui restituerait, par exemple, la topographie du fort. Il y a certes quelques jolies images automnales mais, encore une fois, même d’un strict point de vue visuel, on reste loin de la splendeur de n’importe quel chef d’oeuvre du genre tourné entre 1945 et 1960 (cf Le passage du canyon, encore une fois).
Si coup de génie de Kelly Reichardt il y a, c’est d’avoir réalisé un western étriqué (soit l’équivalent d’une comédie pas drôle).
*l’autrice compare son méchant au patron d’Exxon mais son commentaire est nécessaire pour que le spectateur fasse le rapprochement. Preuve de l’échec de l’oeuvre.
**visiblement confondu avec Ozu par la réalisatrice américaine dans son entretien en bonus du DVD mais ce n’est pas grave car ça fait toujours chic de citer des cinéastes asiatiques.