Flammes (Adolfo Arrieta, 1978)

Une jeune fille rêve de s’enfuir de chez elle avec un pompier.

Il y a quelque chose d’agaçant chez les thuriféraires d’Adolfo Arrieta (comme chez ceux de Biette, ce sont d’ailleurs souvent les mêmes), c’est l’invocation systématique des réalisateurs dits de série B hollywoodienne pour expliquer leur engouement. Cette invocation est abusive. La trinité « Touneur/Dwan/Ulmer » est récitée comme un mantra au motif qu’eux aussi n’auraient pas eu beaucoup de sous pour faire leurs films. C’est très discutable (à part pour Ulmer) et c’est omettre que s’il y a un point commun entre ces cinéastes très différents dans leur style comme dans leur inspiration, c’est bien le classicisme de leur art.

Arrietta lui n’est pas du tout classique. Que les choses soient claires: Flammes n’a absolument rien à voir avec Wichita ou La reine de la prairie. Si l’on tient vraiment à rattacher le cinéma d’Arietta à des maîtres du passé alors mieux vaut citer Bunuel et Cocteau. Il y a des points communs même si qualitativement, Flammes est loin, très loin, du Charme discret de la bourgeoisie comme de L’aigle à deux têtes.

En effet, un argument dramatique abstrait jusqu’à l’absurdité, un rythme narratif atone, un récit anémique, une mise en scène excessivement statique, des comédiens à côté de la plaque et des dialogues littéraux font de Flammes une rêverie laborieuse et nombriliste plutôt qu’un fascinant poème onirique (fût-il parcouru de je ne sais quelle « vibration nocturne »).

Enfin, une statistique pour dégonfler un peu la hype autour de ce film morne et fumeux: dans la salle de cinéma, on était six. Deux personnes sont parties avant la fin, une a ricané un peu bêtement tout du long,  une autre s’est endormie (à 19 heures) et une autre s’est tellement ennuyée devant ce qui se passait à l’écran qu’elle a pris soin de noter les réactions des autres spectateurs afin de les reporter sur son blog.