Depuis un trou perdu du Mexique jusqu’au tribunal de la ville, un shérif adjoint ramène un suspect…
Cette production Robert Aldrich est typiquement le genre de film qui justifie l’engouement des cinéphiles pour les westerns à petit budget. Le genre de film où un sujet de convention est revitalisé par mille trouvailles cinématographiques. La première d’entre elles: avoir fait du shérif un moustachu ventripotent qui n’a aucun goût pour son métier mais qui, par un reste d’amour-propre, se montre tenace comme un pittbull. William Conrad excelle à restituer les multiples nuances de son caractère. Face à lui, Anthony Quinn joue le suspect plus gentil qu’il n’y paraît. Parce que son instinct de survie n’est jamais éludé par les scénaristes, ses variations de comportement restent vraisemblables. D’ailleurs, le scénario ressort de la meilleure tradition westernienne en ceci que les péripéties découlent naturellement du postulat de départ et de l’exploitation dramatique du milieu géographique dans lequel évoluent les personnages (ainsi des rebondissements provoqués par la traversée d’un territoire apache). Ce décor est appréhendé avec précision par les réalisateurs (il est dit que l’assistant de Aldrich, Oscar Rudolph, dirigea dix jours de tournage à la place de Allen Miner). Les cadres sont composés avec un soin particulier et il n’y a pas un plan en trop. Lors de certaines confrontations, de légères plongées et contre-plongées préfigurent le découpage du duel dans Il était une fois dans l’Ouest. Bref, La chevauchée du retour est un très bon film, sorte de miniature sèche du sublime 3h10 pour Yuma.