La fosse aux serpents (Anatole Litvak, 1948)

L’histoire d’une folle.

Les notations documentaires sur la vie à l’asile et les traitements variés infligés à l’héroïne ainsi qu’un travelling impressionnant qui poétise la chronique et donne son titre à l’oeuvre sont ce qu’il y a à retenir de ce pesant pensum sur la psychiatrie même si Robert Walker et Olivia de Havilland sont bons.

La nuit des généraux (Anatole Litvak, 1967)

En Pologne puis en France occupée, enquête sur des meurtres sadiques de prostituées commis par un général allemand.

J’ai rarement vu un « whodunit » aussi prévisible mais le film, superproduction sans personnalité mais non dénué d’une intelligence minimale notamment dans le point de vue sur l’attentat du 20 Juillet, se suit quand même agréablement. Les sauts de la narration et la prestigieuse distribution y sont pour beaucoup. J’ai découvert que Omar Sharif pouvait avoir du charisme. Un effet de son uniforme bien coupé?

Coeur de Lilas (Anatole Litvak, 1932)

Pour innocenter un ouvrier accusé du meurtre de son patron, un flic infiltre un hôtel louche des bas-fonds…

Cœur de Lilas représente bien tout ce que le cinéma français du début des années 30 pouvait avoir d’inventif, de frais, de libre. Le film lézarde tranquillement, en studio et en plein air, du figurant vers la vedette, de la vedette vers le figurant, alterne les tons sans franche rupture de la continuité dramatique avant de, suprême élégance, retomber sur ses pattes. La fin est aussi surprenante que magnifique. L’histoire d’amour en creux du film policier est particulièrement bien racontée, par petites touches pudiques et délicates. Des travellings très sophistiqués diluent l’intrigue policière en mettant l’accent sur les microcosmes (faubourgeois puis bourgeois) dans lesquels se déroule l’action. Le rendu semble parfois apprêté plus que naturel mais est moins esthétisant que ce que Duvivier pouvait faire à la même époque avec un style analogue. Les chansons de Fréhel, Gabin et Fernandel (doublé) mettent de la vie et de la joie. Et surtout, il y a Marcelle Romée. La sublime et oubliée Marcelle Romée. Si la jeune actrice ne s’était pas suicidée juste après ce film, peut-être la fascination qui émane de sa beauté froide, de son regard insondable et de la modernité de son jeu suggestif auraient éclipsé Mireille Balin. Rien de moins.

L’équipage (Anatole Litvak, 1935)

Pendant la première guerre mondiale, un pilote d’avion et son jeune observateur sont amoureux de la même femme.

L’équipage est un film inégal qui contient de très belles scènes. L’expression des sentiments des jeunes tourtereaux est ratée à cause d’une certaine raideur, d’un manque de lyrisme intime dans la mise en scène qui frôle l’académisme sans toutefois y tomber. Chose étrange: le couple ne s’embrasse jamais. Ainsi, Litvak préfère figurer le déchirement de l’adieu avec des surimpressions…En revanche, les moments graves et dignes, tels ceux ayant trait aux blessures secrètes du formidable personnage de Maury, sont plus inspirés notamment grâce à la superbe interprétation de Charles Vanel. Quelques pertinents mouvements d’appareil et la beauté pleine de douleur contenue d’Annabella contribuent aussi à insuffler de l’émotion à cette honorable adaptation de Kessel.