Onoda – 10 000 nuits dans la jungle (Arthur Harari, 2021) 

Refusant de croire à la reddition, un lieutenant japonais resta trente ans à combattre sur une île philippine, avec sa section de guérilla.

Bien sûr, l’ambition d’un « jeune » cinéaste français qui part tourner dans la nature cambodgienne avec des acteurs japonais force le respect. De plus, ce cinéaste a un admirable sens du découpage, restituant la beauté des paysages divers sans esthétisme et la topographie des quelques scènes d’action avec une rare clarté. Mais après? Que raconte Onoda? Quel est le point de vue de l’auteur sur son personnage extraordinaire? Difficile à dire. Malgré qu’il dure 2h47, le film ne développe guère son formidable postulat; il le ressasse. L’absence de concision se fait ressentir d’autant plus cruellement. Voir par exemple la scène de la première rencontre avec le touriste dont la longueur finit par diluer le sel. Harari a la sens de l’espace (ô combien) mais, ici, le sens du rythme, tant interne à chaque séquence que global, lui fait défaut (Diamant noir était mieux géré de ce point de vue). La relative fadeur de l’acteur principal et le quasi-escamotage des conséquences violentes de son fanatisme (le véritable Onoda tua une centaine de Philippins après la fin de la guerre) participent également à ce sentiment de neutralisation académique d’un sujet extrêmement fort. Ceci étant dit, s’il ne faut pas confondre Onoda-1000 nuits dans la jungle avec Fièvre sur Anatahan, ses qualités déjà mentionnées en font un film non seulement estimable mais aussi, ponctuellement, frappant. La dernière scène est franchement, même si presque forcément, émouvante.

Diamant noir (Arthur Harari, 2016)

A la mort de son père évincé de la famille, un petit cambrioleur renoue avec ses cousins diamantaires à Anvers dans le but de le venger.

Bon premier film à la James Gray. La narration n’est pas aussi précise et rigoureuse que celle du maître américain, du volontarisme shakespearien détourne parfois de l’essentiel (compte tenu de son importance dans l’intrigue, le cousin épileptique a peut-être trop de scènes), le rendu visuel est ingrat mais les acteurs sont bons et le milieu diamantaire s’avère un écrin aussi original qu’intéressant pour renouveler le traitement des thèmes éternels du film noir (qui sont ceux de la tragédie).