Un bandit en cavale tombe amoureux de la fille d’un fermier…
Film véritablement séminal puisqu’il s’agit du premier western avec William S.Hart. La structure du mythe est déjà là: un pistolet dans chaque main, une jeune fille, la rédemption, des chevauchées, les oscillations du Bien et du Mal…L’intrigue est globalement schématique mais sait surprendre lorsque le shérif perd au jeu (ce qui suscite l’arrangement éponyme). La mise en scène est très avancée: on se croirait déjà en 1915. Comme Griffith, les auteurs viennent du théâtre -cela se voit dans un savoureux et inventif prologue- mais, plus encore que Griffith, pensent cinéma. Les acteurs sont sobres (Clara Williams un peu moins que ses homologues masculins), les échelles de plan sont variées, les cartons n’abondent pas, le montage fait progresser plusieurs actions en même temps, la caméra bouge. Notamment, il y a un long mouvement d’appareil dans un tripot qui, inutile à l’intrigue, accentue le poids du décor et insuffle une authenticité d’ordre entomologique à cette peinture d’un Ouest rudimentaire. Bref, Le serment de Rio Jim est, eu égard à sa situation dans l’Histoire du cinéma, une oeuvre exceptionnelle. On comprend que que son réalisateur, Reginald Barker, soit à sortir des oubliettes de toute urgence et que son producteur, Thomas Ince, ait été, au sortir de la Première guerre mondiale, considéré comme plus important encore que l’auteur de Naissance d’une nation.