L’avocat de la terreur (Barbet Schroeder, 2007)

Un documentaire sur maître Vergès qui a été l’avocat du FLN, de Carlos, de Klaus Barbie, des Khmers rouges et de clients divers et variés.

Un itinéraire tel que celui de Jacques Vergès est évidemment passionnant dans la mesure où il recoupe une bonne partie de ce qui a fait la deuxième moitié du XXème siècle. Le fait que le cinéaste ait donné la parole, non seulement à Vergès, mais aussi à des témoins directs du FLN, de la fraction armée rouge ou encore de Septembre noir permet d’en apprendre beaucoup sur les mouvements terroristes des années 60-70. Les liens entre militantisme palestinien et nazisme sont ainsi clairement établis.

Néanmoins, pour captivant qu’il soit, on a l’impression que L’avocat de la terreur ne traite que superficiellement son sujet. Evidemment, le secret d’une personnalité comme celle de Vergès ne peut pas être révélé en deux heures mais plutôt que des interventions de  »journalistes spécialisés » réductrices du type « c’est un ancien colonisé donc il n’aime pas l’Occident », on aurait aimé un contradicteur qui pousse l’avocat dans ses retranchements quand il justifie ses défenses de Klaus Barbie ou des Khmers rouges avec des raisonnements très grossiers voire ouvertement fallacieux. Qu’on le mette en face de ses éventuels mensonges (mensonges qui sont d’ailleurs mis en évidence par le montage) pour qu’il en ressorte quelque chose d’intellectuellement plus stimulant que des analogies primaires entre méthodes de la Gestapo à Lyon et méthodes de l’armée française en Algérie. Mais son parcours est si riche et il y a tellement d’affaires à creuser que c’est dix heures qu’il aurait fallu lui consacrer. Pour ma part, j’aurais été prêt à tout regarder sans sourciller.