Débuts à Broadway (Babes on Broadway, Busby Berkeley, 1941)

Trois jeunes auteurs-compositeurs tentent de percer à Broadway.

Babes on Broadway n’est pas à proprement parler la suite de Babes in arms mais, avec son même duo de vedettes, son même réalisateur et son intrigue analogue, on peut le considérer comme une variation. Les qualités -musique, dynamisme, entrain- sont les mêmes mais il y a un -logique et léger- effet de redite. Vincente Minnelli réalisa plusieurs séquences musicales avec Judy Garland, a minima celle dans le théâtre abandonné dans laquelle Patrick Brion voit, déjà, une illustration des futurs thèmes de prédilection (flou de la frontière entre rêve et réalité…) de l’auteur de Brigadoon. C’est indéniable mais cette scène est si imperceptiblement intégrée à une structure conventionnelle qu’une hypothétique idiosyncrasie ne peut y être décelée qu’à la lumière des travaux postérieurs du cinéaste.

Place au rythme (Babes in arms, Busby Berkeley, 1939)

Des jeunes, enfants d’artistes de vaudeville mis sur la touche par le cinéma parlant, se lancent dans la création d’un spectacle musical.

Une comédie musicale enlevée, propulsée par l’abattage du prodigieux Mickey Rooney (ses pastiches de Clark Gable et Lionel Barrymore sont irrésistibles) qui forme ici un joli couple avec Judy Garland. Les chansons de Rogers & Hart sont pour plusieurs devenues d’immenses standards (Where or When, The lady is a tramp…). Pour léger qu’il soit, l’arrière-plan dramatique -les comédiens mis en chômage, le conflit avec les parents- nuance la mièvrerie attendue. Finalement, la morale est qu’il faut saisir sa chance, avec tout le côté aléatoire que le terme « chance » implique. Avec son découpage ample et mobile et son rythme sans défaut, Busby Berkeley prouve que son talent ne se limitait pas à la mise en boîte de numéros avant-gardistes; ces numéros sont d’ailleurs ici absents, le style chorégraphique étant plus spontané que dans Chercheuses d’or ou Prologues, matérialisant un torrent de vitalité juvénile qui préfigure ce que sera la comédie musicale d’après-guerre (Babes in arms est la première production d’Arthur Freed).