Bar des rails (Cédric Kahn, 1991)

Un adolescent a une liaison avec sa voisine, de dix ans plus âgée.

La réputation confidentielle mais prestigieuse de ce premier film de Cédric Kahn s’explique certainement pas sa rareté: c’est presque une caricature de « cinéma naturaliste à la Française du début des années 90 » avec abus de plans sous-exposés, banalité constante des situations, décors miteux, apathie des comédiens (qui décrédibilise d’ailleurs l’amour de cette femme pour ce garçon) et dialogues consternants de platitude où une phrase sur deux est inaudible. Sur ce sujet rebattu, une palanquée de films sont largement préférables. Toutefois, la présence de Fabienne Babe évite le décrochage total et absolu du spectateur.

Bonheur (Cédric Kahn, 1994)

Trois jeunes filles et cinq garçons s’en vont faire la fête dans la maison désertée d’une des filles.

Plusieurs qualités font de l’opus de Cédric Kahn un des meilleurs téléfilms de la collection Tous les garçons et les filles mon âge, derrière les deux chefs d’oeuvre de Téchiné et Mazuy mais assez loin devant le reste (Akerman, Assayas, Denis…). D’abord, la multiplicité des personnages assure à la narration un séduisant caractère polyphonique que l’auteur orchestre avec une grande subtilité. Ensuite, les kékés du Sud sont plus amusants à suivre sur un écran que les intellos suicidaires. Observés avec une justesse qui ne manque pas de cocasserie, ils vivent et ils agissent plutôt qu’ils ne théorisent, ce qui conduit le metteur en scène à faire preuve d’inventivité et d’imagination et à faire passer sa vision politique (car politique il y a) en filigrane et non via de faciles explicitations verbales. Enfin, les paysages ensoleillés de la Drôme provençale fournissent un magnifique écrin aux premières amours qui sont ici filmées. Le dernier plan pare la chronique adolescente d’un tantinet de poésie cosmique.