En Angleterre à la fin des années 50, un jeune homme fou de rock abandonne ses études et quitte sa mère.
Le contraire d’American graffiti, sorti la même année. Aucune nostalgie ici mais le portrait, bien dans la manière « kitchen sink » du cinéma anglais, d’un désaxé dans un environnement glauque. Ringo Starr, Billy Fury et Keith Moon apparaissent dans des seconds rôles mais sans capitaliser sur leur image de star. On entend une ribambelle de tubes du rock primitif mais ceux-ci ne visent guère à propulser les images ou à euphoriser le spectateur; aucun n’est d’ailleurs entendu en entier, à part l’éponyme pendant le générique de fin. Les scènes où le personnage se promène à la fête foraine saisissent une certaine vérité de l’amateur de rock, son inaptitude à la vie, avec une distante crudité dont feraient bien de s’inspirer les auteurs complaisants comme Nick Hornby (qui a sûrement vu ce « film-culte »).
Le héros est fondamentalement antipathique mais une connexion est établie avec le spectateur via son trauma d’enfance dont le surgissement pourrait paraître conventionnel sur le papier mais dont la traduction à l’écran, vive et sèche, a une certaine force émotionnelle et boucle logiquement avec sa passion pour le rock. Cependant, en ne montrant que du glauque ou du minable, Claude Whatham ne rend nullement sensible l’excitation produite par la musique sur son protagoniste, empêche de le comprendre pleinement et, en fait, escamote une dimension de son sujet. Enfin, le découpage est parfois, notamment dans les séquences en intérieur, très aléatoire. A défaut d’une exaltation qu’il ne semble pas rechercher, plus de rigueur formelle aurait peut-être rendu That’ll be the day plus incisif.