La fille du docteur Jekyll veut se marier mais des meurtres horribles ont lieu pendant la nuit et elle est soupçonnée.
Mou, bête, ridicule. Mais qu’est venu faire Arthur Shields dans cette galère?
La fille du docteur Jekyll veut se marier mais des meurtres horribles ont lieu pendant la nuit et elle est soupçonnée.
Mou, bête, ridicule. Mais qu’est venu faire Arthur Shields dans cette galère?
Un psychiatre s’oppose à la tyrannique direction d’un centre de redressement pour jeunes filles.
Ce film indépendant tourné en dix jours a les atours, racoleurs et hypocrites, du film d’exploitation façon « women in prison » mais Bernard Vorhaus, qui abandonna le tournage à Edgar Ulmer après six jours pour cause de persécutions maccarthystes, semble l’avoir entrepris avec une réelle conviction morale. Il y a un certain réalisme dans la mise en scène ainsi que la volonté de faire passer un message progressiste. La façon dont est dispensé ce message est d’ailleurs la principale faiblesse du film: en faisant du problème social abordé un problème de personnes (le gentil progressiste face au méchant directeur), l’auteur ôte toute portée générale à son discours tout en soumettant les caractères des personnages à un schématisme manichéen. Cette facilité, très typique du cinéma américain, est d’autant plus regrettable que So young so bad ne manque pas d’audace par ailleurs.
Inceste, suicide, lesbianisme et meurtre d’animal sont ainsi évoqués, plus ou moins explicitement. Sans que cela n’apparaisse gratuit car ces thématiques ont toute leur place dans un film sur des jeunes filles à la dérive. Eluder les questions sexuelles avec un tel sujet aurait été idiot. Les petites productions indépendantes étaient moins surveillées par la censure que les films des majors et cela fut une bonne chose pour un film social tel que So young so bad qui, réalisé dans le cadre d’un gros studio, aurait probablement été plus aseptisé.
On retrouve d’ailleurs ce côté rentre-dedans dans l’ensemble de la mise en scène, particulièrement inspirée. Dès l’introduction sur les chapeaux de roues (littéralement), le spectateur est frappé par un style viscéral et percutant. Une excellente idée parmi quinze autres: le fait que la mise au cachot des filles, passage obligé du genre, s’accompagne pour l’une d’entre elles de luttes physiques pour l’y faire entrer. Cela fait violemment ressortir l’angoisse du personnage. Les réalisateurs ont également tiré parti de leur manque de décors en décuplant l’expressivité de leur lumière, contrastée et dramatisante.
La distribution de jeunes actrices au jeu naturel et dru est aussi pour beaucoup dans la vérité du film. Même lorsqu’ils sont écrits à gros traits, leurs personnages sont touchants. Il faut voir Anne Francis arriver à rendre crédible le plus vulgaire des rebondissements de mélo pour mesurer combien la belle méritait plus grande carrière qu’elle n’a eu.
Sorti la même semaine que le Caged de John Cromwell, So young so bad n’aurait pu être qu’un « woman in prison » de plus; c’est, malgré un scénario décevant, une petite merveille dans la droite lignée des brûlots humanistes (plus que féministes) d’Ida Lupino.
Trois histoires de reines malheureuses en amour vues par une troupe de théâtre.
Le côté théâtral n’est là que pour lier trois sketches et n’est pas du tout exploité. The love of three queens est une production Hedy Lamarr qui vise donc à mettre en valeur Hedy Lamarr à une époque où la carrière de la star, presque quadragénaire, était sur le déclin. Elle n’est plus aussi resplendissante qu’à l’époque du Démon de la chair mais le Technicolor a le mérite de mettre en valeur le bleu de ses yeux. Le premier sketch, sur une reine injustement répudiée, est le meilleur. Si sa fin est convenue, le début est d’une pureté mizoguchienne. Le deuxième sketch sur Joséphine avec Gérard Oury en Napoléon est ridicule (Allégret en est probablement responsable) et le dernier, qui condense la guerre de Troie en une demi-heure, est désolant de platitude.
Une soirée au club Havana: des couples se font et se défont tandis qu’un meurtrier a été repéré dans la salle par un témoin du crime.
Imaginez un film choral façon Robert Altman (ou Yves Mirande) sans star, sans misanthropie, sans prétention, sans budget mais avec beaucoup de talent. En 61 minutes chrono, le cinéaste fait vivre une petite dizaine de personnages. Bien sûr, l’artifice du fabricant de spectacle qui prend soin de mêler humour, sentiments et intrigue policière est prégnant mais la mise en scène d’Ulmer lie tout ça avec une aisance et un naturel qui laissent pantois. Voir ses mouvements d’appareil qui n’ont rien à envier à ceux de Scorsese quand il filme le restaurant dans Les affranchis. De fait: Club Havana est un film tour à tour drôle, cruel et musical.
Trois escrocs en cavale se réfugient dans une paroisse et sont obligés de faire des sermons aux clochards.
Comédie policière de deuxième zone dont les gags sont navrants mais qui touche juste lors de quelques passages sentimentaux grâce à l’élégance attentionnée de sa mise en scène. Pas si mal.
Un étudiant en théologie à la recherche de l’authenticité juive, est accueilli par un village d’agriculteurs.
Le thème est original et intéressant mais le récit dévie rapidement vers une historiette amoureuse banale, mal écrite (ça se traîne beaucoup) et pas très bien jouée. De plus, les quelques images pastorales ne camouflent guère l’indigence de la mise en scène.
Dans un village juif menacé par le choléra, un estropié tombe amoureux d’une aveugle.
En raison de l’estampille « Edgar G. Ulmer », The light ahead est un des rares films yiddish à ne pas avoir complètement disparu de la circulation aujourd’hui. C’est un précieux témoignage d’une culture anéantie peu de temps après sa sortie dans les conditions que l’on sait. Si la reconstitution d’un village d’Europe centrale avec deux décors et demi dans un studio bon marché du New-Jersey n’est guère crédible, l’histoire adaptée de Mendele Mokher Seforim est pleinement ancrée dans le folklore ashkénaze. Fatalité et superstition archaïque se conjuguent pour le malheur éternel des juifs misérables. Ce pathos revendiqué n’a rien à voir avec le mélodrame et n’empêche pas l’humour. Ainsi, le spectateur n’est jamais conduit à s’apitoyer sur les handicaps des deux personnages principaux et les auteurs sont critiques vis-à-vis de la traditionnelle résignation juive. Les acteurs sont bons (la future femme de Lee J.Cobb, Helen Berverley, joue la jeune aveugle), Ulmer arrive à tirer parti des contraintes du studio pour styliser l’image et, en dépit du statisme théâtral qui régit une bonne partie des scènes, le film est parfois beau.
Un flic modèle s’entiche d’une femme condamnée pour meurtre.
Murder is my beat aurait pu être un chouette film noir de seconde zone si moins de libertés n’avaient été prises par le scénario avec le réalisme le plus élémentaire et si Barbara Patyon avait été plus belle (donc plus convaincante en tant que femme fatale).
Une immigrée irlandaise femme de ménage au Carnegie Hall veut faire de son fils un grand musicien.
Carnegie Hall fut l’unique production de Federal films, société fondée par deux anciens de la Paramount, William Le Barron et Boris Morros. Je vous invite à vous renseigner sur Borris Morros car sa biographie, romanesque au possible, vaut le détour. Carnegie Hall est une magnifique déclaration d’amour à la musique européenne. Sur les 135 minutes du métrage (ce qui en fait, de loin, le film le plus long de Ulmer), une très large place est accordée aux représentations de concert. C’est un véritable plaisir que de voir des interprètes aussi légendaires que le violoniste Jascha Heifetz, le pianiste Artur Rubinstein, le chef Piatigorsky ou encore la soprano Lily Pons (également connue des cinéphiles pour avoir été la vedette d’un des pires films de Raoul Walsh: Hitting a new high) jouer des morceaux entiers de Chopin, Tchaïkovsky, Wagner, Saint-Saëns et autres Beethoven d’autant que ces morceaux ont généralement été choisis pour que les virtuoses puissent exhiber à loisir leur talent.
Les musiciens sont parfaitement filmés par un Ulmer respectueux et amoureux. A une époque où les références en la matière ne couraient pas les rues, le cinéaste pérennise le dispositif qui sert toujours pour la captation de concert. Force est de constater que depuis 65 ans, il n’a pas beaucoup changé. Gros plans sur les doigts des instrumentistes, amples mouvements d’appareil traversant la salle du Carnegie Hall et plans d’ensemble de l’orchestre se succèdent au rythme de la musique.
Le film raconte cependant une histoire même si le traitement de cette histoire reste superficiel en raison du peu de temps qui lui est accordé. C’est un édifiant conflit entre tradition et modernité incarné dans la mère et le fils, passionné par le jazz, s’étalant sur plusieurs années à la façon de certains films de Henry King. Evidemment, la musique « classique » symbolise l’apport culturel des immigrés européens à l’Amérique. Si cela se conclut de la plus attendue des façons, la poignante beauté de Marsha Hunt donne chair et vie à ce drame souvent convenu. Edgar Ulmer a aussi un vrai talent pour mêler la narration à la représentation musicale. Ainsi du moment où la femme de ménage et le pianiste ombrageux tombent amoureux. Ils sont dans un salon entrain d’écouter un orchestre jouer une quintette de Robert Schumann. La caméra filme cet orchestre tandis qu’à l’arrière-plan, on voit notre couple aller s’isoler à gauche du cadre. C’est discret et subtil.
Opprimés par Catherine de Russie, des cosaques ukrainiens s’exilent en Turquie.
Cossacks in Exile est un film américain tourné en langue ukrainienne de la même façon que des petits studios new-yorkais produisaient des films yiddish. Evidemment, le budget n’est pas énorme mais en adaptant un opéra-comique de Semyon Artemovsky, Edgar G.Ulmer et Vasile Ayramenko ont réussi à évoquer la nostalgie des déracinés. Sans se focaliser sur des drames individuels, la première partie raconte comment le peuple en est venu à s’exiler. La succession d’images de désolation reliées par les lamentations d’un barde a une certaine force pathétique. Les beaux plans nocturnes sont parfois agrémentés de couleurs au pochoir. Dans sa deuxième partie, le film se focalise sur les pitreries d’un cosaque porté sur la bouteille. Pour ces raisons (exil, nostalgie, alcoolisme joyeux, plans hérités de Murnau, ruptures de ton), Cossacks in Exile est peut-être le film le plus fordien d’Ulmer. Il est dommage que la fin soit confuse au point que deux personnes qui m’accompagnaient à la projection n’ont pas mieux compris que moi le dénouement. Peut-être que l’absence de sous-titre sur certaines chansons n’a pas aidé pas.
L’ascension dans le milieu de la finance d’un homme parti de rien au coeur sec.
Ruthless est un des rares films pour lesquels Edgar G. Ulmer a bénéficié d’un budget décent. C’est aussi une de ses pleines et entières réussites. L’histoire de cet homme sans pitié qui se hisse au sommet après avoir écrasé son entourage est a priori archi-rebattue mais est en fait racontée avec une subtilité toute dialectique. Ainsi, l’ascension du héros est le fruit d’un vague opportunisme amoureux avant d’être celui d’une supposée volonté de fer. Par bien des aspects, ce requin de la finance est un homme faible. Quoique retraçant toute sa vie depuis une enfance douloureuse, Ulmer a l’intelligence de ne pas réduire le caractère de son personnage à un unique trauma. Pas d’explication artificielle façon « Rosebud » ici. Les longs flashbacks sont là pour montrer toute la complexité du personnage, non pour la simplifier abusivement. Les décors de la Nouvelle-Angleterre et de Wall Street n’étant pas particulièrement propices aux envolées du poète expressionniste qu’était Ulmer, la mise en scène est classique. Classique et parfaitement maîtrisée. Les acteurs sont excellents. Louis Hayward restitue jusqu’au bout le mystère de son personnage grâce à un jeu très sobre et est entouré de grands seconds rôles, à commencer par un inoubliable Sydney Greenstreet qui se montre ici plus shakesperien que jamais. Tout au plus regrettera t-on la convention du deus ex-machina final qui retire un peu de sa force à la superbe dernière séquence.
Alors qu’il essaye un nouvel avion, un pilote de chasse américain se retrouve dans un futur dévasté.
L’indigence de cette série Z n’empêche pas un singulier travail sur les décors dessinés par Ulmer lui-même. Si le film n’est pas des plus passionnants, on notera qu’il n’est pas complètement nul non plus. Son intrigue n’est pas simpliste et il fallait oser réaliser un film ouvertement anti-nucléaire en 1960, c’est à dire au plus fort de l’équilibre de la terreur. Avec trois bouts de ficelle, le cinéaste arrive à exprimer une certaine désolation quant au devenir de l’humanité.
A Naples, un aristocrate dont le frère a été assassiné par le pouvoir met un masque, prend un pseudonyme et s’associe aux révolutionnaires.
Même si pour cette coproduction italo-américaine, Edgar G.Ulmer a disposé de plus de moyens qu’il n’en avait d’habitude, Les pirates de Capri reste un produit de série très formaté et sans surprise. En l’occurrence, il s’agit d’un ersatz pur et simple de Zorro. Le cinéaste ne cherche guère à faire oublier la convention. Preuve en est cette séquence censément dramatique qui a fait rire les spectateurs et irrémédiablement entamé ma suspension d’incrédulité: le justicier s’introduit dans la chambre d’une noble qu’il connaît très bien sous son identité officielle et discute en tête-à-tête avec elle. Seul un loup le masque et elle ne le reconnaît jamais alors qu’il va jusqu’à l’embrasser. Un metteur en scène plus attentif à ce qu’il filme aurait joué avec les éclairages, les décors ou les distances entre les comédiens pour y faire croire. Ce n’est pas le cas d’Ulmer qui se comporte ici en pur illustrateur et ne fait que ressortir l’ineptie du scénario. Ajoutons que le terne Louis Hayward n’a pas le charisme d’un Errol Flynn ou d’un Douglas Fairbanks et que la couleur manque cruellement aux paysages de Capri dont chaque cinéphile connaît -et adore- le bleu intense depuis qu’il a vu Le mépris.
Une jeune fille est amoureuse d’un jeune homme honni par sa mère qui est sous la coupe d’un mauvais garçon.
Aux Etats-Unis dans les années 30, certains studios de troisième zone produisaient des films destinés à des marchés « ethniques ». On faisait des films avec des Noirs pour les Noirs, des films en yiddish pour les Juifs…Au cours de son long purgatoire, Edgar G.Ulmer a tourné plusieurs de ces oeuvrettes qui étaient réalisées dans des conditions misérables. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est un film de blaxploitation mis en boîte 30 ans avant la blaxploitation.
Bouclé en quatre jours avec des bouts de super 8 en guise de pellicule qui font qu’aucun plan ne dure jamais plus de cinq secondes, il est d’une effarante pauvreté technique mais il a un intérêt historique évident en cela qu’il est un témoin cinématographique de la culture afro-américaine des années 30. On y voit d’ailleurs Sidney Bechet. Dépeignant des passions dont l’intensité est plus exacerbée que chez les Blancs, le film est plus cru et plus réaliste que ses homologues hollywoodiens (dans les scènes de bagarre notamment). Moon over Harlem est une sorte d’équivalent cinématographique (très) low-fi aux chansons de R&B des années 50.
Un jeune homme rêve que le prétendant de sa mère est l’assassin de son père, un juge.
Une histoire à dormir debout qui aurait peut-être pu donner lieu à un chouette thriller de série B si au bout d’une demi-heure, la narration n’avait pas bêtement dévié du point de vue du jeune héros vers celui du méchant, levant de ce fait tout mystère, toute ambigüité.
Après la mort de son ami, un bandit en cavale se réfugie chez un couple de fermiers.
Le bandit est une série B extraordinaire, un petit film inclassable et d’une originalité folle. C’est censé être un western mais il y a très peu d’action, pas mal de dialogues et une des séquences les plus longues est une conversation entre un homme et une femme dans une cuisine! Il est difficile d’en parler correctement sans déflorer l’intrigue. Disons que Le bandit est axé sur la confrontation d’un bandit mexicain avec un jeune couple et que ce qui l’élève, c’est que c’est un film fait de beaux sentiments. Un film d’une noblesse qui réchauffe le coeur. Cette noblesse n’apparaît jamais forcée grâce une remarquable justesse dans l’écriture des personnages, quasiment aucun évènement n’arrivant trop tôt. Le tout est mis en scène avec des plans-séquences d’une efficacité remarquable. Ils présentent l’action tout autant qu’ils nous familiarisent avec la maison où elle se passe. On se sent chez nous dans ce film. Les couleurs, très vives, sont superbes, les textures sont palpables. Le héros est interprété par le grand Arthur Kennedy, un abonné aux seconds rôles chez Raoul Walsh ou Anthony Mann qui donne avec cette composition mémorable de bandit aux multiples facettes la pleine mesure de son talent.
Certains cinéphiles -Lourcelles en premier lieu- ont littéralement porté ce film aux nues, en faisant un des plus beaux de l’histoire du cinéma. Je n’irai pas jusque là parce quelques menues scories tel la truculence exagérée d’Eugene Iglesias qui joue le mari ou une fin quelque peu expédiée m’ont empêché de goûter pleinement cette néanmoins véritable pépite, pépite qui prouve une nouvelle fois la précieuse singularité d’Edgar Ulmer, cinéaste qui se révélait à la hauteur des plus grands lorsqu’il avait à sa disposition le minimum de moyens matériels ou dramatiques nécessaire à la réalisation d’un film.
Des scientifiques établissent le contact avec un extra-terrestre dont le vaisseau s’est écrasé en rase campagne.
The man from planet X est une série Z dont les acteurs impliqués et la mise en scène soignée arrivent à faire oublier le manque de moyens matériels. C’est même un beau film, à contre-courant de la production hollywoodienne d’alors. En effet, l’extraterrestre n’est ni angélisé ni diabolisé. Ses intentions resteront mystérieuses et il en résulte une sublime incertitude. The man from planet X ou comment ouvrir des perspectives immenses sur l’humanité à partir d’un vulgaire film de série.
Dans un château perdu d’Europe de l’Est, l’affrontement entre un homme qui a perdu sa femme et son épouse et le grand prêtre sataniste qui les lui a enlevées dix-huit ans plus tôt.
L’histoire est donc grotesque. Le symbolisme ne fait pas dans la dentelle. La mise en scène est hiératique voire un brin guindée, à l’image du jeu de Boris Karloff et Bela Lugosi, mais ce hiératisme crée une réelle beauté. Les séquences liturgiques notamment sont fascinantes. Edgar Ulmer était le poète du bizarre, des forces occultes et il a su tirer parti de son matériau en le prenant à bras le corps, sans ironie. Son style se retrouve aussi dans la photographie très contrastée. Il faut donc passer outre les défauts de la narration pour apprécier l’atmosphère ténébreuse et discrètement mélancolique tissée par le metteur en scène. Ce qui, compte tenu du fait que le film ne dure guère plus d’une heure, n’est pas très difficile.
Un homme aux ambitions démoniaques fait sortir un voleur de prisons pour combiner ses talents avec ceux d’un scientifique qui fait des recherches sur l’invisibilité…
Le récit, brassant fantastique, polar et péril atomique apparaît cousu de fil blanc mais il y a de belles choses, comme ce scientifique qui a été exploité par les nazis et qui l’est maintenant par le méchant. Il est marqué par la fatalité. Comme souvent chez Ulmer, les héros sont des personnes en marge de la société. Des désaxés à l’image du film lui-même, une série B de derrière les fagots produite avec un budget ridicule. La modicité des moyens n’empêche pas le film d’être honorable, la mélancolie juive présente en filigrane le sauvant de l’anonymat total.
Chasse au trésor dans les mers du sud. Film d’aventures médiocre. Les acteurs sont nuls. Il y a cependant une poignée de jolis plans qui insufflent à ce produit de série une touche que, par amour pour Ulmer, nous n’hésiterons pas à qualifier de panthéiste voire de cosmique.