L’amour en douce (Edouard Molinaro, 1985)

Un avocat infidèle donc plaqué par sa femme tombe amoureux d’une call-girl.

L’amour en douce est une comédie qui promettait grâce la singulière douceur de son ton et à son beau quatuor d’acteurs en tête desquels Jean-Pierre Marielle à contre-emploi et Emmanuelle Béart à 21 ans.

Pourtant, le film déçoit pour deux raisons:

  • un montage sec qui empêche les séquences de s’installer dans la durée. Ainsi, la visite chez la grand-mère qui transfigure la relation entre l’homme et la femme rappelle immanquablement Elle et lui mais le pusillanime Edouard Molinaro, au contraire du grand Leo McCarey, ne laisse pas à ses personnages le temps le temps de déployer leur profondeur émotionnelle et sa mise en scène reste imperméable à toute forme de grâce.
  • un récit dont les articulations font trop souvent fi de la justesse humaine; la moins invraisemblable n’étant pas la (non) réaction du personnage de Sophie Barjac après son viol. Ce manque de rigueur de l’écriture est contre-productif car l’absence de toute évolution morale du médiocre personnage principal empêche de se réjouir de sa bonne fortune alors que la mise en scène de la fin, façon grande comédie romantique hollywoodienne, nous y invite.

Pour 100 briques t’as plus rien (Edouard Molinaro, 1982)

Motivés par l’actualité, deux chômeurs braquent une banque.

C’est drôle, piquant, bien rythmé, les acteurs sont fort sympathiques et l’esprit anarchiste des séquences à la banque surprend agréablement avant que la fin n’enlève la réjouissante ambivalence qui les nimbait pour clairement faire pencher la balance vers une morale du genre « tout le monde est pourri, sachons en tirer parti ». C’est quand même pas mal du tout.

A gauche en sortant de l’ascenseur (Edouard Molinaro, 1988)

Le rendez-vous d’un peintre avec sa potentielle maîtresse est compromis par les scènes de ménage de ses voisins.

L’idée de Gérard Lauzier, qui a adapté sa propre pièce, est d’accumuler les situations créant des malentendus pour retarder le rencard du personnage de Pierre Richard. Affaire d’écriture autant que de mise en scène puisque c’est des interactions entre les personnages et le décor dans lequel ils évoluent que viennent la plupart des obstacles. Le burlesque vaudeville est brillamment agencé jusqu’à l’apparition du pistolet. Là, on sent l’artifice du narrateur pour relancer sa machine à bout de souffle. Les couleurs sont vives comme celle d’une bande dessinée belge et Edouard Molinaro filme le tout avec des mouvements d’appareil qui accélèrent le rythme. Emmanuelle Béart, alors jeune et mimi, passe l’intégralité du film en petite tenue. Bref, c’est sympa.

L’homme pressé (Edouard Molinaro, 1977)

Un marchand d’art toujours pressé se marie à une rivale en affaires.

Le vertige métaphysique du brillant roman de Paul Morand en prend un coup dans ce film produit par l’égocentrique Alain Delon (la fin où la jeune fille se précipite sur lui, Duchaussoy plus faire-valoir que jamais) et réalisé par le système de pilotage automatique Edouard Molinaro. L’adaptation cinématographique était certes difficile à envisager mais l’intrigue du livre a été respectée. A l’arrivée, on se retrouve avec une sorte de comédie dramatique souvent plaisante qui ne semble guère à la hauteur de son sujet mais qui a le mérite de filer vite, presque aussi vite que son héros.

Mon oncle Benjamin (Edouard Molinaro, 1969)

Peu de temps avant la Révolution française, les tribulations d’un médecin ripailleur jouisseur ridiculisant les nobles et courtisant une jolie vierge cloisonnée par son père.

Si Marilyn Monroe est la star américaine par excellence, Claude Jade est la plus pure incarnation de la beauté française. Elle n’a jamais eu vocation à faire la couverture des magazines en papier glacé, elle n’a rien d’une icône, c’est la parfaite fille d’à côté. Chez elle, l’élégance naturelle et les bonnes manières n’entravent jamais un soupçon de candeur provinciale. Que ce soit celui d’une fille ou d’un film, le charme est d’autant plus irrésistible qu’il ne s’explique pas. On pourrait lister les qualités de Claude Jade: les yeux clairs, la poitrine généreuse, la frimousse pimpante, la voix douce…,on n’aurait pas percé le secret de Claude Jade, cet érotisme à l’opposé des sophistications hollywoodiennes, discret mais franc, cette beauté simple, naturelle, quotidienne pourrait-on dire, quotidienne mais inépuisable.