A brighter summer day (Edward Yang, 1991)

En 1960 à Taïwan, des bandes d’adolescents à la dérive se battent…

Et ça dure 3h57. Malheureusement, la fresque ambitionnée déçoit à cause du volontarisme dédramatisant du style: l’abondance de plans éloignés, de hors-champs injustifiés, d’ellipses impromptues, de raccords abrupts, de plans sous-exposés (explicable par les fréquentes pénurie d’électricité à Taïwan dans les années 60) maintient une distance entre le spectateur et les évènements qui, parfois, vire à l’obscurité narrative. J’imagine bien combien un tel parti-pris devrait retranscrire la perte de repères d’une jeunesse déracinée; j’imagine mais je ne ressens guère. Vanité du cinéma dit « moderne ».

Mahjong (Edward Yang, 1996)

Une jeune Française arrivée à Taïwan pour rejoindre un homme avec qui elle a eu une liaison à Londres est prise en charge par des adolescents louches.

L’exposition, qui présente avec fraîcheur et vivacité de nombreux personnages et de multiples enjeux, est remarquable mais le récit se délite par la suite, faute d’unité et de focus. Le découpage visuel est à l’image du récit: l’abondance de plans larges dénote l’absence de mise d’accent accent dramatique. Mahjong s’avère en définitive un cruel constat moral sur Taïwan, constat dont l’amertume est adoucie par la grâce de Virginie Ledoyen, actrice alors sublime qu’on ne voit cependant pas assez souvent à l’image.