Un taulard s’évade pour empêcher un tueur en série de s’en prendre à sa fille.
Ça fait plaisir de voir qu’il existe encore un cinéma policier intéressant en France. J’entends par là: des polars ni infantilisants ni vulgaires ni prétentieux. Le convoyeur en 2004 avait tracé un sillon; Eric Valette le laboure dignement. Certes La proie est loin de se hisser à la hauteur du chef d’oeuvre de Nicolas Boukhrief car son ambition est moindre. Point de plongée au coeur d’une réalité sociale précise ici, on reste dans la pure convention. Le film a cependant deux mérites essentiels:
d’abord il est fort bien mené. Si le scénario contient quelques facilités, le rythme est suffisamment trépidant pour qu’on n’en garde pas rigueur à l’auteur. De plus, les séquences d’action sont impressionnantes et les acteurs convaincants malgré la faible épaisseur de leur rôle. Bref on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Ensuite, malgré les inévitables réminiscences du cinéma américain (on songe au Fugitif et à Un monde parfait), La proie se démarque de ses modèles parce qu’il est ancré dans un réel français. Ce réel influe sur le contenu du film. D’une part, l’intrigue s’inspire d’une partie de l’affaire Fourniret. A ceux qui trouveront le scénario aberrant, on conseillera de se reporter à la fiche Wikipedia du sinistre Sedanais pour se rappeler que la réalité dépasse la fiction.
D’autre part, l’inventivité d’Eric Valette est stimulée par la géographie et les espaces caractéristiques de son pays. De la course-poursuite à pied sur le périphérique parisien au final dans les Alpes-Maritimes en passant par les scènes dans ces nouvelles prisons qui ressemblent à des hôtels Formule 1, le metteur en scène exploite intelligemment chaque environnement tout en gardant les qualités de lisibilité et d’intensité qui sont les siennes.