Les nouveaux monstres (Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, 1977)

14 sketches se moquant de divers aspects de la société italienne.

Bien qu’écrit (par les célèbres Age et Scarpelli) et réalisé par des maîtres reconnus de la comédie, Les nouveaux monstres est, comme beaucoup de films à sketches, inégal. Tous les types de comique sont représentés, de celui de situation à la farce vulgaire à base de baffes et de destructions d’accessoires. C’est parfois ennuyeux, parfois très drôle et très bien senti. C’est très féroce et la satire n’est jamais timorée. Les auteurs ne connaissent aucun tabou, n’hésitant pas à aborder le terrorisme ou la pédophilie. Dans ce dernier cas, c’est fait sans le moindre racolage, sans la moindre provocation de bas étage mais avec une irrésistible mécanique comique. La virulence de l’ensemble n’empêche pas certains segments d’être véritablement émouvants. Je pense au film sur la maison de retraite. Pour une fois, les personnages ne sont pas, malgré les apparences, complètement pourris et les auteurs montrent combien la situation est complexe et inextricable. Enfin, dernier point à l’actif de ces Nouveaux monstres: la présence dans deux sketches de la jeune et superbissime Ornella Mutti.

Drame de la jalousie (Ettore Scola, 1970)

Un Italien est jugé pour un crime passionnel. Retour sur le passé d’un homme qui a tout abandonné -y compris le Parti communiste- pour les beaux yeux de Monica Vitti.

Une comédie féroce avec un mélange des tons typique du genre dans sa version italienne. Le film est inégal, on sent parfois les procédés, mais Mastroiani est épatant dans  son rôle d’homme plus que moyen entraîné par l’amour.

La nuit de Varennes (Ettore Scola, 1982)

Le récit de la tentative de fuite de Louis XVI, avec différents témoins, différents personnages.

Ce microcosme est évidemment censé symboliser la révolution. Le procédé est éculé mais plutôt bien utilisé. Les acteurs sont bons, Scola évite le côté « défilé de stars » malgré une distribution exceptionnelle (un film qui réunit Jean-Louis Barrault et Harvey Keitel, ça n’est pas rien) et le caractère polyphonique du récit évite un discours trop simpliste sur les évènements. Néanmoins, la mise en scène reste banale, les standards baroques réorchestrés par Armando Trovajoli peinent à lui donner un peu de poids. Pas désagréable mais loin d’être inoubliable.

La famille (Ettore Scola, 1987)

La chronique d’une famille bourgeoise italienne sur l’ensemble du XXème siècle…Ici, la grande histoire est moins importante que dans Nous nous sommes tant aimés ou La terrasse. La chronique s’étalant sur quatre-vingts ans, chaque évènement politique n’est pas regardé en profondeur et certains sont carrément éludés (les années de plomb). Ici, Scola s’intéresse d’abord aux sentiments de ses personnages, notamment ceux du patriarche joué par Vittorio Gassman. L’ampleur du récit permet de nous faire partager pleinement ses regrets et ses accomplissements sur le plan affectif.
L’amertume politique de La terrasse laisse place à une nostalgie sereine mais toujours lucide. Il faut voir par exemple les vacheries que s’envoient les personnages à la fin, fin qui aurait pu sombrer dans la guimauve si le film n’était écrit par des maîtres de la comédie à l’italienne (il n’y a pas Age mais il y a Scarpelli au scénario). La distribution est évidemment royale, comprenant nombre de collaborateurs fétiches du cinéaste.
L’abscence de ligne directrice apparente donne à La famille des allures de saga télévisuelle, certains aspects de la mise en scène apparaissent parfois un peu facile (ainsi de la photographie un peu jaunie) mais comment résister à la tranquille virtuosité des narrateurs, comment résister au charme nostalgique des ritournelles d’Armando Trovajoli, comment résister aux jolies Italiennes, comment résister à tout ce qui avait fait le succès d’un certain cinéma transalpin qui brillait alors de ses derniers feux ?