La mégère apprivoisée (Ferdinando Maria Poggioli, 1942)

Un riche américain épouse et mate l’irascible fille d’un tailleur…

En plus d’être une comédie concise, enlevée et pleine de gaieté, cette transposition moderne de Shakespeare étonne par son ancrage dans la réalité de son temps: c’est pendant un spectacle dans un abri anti-bombardement que la jeune femme entame sa soumission. Les grimaces de Lila Silvi, uniformément caricaturale, altèrent la grâce de l’ensemble.

L’homme à femmes (Ferdinando Maria Poggioli, 1944)

Deux vieilles filles couturières tombent en adoration devant leur neveu, beau jeune homme indolent venu s’installer chez elles…

Une pépite inattendue. Sous les dehors d’une comédie sous cloche comme en produisait à la chaîne le cinéma italien sous Mussolini, cette adaptation du roman Sorelle Materassi montre l’amour avec une cruauté digne de Josef Von Sternberg (sauf qu’ici, ce sont des femmes qui sont victimes d’un Adonis). Cette cruauté n’exclut pas l’empathie pathétique, sans jamais sombrer dans le mélo toutefois. La mise en scène est à la fois simple d’apparence et riche d’évocations au service d’une profonde acuité psychologique; voir par exemple l’ironie des inserts de statues d’éphèbes lorsque l’une des soeurs commente son voyage à Rome, le grotesque bunuelien de la scène de mariage ou les hurlements hors-champ dans le plan final.