Ferragus (Gaston Ravel, 1923)

Les membres d’une société secrète empêchent un jeune homme de compromettre la fille de leur chef.

Pour une fois, le talent cinématographique de Balzac s’est concrétisé à l’écran. Même si Gaston Ravel n’est pas un génie de la mise en scène, il est suffisamment habile dans son découpage pour insuffler mystère, pittoresque et dynamisme à ce qu’il montre. Le cinéma est l’art idéal pour retranscrire les fantasmes suscités par le regard, sujet profond (parmi d’autres) de Ferragus et, à ce niveau, Ravel s’en sort bien. René Navarre, premier interprète de Fantomas, est parfait dans le rôle éponyme. Arthur Bernède, l’adaptateur, a trahi le roman à plusieurs endroits. Présenter la société des XIII dès le début du film change profondément la logique de la narration mais, dans une visée « serialesque », c’est un choix qui se défend. En revanche, le nouveau dénouement est regrettable: le tragique balzacien est troqué contre la plus pure des niaiseries.

Des pieds et des mains (Gaston Ravel, 1915)

Un homme fait une cour désespérée à une femme du monde…

Seuls les mains et les pieds des personnages sont filmés. Ce volontarisme formel qui préfigure les travaux de l’avant-garde française aussi bien que ceux de Robert Bresson évacue la théâtralité latente de l’intrigue. Une certaine beauté plastique émane de ce ballet de mains et de pieds mais il n’y a que dans une poignée de séquences -celle de la voiture surtout- que le dispositif apparaît arbitraire. Intéressant.