A l’assaut du Fort Clark (War arrow, George Sherman, 1953)

Un officier propose à un commandant d’une garnison aux prises avec les Kiowas de s’allier aux Séminoles.

Petit western qui traite son sujet et ses personnages avec ce qu’il faut d’honnêteté intellectuelle (même si les Séminoles ne furent jamais utilisés par la cavalerie). L’assaut final est pas mal fait mais la romance entre Maureen O’Hara et Jeff Chandler reste conventionnelle.

Au mépris des lois (The battle at Apache Pass, George Sherman, 1952)

La fragile paix entre Cochise et la cavalerie est rompue par les affairistes de l’Est et par Geronimo.

Le parti-pris pro-indien de George Sherman ne souffre ici d’aucune timidité d’écriture: les guerres indiennes sont abordées avec une audace et une subtilité qui faisaient défaut aux pusillanimes Comanche et Comanche territory. Cochise est présenté avec dignité mais sans angélisme. Déroulé avec la concision propre à Sherman, le récit montre l’escalade de la violence dans toute son inéluctabilité tragique. Si Monument Valley n’est pas filmé avec le génie visuel de John Ford, le splendide paysage est restitué avec une relative ampleur et les scènes d’action, exploitant les trois dimensions de l’espace, sont mises en boîte avec un savoir-faire indéniable. Bref, The battle at Apache Pass est un bon western.

Duel dans la sierra (The last of the fast guns, George Sherman, 1958)

Noté dédiée à Dédé.

Un pistolero est engagé par un homme d’affaires pour retrouver son frère disparu au Mexique.

De vraies qualités de mise en scène (sens du paysage jamais vu chez George Sherman, décors insolites, hors-champ inattendu, économie du découpage, utilisation dramatisante du Cinémascope…) et des notations inattendues (sur la mélancolie des tueurs notamment) rehaussent l’intérêt d’une fable morale qui manque trop de rigueur dans sa structure et, surtout, d’épaisseur humaine dans son interprétation (Jock Mahoney n’a pas une once de l’expressivité de James Stewart dans ses rôles analogues chez Anthony Mann et Gilbert Roland n’a pas la riche ambiguïté d’Arthur Kennedy) pour être profondément crédible. Duel dans la Sierra n’en demeure pas moins, d’assez loin, le meilleur western de George Sherman parmi ceux que j’ai vus.

A l’abordage (Against all flags, George Sherman, 1952)

En 1700, un officier de Sa Majesté infiltre la république pirate de l’île de Madagascar.

Un Errol Flynn vieilli (prématurément par l’alcool), un Anthony Quinn cabotin, des décors peints qui sautent aux yeux et une histoire d’amour un peu poussive même si traitée sur le mode de la screwball comedy (Maureen O’Hara oblige)…A l’abordage n’est clairement pas un chef d’oeuvre du film de pirates mais il a suffisamment d’atouts -le superbe Technicolor de Russell Metty, le rythme impeccable et un joli final où les trois dimensions de l’espace sont exploitées par la mise en scène pour un maximum de spectacle- pour permettre de passer une sympathique soirée, façon « La dernière séance ».

Comanche (George Sherman, 1956)

Un éclaireur de la cavalerie va chez les comanches pour faire la paix.

Plaisante illustration de la convention westernienne agrémentée par une jolie chanson (une variation de You are my sunchine). Une scène se distingue: celle où les guerriers indiens surgissent en haut d’une crête, sur toute la largeur du plan en Cinémascope, avec des « hou-hou-hou » quasi-fantastiques en fond sonore. C’est assez fort. Le message pacifiste et anti-raciste du film reste soumis à l’idéologie américaine, ainsi qu’en témoigne le discours final du grand sachem qui est en gros une apologie du « salad bowl ».

Sur le territoire des Comanches (George Sherman, 1950)

Jim Bowie fait en sorte que les colons frontaliers respectent le traité de paix avec les Comanches, dont le territoire contient des mines d’argent.

Il ne faut pas se fier aux apparences: même si les Indiens ont un beau rôle et que les méchants sont blancs, le fait est que ce film prône l’exploitation des ressources en territoire indien par les Blancs. Pourvu que cette exploitation se fasse dans les termes fixés par le gouvernement américain. Cette petite hypocrisie n’est pas très grave en soi mais révélatrice de l’audace des auteurs: très limitée. De Comanche Territory, il ne faut pas attendre plus que ce qu’avaient à offrir des oeuvrettes de série B comme chaque studio en réalisait des dizaines chaque année. Sa petite originalité est qu’il commence comme une screwball comedy avec Maureen O’Hara qui en fait des tonnes en irascible pionnière. Il s’achève cependant de la façon la plus conventionnelle qui soit. Le rythme soutenu de la narration et la vision, toujours plaisante, de Monument Valley en Technicolor empêchent le spectateur de s’endormir devant ce western routinier au possible.

Bandits de grand chemin (Black Bart, George Sherman, 1948)

Un braqueur de diligences se sépare de son compère et commet ses forfaits masqué.

Western conventionnel et convenu sans grand intérêt. Les motivations du personnage principal, bandit mais gentil, restent floues. Sa romance, sous deux identités différentes, avec la danseuse Lola Montès enlève toute espèce d’embryon de crédibilité à cette médiocre série B.

Tomahawk (George Sherman, 1951)

Un trappeur essaie d’éviter une guerre entre les Sioux et un régiment de cavalerie encombré d’éléments bellicistes.

Tomahawk est un western de série Universal qui bénéficie d’une certaine originalité dans la mesure où, après La porte du diable et La flèche brisée, c’est un des premiers westerns parlants qui prend clairement parti pour les Indiens. Sous l’impulsion de la scénariste de gauche Silvia Richards, le massacre de Sand Creek est évoqué dans un film hollywoodien près de vingt ans avant Soldat bleu. Comme quoi les années 60 n’ont vraiment rien inventé de fondamental. Néanmoins, cette audace politique n’empêche pas la convention de régir le film par ailleurs. Si les rapports de force entre la cavalerie et les Indiens sont retranscrits d’une façon assez subtile, le manichéisme se retrouve dans la caractérisation du trappeur (le gentil très gentil) et du personnage d’Alex Nicol (le méchant très méchant). George Sherman ne fait pas preuve d’une grande imagination dans sa mise en scène. Voir pour s’en convaincre la façon guère plus qu’illustrative dont est découpée le meurtre décisif qui entraîne l’escalade belliciste. Heureusement, les verdoyants paysages du Dakota (censés figurer le Wyoming) sont jolis et on notera que l’importance des nuages dans le cadre dramatise un peu l’action. De plus, western de série Universal, Tomahawk a les qualités des westerns de série Universal; à savoir sécheresse du montage et concision de la narration. En somme, c’est un film honorable.