L’ange et la femme (Gilles Carle, 1977)

Un ange ressuscite une femme assassinée dans une forêt puis ils font l’amour.

Caricature de film d’art fantastico-poétique façon Philippe Garrel, saupoudré de pas mal d’érotisme (si vous décidez de voir ce navet, il faut le voir dans sa version non censurée qui contient une fellation non simulée de Carole Laure). La fumisterie de l’intrigue n’a d’égale que la prétention chichiteuse du style.

Les corps célestes (Gilles Carle, 1973)

A la fin des années 30, un bordel vient s’installer dans une ville minière.

Un des films de Gilles Carle où le mélange de comédie, de récit psychologique et d’entomologie s’avère assez convaincant. Peut-être grâce à la légèreté maintenue du ton et à des comédiens assez amusants (tels Jacques Dufilho et Donald Pilon). De plus, pour une fois, l’histoire est relativement structurée. En revanche, les allusions à l’actualité politique européenne ressortent vraiment du saupoudrage.

La mort d’un bûcheron (Gilles Carle, 1971)

Une jeune campagnarde part à Montréal pour enquêter sur la disparition de son père bûcheron.

Racontant à la fois le classique dévergondage d’une belle innocente qui rencontre des hommes médiocres à son arrivée dans la grande ville et une enquête qui se conclut par une évocation de la lutte des classes, La mort d’un bûcheron s’éparpille sans convaincre dans aucun des registres abordés, faute de la moindre rigueur dramatique. Des fois, je me suis dit que, au-delà de son récit hétéroclite, Gilles Carle était surtout intéressé par faire exister à l’écran une communauté de personnages loufoques et variés ainsi que par la mise en valeur de sa muse sublime (Carole Laure) mais, peut-être est-ce l’accent québécois, ses scènes de groupe sont pénibles et laborieuses. Reste Carole Laure.

La vraie nature de Bernadette (Gilles Carle, 1972)

La mère d’un enfant de deux ans part s’installer à la campagne, se donne à plusieurs paysans et rencontre un agriculteur endetté qui veut créer un syndicat.

Etonnant à plus d’un titre. Indéniablement, la narration de La vraie nature de Bernadette s’inscrit dans la tendance « moderne » du cinéma, de par ses ellipses et ses coq-à-l’âne mais elle n’en demeure pas moins profondément cohérente et articulée. Au gré de son récit, Gilles Carle alterne la farce, le pamphlet social, le pathétique, la satire et les fusillades de western. Malgré que ces changements ne paraissent pas arbitraires, il résulte quand même de la projection une sensation d’inabouti et de manque d’unité. Où l’auteur a t-il venu en venir? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, en tout cas après une seule vision. Pour radical qu’il soit, le propos politique n’est qu’esquissé. En revanche, il y a un vrai sens plastique: les images en Cinémascope de la campagne québécoise pendant l’été indien sont superbes et apportent un certain lyrisme.