Cinéma Paradiso (Giuseppe Tornatore, 1988)

Dans un village sicilien, un enfant se lie d’amitié avec le projectionniste.

Une belle idée de cinéma surnage dans un océan de platitudes: celle de la scène « des baisers ». Et encore, car cette idée avait déjà été matérialisée auparavant par Patrick Brion et Francis Lai, avec mille fois plus d’élégance. Car c’est en se vautrant dans la complaisance, la mièvrerie et parfois la vulgarité (cet abus de grand angle pour filmer les visages: n’est pas Leone qui veut) que Giuseppe Tornatore supplée au néant de la dramaturgie et à la faiblesse du récit, beaucoup trop délayé (mal m’en a pris de découvrir ce film dans son « director’s cut » puisque le « director » est un nul). Un cinéphile ne peut que se prendre à rêver à ce que Luigi Comencini aurait réalisé à partir d’un tel sujet.

The best offer (Giuseppe Tornatore, 2013)

Un commissaire-priseur misanthrope s’entiche d’une recluse souhaitant faire évaluer un riche patrimoine familial.

L’académisme maniériste de Tornatore s’est mué en splendide classicisme grâce à la finesse d’une narration qui prend son temps, à l’interprétation nuancée de Geoffrey Rush, à la fascinante beauté de Sylvia Hoeks et à une vertigineuse dernière partie qui transforme le suspense brinquebalant en romantisme infini. Les mouvements d’appareil virtuoses et les cadres amples sont toujours justifiés par le point de vue des personnages; l’éblouissement plastique est au diapason de l’action. Cette dilapidation formelle au service d’un récit sophistiqué où les retournements dévoilent les secrets des personnages fait de Giuseppe Tornatore un digne disciple de Sergio Leone d’autant que la musique de Ennio Morricone, en accord parfait avec les images, va parfois jusqu’à insuffler une dimension supplémentaire à ces dernières.

 

L’inconnue (Giuseppe Tornatore, 2006)

Une prostituée ukrainienne échappée des griffes de ses souteneurs se fait embaucher par une famille de bourgeois italiens.

Tornatore tente de revivifier le genre du mélodrame en le frottant à une réalité contemporaine. Le problème est que cette réalité est reconstituée uniquement par des clichés grossiers. L’hyperbole et les effets de manche du montage sont censés impressionner le spectateur.