Histoire inachevée (Unfinished business, Gregory La Cava, 1941)

Partie à New-York, une provinciale épouse le frère du play-boy qui l’a séduite dans le train…

Un canevas attendu et un dénouement aussi facile qu’artificiel n’empêchent pas cette comédie douce-amère, qui ne rechigne pas à tirer sur la corde sensible, d’intéresser grâce à la qualité de son interprétation et à la finesse de certains traits: l’empathie de Gregory La Cava pour les décadents mondains équilibre le moralisme de l’intrigue.

La fille de la cinquième avenue (Gregory La Cava, 1939)

Déprimé par sa famille qui a oublié son anniversaire, un PDG rencontre une jeune chômeuse à Central Park. Charmé et décidé à se venger des siens, il lui propose de vivre chez lui…

La fille sur la cinquième avenue est donc une comédie sociale à la Capra. Le personnage de Ginger Rogers a évidemment une importante dimension symbolique puisqu’il agit comme un détonateur au sein de la famille bourgeoise américaine. Néanmoins, les acteurs éminemment sympathiques et l’humour omniprésent donnent vie à la fable. Par ailleurs, l’évolution des personnages est relativement subtile (la famille n’est pas une bande de méchants), ce qui rend ce film nettement plus entraînant que My man Godfrey, autre célèbre comédie de La Cava dont les intentions étaient plus lourdes. Une réussite.

Pension d’artistes (Stage door, Gregory La Cava, 1937)

Chronique d’une pension de comédiennes.

Contrairement à d’autres réalisateurs de l’époque, Gregory La Cava n’a pas débuté au théâtre et pourtant ce film est très théâtral. Très écrit, Pension d’artistes repose sur ses dialogues plus que sur sa mise en scène peu dynamique. L’acuité du regard sur un large panel de femmes qui agitent leurs rancoeurs et leurs espoirs dans un espace clos rappelle George Cukor. D’autant que, de Katharine Hepburn à Ginger Rogers, l’interprétation est éblouissante. L’humour est acerbe, les nombreuses répliques cinglantes montrent la dureté du métier d’actrice. Ce qui n’empêche pas, ici et là, l’émergence d’une certaine tristesse. C’est du cinéma brillant mais calculé de bout en bout.

Gabriel over the white house (Gregory La Cava, 1933)

Après un accident de voiture, un président des Etats-Unis cynique se fait un devoir de sortir son pays de la crise et le monde de la course aux armements. Envers et contre toutes les diverses forces réactionnaires.
Gabriel over the white house est une extraordinaire politique-fiction. La première beauté du film est de faire apparaître les décisions politiques les plus folles comme évidentes. Rarement au cinéma croyance dans l’utopie aura été aussi manifeste. Le film est évidemment étroitement lié à son contexte historique puisqu’il est sorti quelques mois après l’accès de Roosevelt au poste suprême. Plusieurs péripéties de Gabriel over the white house ont eu des échos réels. Ainsi de l’armée pacifique des chômeurs qui est à mettre en parallèle avec la politique keynésienne des grands chantiers d’état. C’est comme si les auteurs avaient utilisé la fiction pour prodiguer leurs conseils à la nouvelle administration ! Le danger idéologique avec une oeuvre qui présente un homme providentiel et des solutions « pleines de bon sens » à tous les maux, c’est qu’elle peut verser dans le populisme à tendance fasciste. Heureusement, Gabriel over the white house contient en filigrane sa propre critique. Ainsi du panoramique sur la statue de la liberté au moment de l’exécution massive des gangsters. A ce moment, le risque d’éloignement des valeurs américaines d’un régime tel que présenté dans le film est évident.
Enfin, Gabriel over the white house est doté d’un sous-texte biblique d’autant plus beau qu’il reste suggéré. Cela enrichit l’oeuvre d’un caractère fantastique qui tend à la rendre définitivement inclassable.