Tout l’or du ciel (Pennies from Heaven, Herbert Ross, 1981)

Pendant la Grande dépression, un commis voyageur marié à une frigide tombe amoureux d’une institutrice.

Tombée dans l’oubli, cette audacieuse superproduction musicale préfigure les musicaux distanciés de Coppola (on croirait une production Americain Zoetrope d’autant qu’il y a Gordon Willis à la photo), d’Alain Resnais (puisque la principale originalité formelle d’On connaît la chanson est déjà présente ici) et de Lars Von Trier (la fin, évidemment). S’il n’atteint pas l’ampleur visuelle du premier (surtout Coup de coeur) et s’il est dénué de l’ironie du deuxième, il a la bête cruauté du dernier. Le littéralisme de la mise en scène (exemple: des sous qui tombent du ciel pendant la chanson éponyme) révèle le mépris des auteurs à l’endroit du genre qu’ils investissent. Le brechtisme s’avère prétexte à l’arbitraire de créateurs inaptes à reproduire la magie des numéros d’antan (le passage « Rose pourpre du Caire » où Steve Martin imite Fred Astaire est révélateur du savoir-faire perdu par Hollywood en trente ans) ou, tout simplement, à développer le récit; particulièrement dans la dernière partie, tare qui rend caduque la « critique sociale ». L’hypertrophie n’empêche pas le manque de relief. Cependant, tout n’est pas vanité dans cette oeuvre qui suscita l’ire du vieux Fred Astaire. En effet, l’accent mis sur l’union érotique et fantasmatique dans le couple donne une consistance inédite et juste au triangle amoureux. Bref, moins connu -et certes moins réussi- que les monuments décadents de Coppola, Cimino ou Forman, Pennies from Heaven est un parangon non moins ambitieux de cette tendance monstrueuse du Hollywood du début des années 80.

Potins de femmes (Steel magnolias, Herbert Ross, 1989)

C’est marrant ce qui peut nous attirer vers un film…
Je ne connaissais pas le titre français de ce Steel magnolias diffusé à la télé américaine mais une chronique sentimentalo-familiale qui se passe dans le Sud des Etats-Unis, avec plein de chouettes actrices dont Julia Roberts jeune, et une musique de Georges Delerue sont autant d’éléments qui ont concouru a éveiller mon intérêt. Las ! Pour une fois le titre français brille par sa pertinence! Le film est heureusement bien interprété, les actrices sont sympathiques (encore que Dolly Parton soit loin d’être une grande comédienne) mais la mise en scène de cette adaptation d’une pièce de théâtre est pauvre, très pauvre. Loin de moi l’idée de dénigrer le théâtre filmé au nom d’une vague « ambition cinématographique » que chaque film se devrait d’afficher ostensiblement pour gagner ses galons de chef d’oeuvre, mais encore faut-il que la dramaturgie soit à la hauteur. Or ici, les procédés sont trop convenus et leur utilisation trop redondante pour susciter l’adhésion. Le film avance par scènes. Ces scènes débutent par des conversations superficielles, généralement chez la coiffeuse, avant que la vérité d’une des personnages n’éclate, de façon physique souvent. L’écriture « sous- TennesseeWilliamsienne » est donc assez lourde. Enfin, même s’il y a malgré tout quelques jolies séquences grâce à la conviction des actrices (Sally Field surtout), la fin vulgairement lacrymale achève de ranger Steel magnolias dans la catégorie « film du dimanche après-midi pour M6 « . Dommage.