Mutilé par la guerre, un musicien prometteur part en Sibérie pour fuir la pianiste qu’il aime.
Même si le dénouement ne brille pas par sa subtilité (mais est assez irrésistible dans son lyrisme propagandiste), le propos est plus fin qu’il n’y paraît: ce n’est pas uniquement en rencontrant le peuple de Sibérie que le musicien trouve l’inspiration mais c’est aussi en méditant solitairement après un chagrin intime. Pour traiter un sujet pour le moins original, les auteurs font preuve d’un minimum de dialectique, entre le collectif et la psychologie individuelle -cette dernière n’est pas niée. Le Sovietcolor est plus beau, moins kitsch, dans les extérieurs que dans les intérieurs, pour restituer les paysages que pour filmer les chairs. La virtuosité d’Ivan Pyriev est aussi saisissante dans les plans-séquences chantants qui matérialisent la communauté que dans le montage à la Dovjenko qui accompagne l’oratorio final. Bref, Le Dit de la terre sibérienne est un beau mélodrame musical.