All is lost (J. C. Chandor, 2013)

Dans l’océan indien, un marin dont le bateau coule tente de survivre.

Attention, film à concept! Un seul acteur, quasiment pas de paroles, on suit le naufrage ainsi que la lutte désespérée du capitaine pour l’enrayer étapes par étapes. Premier problème: la maladresse d’un découpage et d’un montage inaptes à rendre sensible la durée des gestes. La suite d’images exprime alors une succession d’idées abstraites (Redford censé faire ceci, Redford censé faire cela) plus qu’une continuité dramatique correspondant à l’évolution de la situation. Ce montage introduit aussi des ellipses abusives qui truquent grossièrement les scènes censées être spectaculaires, telle celle où le bateau se retourne. Deuxième problème: le mauvais goût général avec une musique atroce et de très nombreux plans sous-marins qui ne servent strictement à rien si ce n’est à « faire joli » comme les fonds d’écran Windows peuvent « faire joli ». Pourtant, à la longue, All is lost finit par émouvoir. Sa deuxième partie, celle où Redford s’est réfugié sur le canot de survie, est un peu plus rigoureuse que la partie sur le bateau; peut-être parce que l’espace est alors plus petit donc plus facile à maîtriser pour le réalisateur. Au fur et à mesure que d’énormes cargos passent sans le voir, le drame du naufragé commence enfin à prendre de l’ampleur jusqu’à une fin qui contient plus d’idées de mise en scène que tout le reste du film et qui est pas loin d’être sublime.