Un jeune musicien vient s’installer chez un ami écrivain avant de s’amouracher d’une conductrice de taxi.
L’intrigue n’a pas grande importance. L’environnement parisien est réduit à des lumières de phare et des arrières-plans flous. Il y a peu de plans d’ensemble. Assez rapidement, la chronique socio-amicale tend vers l’abstraction d’une pure histoire d’amour. Alors, par de tout autres moyens, Jacques Bral retrouve quelque chose du romantisme urbain et désespéré du Carné de Quai des brumes. Si son lyrisme paraît parfois un peu fabriqué (la musique originale et entêtante mais hyper récurrente, certains dialogues sentencieux ou sursignifiants), il atteint à une sorte de vérité incandescente à force de filmer des personnages, excellemment interprétés, dont les réactions essentiellement instinctives défient l’analyse psychologique ou sociologique. C’est par exemple cette scène sublime où Cora, après que Léo lui a déclaré sa flamme, s’arrête en plein périphérique et sort de sa voiture.
Le magnétisme extraordinaire de Christine Boisson, sa sensualité légèrement androgyne, sa fébrilité et sa violence latente lui permettent d’incarner cette jeune conductrice de taxi aussi instable émotionnellement qu’opiniâtre dans la poursuite de son rêve avec une présence à même de provoquer la plus intense des fascinations. Christine Boisson dans Extérieur, nuit, c’est pour moi une révélation de l’acabit de Louise Brooks dans Loulou ou de Sandrine Bonnaire dans A nos amours. Une révélation qui pouvait laisser présager une bien plus grande carrière qu’elle n’a eue.