Une vieille fille américaine découvre le grand amour en la personne d’un chef d’orchestre italien lors d’un voyage en Autriche.
Pourquoi ce qui fonctionnait dans d’autres mélos du maître, à savoir la vérité et l’émotion qui naissent de situations de roman-photo, ne fonctionne plus du tout ici ? La première raison qui vient à l’esprit, c’est la médiocrité des acteurs mais celle-ci n’explique pas tout. D’abord, la qualité d’un comédien dépend aussi du metteur en scène qui le dirige; or June Allyson était parfaite dans les films conjugaux d’Anthony Mann. Ensuite, Rock Hudson était loin d’être la star du siècle mais cela n’empêche pas nombre de films dans lesquels il est apparu en vedette de figurer parmi les oeuvres majeures de Douglas Sirk.
Non, ce qui plombe gravement ce film, c’est l’absence de contexte social digne de ce nom. Alors que c’est la tension entre les aspirations individuelles et les convenances d’une société américaine finement mise en scène qui créait le déchirement émotionnel dans Demain est un autre jour ou Le mirage de la vie, la représentation de l’Autriche dans Les amants de Salzbourg ne dépasse jamais celle d’une carte postale. Salzbourg n’est là que pour permettre aux auteurs de débiter tous les clichés possibles et imaginables sur le romantisme allemand. L’émotion, c’est le mouvement, pour qu’il y ait mouvement, il faut qu’il y ait différence de potentiel donc tension. Ici, il n’y a même pas les sublimes aberrations du Secret magnifique qui permettaient à Sirk d’atteindre des sommets stylistiques. A la nullité de la dramaturgie répond donc celle de la mise en scène d’un film affreusement bavard et dénué de toute espèce de mouvement.
Bluette insipide et niaise, Les amants de Salzbourg est donc un authentique navet. Au cinéphile intéressé par un film qui ausculterait les sentiments d’une vieille fille américaine lors de son printemps dans une Europe de carte postale, on conseillera Vacances à Venise de David Lean, film autrement plus subtil.