Un nommé La Rocca (Jean Becker, 1961)

Un jeune homme s’impose dans le milieu pour aider un ami injustement accusé de meurtre.

De ponctuelles audaces stylistiques qui préfigurent Sergio Leone (gros plans de visage face caméra, légère dilatation temporelle, Belmondo qui court comme Tuco avec l’arrière-plan-flouté…) et l’intéressante évocation du déminage par les condamnés de droit commun n’empêchent pas l’ennui de s’installer tant le récit est incohérent et les personnages mal caractérisés dans leurs motivations. On imagine bien que les auteurs -José Giovanni a adapté un de ses romans- voulaient raconter une histoire d’amitié déçue. Elle est malheureusement trop mal étayée pour qu’on s’y intéresse une seule seconde.

Tendre voyou (Jean Becker, 1966)

Les aventures d’une grande gueule qui séduit les femmes.

L’incorrigible sans sa nécessaire deuxième partie. Un film réduit aux gesticulations et aux cris de Belmondo. Parce que les auteurs ne se donnent pas la peine d’y faire croire, notamment parce qu’ils conduisent leurs scènes sur un rythme uniformément hystérique, le spectateur ne croit pas une seule seconde à toutes ces femmes folles de ce personnage pas très beau, braillard et loser (les tentatives de burlesque, piteuses, ruinent toute cohérence narrative). C’est tellement invertébré qu’on se demande si ce n’est pas un coup de producteurs opportunistes ayant voulu régurgiter ce qu’ils croyaient avoir compris de la Nouvelle Vague: faire des films sans se fouler. Mais, à l’opposé de la liberté et de la fraîcheur des meilleurs films de Godard et Truffaut, Tendre voyou est un film aussi mal écrit que rance: tout à fait dénué de surprise ou d’invention, il se contente d’ânonner de vieilles recettes boulevardières avec un extraordinaire cynisme. Cela dure 1h30, ça semble en durer 3 tant ça n’a rigoureusement aucun intérêt dramatique, comique ou plastique.