Le train (John Frankenheimer, 1964)

Trois semaines avant la Libération de Paris, des cheminots se mobilisent pour empêcher qu’un train rempli de chefs d’oeuvre de la peinture française ne parte en Allemagne.

De grosses invraisemblances, quelques tirades philosophiques hors de propos et le manque de concision à certains endroits n’empêchent pas de regretter que cette célébration spectaculaire de la Résistance française ait dû attendre le bon vouloir de Hollywood pour avoir lieu. Avec ses multiples explosions, ses cadres parfaits, ses mouvements d’appareil élégants, son héros super opiniâtre et super fort (à cinquante ans, Burt Lancaster tenait à faire savoir qu’il n’avait pas perdu ses talents d’acrobate) et, surtout, son sens continu de l’action technicienne, le film de Frankenheimer n’a aucune justesse historique mais préfigure Piège de cristal avec 25 ans d’avance.

Le temps du châtiment (The young savages, John Frankenheimer, 1960)

Un procureur est chargé par son chef d’envoyer à la chaise électrique le fils de son ancienne fiancée qui a poignardé un jeune aveugle avec deux copains.

Un film démonstratif (mais nuancé) et un peu lourdaud dans son esthétique post-wellesienne mais assez bien mené pour ne pas ennuyer.

 

Les parachutistes arrivent (The gypsy moths, John Frankenheimer, 1969)

Trois parachutistes s’arrêtent deux jours dans une petite ville de province américaine pour leur spectacle itinérant…

Les héros sont désormais des gladiateurs pourvoyeurs de frissons à bon marché pour les bourgeois. Comme dans I walk the line, la vie provinciale américaine est représentée avec une grande sécheresse. John Frankenheimer réussit à filmer l’ennui de la petite ville sans être ennuyeux grâce à son récit mené par petites touches. Le caractère des protagonistes est plus suggéré qu’explicité mais le film n’est pas superficiel pour autant car l’ensemble des signes est cohérent et présente in fine de beaux personnages mélancoliques, résignés (la femme au foyer jouée par Deborah Kerr) ou secrètement romantiques (le parachutiste joué par Lancaster). Les acteurs sont excellents. Les scènes de parachute sont trop longues. Le film est beau, désenchanté et typique de son époque.

Critique plus développée ici.

L’opération diabolique (Seconds, John Frankenheimer, 1966)

Un quinquagénaire américain accepte l’offre d’une mystérieuse entreprise qui lui propose de changer complètement d’identité.

L’idée de base est originale et intéressante mais mal développée. Le manque de précision coule le film. Où est l’intérêt de l’entreprise là-dedans? Comment finance t-elle ces programmes très coûteux? Questions essentielles qui auraient nécessité une réponse pour rendre la fable crédible. En plus de ça, les auteurs ont intégré des séquences de paganisme longues et sans autre intérêt que de montrer des jeunes filles à poil.

John Frankenheimer a cru pouvoir compenser ces lacunes de la narration avec des affèteries de réalisation tel des séquences filmées depuis le menton des personnages. Evidemment, ce genre de bizarrerie tourne vite court. Quoique doté de qualités certaines (la musique stridente et mélodique de Jerry Goldsmith ou encore l’interprétation de Rock Hudson qui ceci-dit n’a pas grand-chose à jouer), Seconds, film roublard mais paresseux, est un exemple de plus de la fumisterie du cinéma libéral américain des années 60.

Le pays de la violence (I walk the line, John Frankenheimer, 1970)

Dans une petite ville du Tennessee, un shérif marié s’amourache de la fille d’un trafiquant d’alcool…
L’ambiance du sud américain est remarquablement captée. Le rythme du film épouse la langueur associée à cette région, la caméra est particulièrement attentive aux tronches typiques de hillbillies. La sensualité innée de la jeune Tuesday Weld qui réveille le désir du shérif contribue à une atmosphère de concupiscence larvée qui rappelle l’univers d’Erskine Caldwell tandis que la sécheresse du style de Frankenheimer renforce le caractère inéluctable de la descente aux enfers du héros. Tout le film est une mise en pièce progressive de ses illusions. Celui qui tente de sortir de son cadre de vie mortifère, celui qui « walks the line », en paye le prix fort. L’interprétation de Gregory Peck vieillissant insuffle une émotion qui empêche l’oeuvre de sombrer dans le pessimisme facile et cynique.
Scandé par la magnifique country de Johnny Cash qui donne un sens métaphysique aux images automnales du cinéaste, I walk the line est une tragédie âpre qui compte parmi les plus beaux films de John Frankenheimer.