L’aube rouge (John Milius, 1984)

La troisième guerre mondiale déclarée, les Russes envahissent le territoire américain et une poignée de lycéens s’en va résister dans les montagnes…

Épique et ahurissante parabole anti-rouge où John Milius projette ses fantasmes d’Amerloque parano sur les maquis de la Résistance. La sécheresse minimaliste -et un peu répétitive- du récit et la violente dureté de la mise en scène évitent cependant au film de sombrer dans la plus gluante des démagogies et assurent à la fin une dignité inattendue.

Graffiti party (Big Wednesday, John Milius, 1978)

De la fin de l’adolescence à l’âge adulte, des morceaux choisis de la vie de trois amis surfeurs californiens entre 1962 et 1974.

Big Wednesday est une très belle chronique sur la fin de la jeunesse et l’évolution de l’amitié par-delà les années. A commencer par les distributeurs « francophones » qui ont tantôt appelé le film Graffiti party tantôt American party -deux titres aussi cons l’un que l’autre-, on songe à Americain Graffiti. Au style superficiel et nostalgique de George Lucas s’oppose le style vigoureux et grandiose de John Milius. Ainsi, le cinéaste insuffle énormément de lyrisme à son histoire. La dernière séquence, où une partie de surf est mise en scène comme un baroud d’honneur, est carrément épique. Cela se traduit d’abord par la musique parfois martiale, parfois élégiaque et toujours somptueuse de Basil Poledouris. Cela se traduit aussi par un montage savant où la récurrence des images de vagues déferlantes agit comme un contrepoint cosmique aux états d’âme des personnages. Parce qu’elle va de pair avec une droiture jamais prise en défaut (le traitement du conflit vietnamien est ainsi exemplaire), l’emphase du traitement, loin de la rendre ridicule, sublime véritablement cette histoire d’amitié et de jeunesse enfuie.

Le lion et le vent (John Milius, 1975)

Au Maroc en 1904, un chef arabe kidnappe une famille de riches Américains…

Les intentions nobles, épiques et héroïques de John Milius sont visibles mais leur traduction à l’écran manque un peu de naturel. Le film semble avoir été pensé par le verbe plus que par l’image et le mouvement: qu’elles aient lieu dans le désert ou dans les ambassades, bon nombre de scènes sont des dialogues théoriques à deux personnages sur la guerre, l’Islam et l’Occident. Les péripéties de l’action sont, elles, assez conventionnelles. De plus, Sean Connery en chef arabe n’est guère crédible. Ce manque d’enracinement des idées de l’auteur dans la réalité -autrement dit ce défaut de mise en scène- fait du Lion et le vent un film assez superficiel quoique divertissant: cela reste un agréable film d’aventures.