Sept secondes en enfer (Hour of the gun, John Sturges, 1967)

Après l’assassinat de ses frères par les hommes de Clanton, le marshall Wyatt Earp se venge…

Nettement moins célèbre que Règlements de compte à O.K Corral, cette suite est pourtant largement supérieure à l’original sorti en 1957 qui était conventionnel, psychologisant et encombré par les numéros de stars. John Sturges se montre ici beaucoup plus sec. L’influence du western italien (prégnante aussi dans la musique de Jerry Goldmith) rallonge la durée des duels -et la tension s’en trouve augmentée- mais dans l’ensemble, Sept secondes en enfer est un film dégraissé: dense et elliptique.

Aucune intrigue sentimentale ne vient parasiter le scénario qui, c’est pour le moins original, oppose deux lois: la loi fédérale représentée par le U.S marshall Wyatt Earp et la loi locale puisque Clanton est soutenu par le shérif de Tombstone. Chacun des deux clans est attaché au respect du droit et fait attention à ne pas être accusé de meurtre même s’il est évident que le voleur de bétail Clanton ne recherche qu’une couverture facile tandis que Earp a, au départ du moins, de réelles convictions légalistes. Ce qui est intéressant, c’est que ces convictions s’effritent au fur et à mesure que le film avance, au fur et à mesure des assassinats ou mutilations de ses frères. Sept secondes en enfer prend alors des allures très sombres de film de vengeance.

L’intense sobriété du jeu de James Garner et de Jason Robards, merveilleux Doc Holliday, permet à John Sturges, lors des scènes d’affrontement entre les deux amis, d’atteindre une force tragique à laquelle ses westerns ont souvent prétendu mais qu’ils n’avaient que rarement atteinte (une exception cependant: Le trésor du pendu).

Quelques moments plus platement conventionnels (le vol de bétail) que le reste n’altèrent pas la violente âpreté de ce qui demeure un des bons westerns américains des années 60. Ceux-ci sont assez rares pour être signalés.

Coup de fouet en retour (Backlash, John Sturges, 1956)

Un homme enquête sur la mort de son père disparu dans une embuscade apache alors qu’il ramenait un magot avec cinq collègues.

Coup de fouet en retour est un western à l’intrigue dense et oedipienne. Les intentions intellectuallisantes sont donc là mais, malgré un scénario signé Borden Chase qui a écrit entre autres merveilles Les affameurs, Je suis un aventurier et L’appât, le film est loin d’avoir l’évidence et la fluidité des westerns qu’Anthony Mann réalisait pour le même studio à la même époque. La mise en scène de John Sturges est carrée mais dénuée d’inspiration. Une force du cinéma d’Anthony Mann, c’était le génie du cadrage. L’homme était capable d’imposer une situation dramatique en un plan tout en magnifiant ses décors naturels. Ici, on se contente de suivre le déroulement routinier d’un script conventionnel jusque dans son coup de théâtre. Heureusement, l’interprétation expressive de Richard Widmark donne une certaine épaisseur à un héros dont les questionnements et autres dilemmes apparaissent cousus de fil blanc.
Bref, Coup de fouet en retour est un film assez plaisant mais oubliable.

Le dernier train de Gun Hill (John Sturges, 1959)

Un shérif veut venger sa femme violée et assassinée. Problème: le coupable semble être le fils de son ami de jeunesse devenu le plus gros éleveur de la région.

Comme le montre l’argument dramatique, il s’agit d’un western qui se veut tragique. C’était la tendance en cette fin des années 50. La question est de savoir si l’exécution suit les intentions. Il se trouve que non. Ok, Le dernier train de Gun Hill est ce que l’on appelle couramment un « film de bonne facture ». Le face-à-face entre Kirk Douglas et Anthony Quinn vaut le coup d’oeil, la mise en scène est soignée, le film se suit agréablement. Bref, ce n’est pas mauvais du tout (par exemple, c’est nettement mieux que Les Sept mercenaires ou Règlements de compte à O.K Corral).

Seulement, si la mise en scène est soignée, elle est aussi essentiellement illustrative. Il faut voir par exemple la façon dont sont réalisées les fusillades dans l’hôtel, la façon attendue dont Kirk Douglas abat les méchants. Il y a ici quelque chose d’indubitable, de profondément mécanique du fait d’une convention jamais dépassée ni creusée. Comparer ces séquences à celles analogues mises en scène à la même époque par Anthony Mann pour se rendre compte ce qui sépare un artisan méritant mais sans inspiration d’un maître classique qui donne une substance inédite aux passages obligés du genre. De plus, la narration aurait gagnée à être épurée, dégraissée des ornements psychologiques et des intrigues secondaires qui ne font que diluer l’intensité tragique du drame dans des scènes de parlotte sans intérêt.